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Billet de blog 15 juin 2022

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Toulouse n'est plus sur la Méditerranée

Un reportage de notre envoyé spécial sur place à Toulouse.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Capture d'écran Google Maps

Drôle de sensation dimanche dernier au réveil pour les toulousains : les habitants de la ville rose ont en effet eu la désagréable surprise de constater que la Méditerranée, leur mer chérie, qui bordait la ville depuis des temps immémoriaux, avait purement et simplement disparu du paysage !

Ce n’est qu’un peu plus tard au cours de la même journée que de plus amples investigations menées par la police nationale ont permis de la retrouver, à plus de 150 kilomètres à l'est de son emplacement habituel.

Pour cette ville portuaire, vivant essentiellement du commerce maritime avec l’extérieur, de la pêche professionnelle, et du tourisme de plage, le coup est extrêmement rude.

Depuis, les équipes de la police scientifique sont parvenues à démontrer que ce n’était pas la Méditerranée qui s’était retirée, comme on le croyait initialement, mais bien la ville elle-même qui avait été éloignée et déplacée sur près de deux cents kilomètres dans l’intérieur des terres.

Chez la population, la sidération est grande, et on se demande qui a bien pu commettre un tel méfait, et dans quel but. On s’étonne en outre des moyens colossaux que cela a dû nécessiter, avec l’exploit formidable, il faut bien le reconnaître, d’avoir réussi à le faire sans que personne ne s’en rende compte.

Certains esprits avisés rappellent cependant à qui veut bien l’entendre qu’au cours de l’histoire récente, des cas similaires s’étaient déjà produits à différents endroits dans le monde :

- En 1967, les villes de Berlin et Los Angeles, pourtant distantes de plusieurs milliers de kilomètres, s’étaient rapprochées par un phénomène inconnu nommé « jumelage ».   

- Durant l’été 1983 dans l’Oregon, on a fait état d’une ville qui se serait déplacée de manière furtive tous les deux ou trois jours, sillonnant la région avant de s’en aller définitivement. (Il pourrait en fait s’agir d’un cirque itinérant).

- Plus près de chez nous, la ville de Nantes semble faire périodiquement des allers-retours entre Bretagne et Pays de la Loire.

- En outre, c’est un fait désormais bien établi que Madagascar s’éloigne du continent africain, par une mystérieuse force dite « tectonique ».

Afin de faire face à ce drame terrible, les habitants d’abord démunis ne sont pas restés les bras croisés. La pétition « pour remettre Toulouse au bord de la Méditerranée » mise en ligne par un collectif de riverains a déjà recueilli près de 250 000 signatures en 24 heures. Une levée de fonds par crowdfunding a également été annoncée en prévision des frais de réparation à venir.

Les pouvoirs publics ne sont pas en reste, et ont fait montre d’une mobilisation extraordinaire. Pour preuve, les termes de « fermeté », de « solidarité », et même d’« exemplarité des mesures » ont pu clairement être entendus à l'occasion d'un vibrant discours prononcé par Monsieur le Maire. C’est dire si on prend le sujet avec le plus haut degré de sérieux.

Contactées par nos soins, les compagnies d’assurances ont répondu que le « déplacement de ville par un tiers sans effraction » n’était actuellement couvert par aucune police d'assurance, n’étant d’ailleurs pas considéré comme un sinistre.  Mais, s’empressent-elle d’ajouter, elles vont s’empresser de l’ajouter aux futurs contrats, moyennant, cela va de soi, une hausse des tarifs.

À l'heure actuelle, les plus hautes instances scientifiques du pays réfléchissent à un moyen de faire revenir la mer à Toulouse. Si certains pensent que cela se fera naturellement grâce au réchauffement climatique et à la montée des eaux, d’autres moins patients ou plus sceptiques cherchent un moyen de rapprocher la lune de la Terre afin d’augmenter l’effet des marées et d’élever leurs coefficients. D’autres encore envisagent carrément de pomper la Méditerranée de sa position actuelle jusqu’à Toulouse pour accélérer le processus. Le professeur Raoult, quant à lui, avance avec certitude que l’utilisation de la chloroquine à haute dose serait la seule solution.

D’autres enfin comme mon beau-frère, qui, après avoir tapé de la main contre les fondations de la ville d’un air concentré, a déclaré « ça, c’est un mur porteur », estiment que bien fâchés, en s’y mettant à plusieurs, on pourrait simplement re-déplacer Toulouse à la force des bras jusqu’à la Méditerranée. C’est une idée qui, mine de rien, a fait son petit bonhomme de chemin dans les PMU et autres Bar des Sports de la ville.

En attendant, il faut se faire une raison : Nous ne ramasserons plus les coquillages au bord du périphérique de Toulouse. Nous n’irons plus nous baigner sur la plage du Capitole, ni pêcher autour de la Basilique Saint-Sernin. Nous n’entendrons plus le clapotis des vagues contre les quais Henri-Martin, ou le cri des mouettes autour de la Cité de l’Espace.

Triste époque que celle que nous vivons, où des populations peuvent se voir séparées de leur mer en l'espace d'une nuit.

C’était Zantrop en direct de Toulouse, à vous les studios. 

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