Médiapart
La contradiction terrible au Moyen Orient
Ce qui se passe au Moyen–Orient est politiquement et humainement terrible, non seulement actuellement et là-bas mais aussi pour le futur et ailleurs. Car on est en présence d’une double contradiction. La première tient à deux causes politiques, qui sont aussi deux partis-pris. La première est celle de la causalité qui implique la responsabilité guerrière du Hamas, lequel a engagé une lutte meurtrière, inadmissible en tant que meurtrière, pour sauver « sa » bande de Gaza, sauf que celle-ci constituait une partie de la Palestine envahie par Israël. D’où l’autre aspect de la contradiction sur ce même terrain de la causalité : l’envahissement de cette terre par une nation, Israël donc, qui applique une politique coloniale depuis longtemps, condamnée par l’ONU et les accords d’Oslo de 1993 , mais jamais appliqués depuis par l’Occident tant celui-ci, dominé par l’impérialisme américain, est indifférent, sinon hostile à ce qui se passe dans les pays où l’islam est dominant. Or Israël a bien envahi des territoires qui n’étaient pas les siens mais ceux de la Palestine, comme Gaza mais aussi une partie de la Cisjordanie
D’où l’autre contradiction, dont on pensait qu’elle ne pouvait pas surgir ou resurgir. Celle non économique ou politique précédente, mais impliquant la montée d’un nationalisme religieux qui fait que chaque nation se dote d’une identité à la fois réelle et imaginaire (on est dans le registre des croyances et de leurs illusions) liée à une religion : islamique dans un cas, judaïque dans l’autre. Or cette identité, outre qu’elle est illusoire au sens freudien de ce terme - elle s‘enracine dans des désirs humains conditionnés par l’histoire et l’ignorance passée des sciences - est considérablement sectaire, hostile aux autres identités au point d’aspirer à les détruire. L’histoire humaine n’a-t- elle pas été meurtrie par des conflits de ce type, à commencer par ceux du christianisme à la fin du Moyen-Âge ? Et si l’islam joue un rôle politique néfaste aujourd’hui, c’est aussi au nom de son Dieu et non au titre de la seule Palestine (entre autres) dont la cause nationale est légitime. Inversement, Israël abuse de son identité religieuse pour séduire son peuple, l’impliquer existentiellement autant que fanatiquement, et masquer le rôle de ses intérêts économiques (soutenus par les Etats-Unis) avec leur dimension coloniale. C’est ainsi qu’un conflit socio-politique est surdéterminé dangereusement par une conflictualité religieuse qui est insupportable : quand le religieux se greffe sur le politique, il en aggrave terriblement les dangers potentiels.
Conclusion de ce bref billet : en dehors de la conscience exacte de ce qui se passe dans cette région et de ses risques d’extension mondiale, il nous faut absolument réfléchir à nouveaux frais au nationalisme et au rôle néfaste des religions !
Yvon Quiniou