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Billet de blog 13 février 2023

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Vous avez dit blasée ?

La dernière fois que mon fils est venu en France (il habite en Colombie), c’était en décembre 2019. Un peu plus de trois ans donc, et nous en sommes toujours au même point, alors ce coup-ci, je n’ai pas trop insisté pour qu’on aille en manif.

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Mais quand est-ce que tous ces assoiffés de pouvoir, les présidents, les patrons, les riches, vont arrêter de nous faire perdre notre temps à nous battre contre leurs délires oppressifs, compressifs, dépressifs ?  J’ai commencé à travailler il y a 45 ans et je n’avais pas encore 20 ans quand la retraite est passée à 60 ans. Je me disais que je pourrais tenir jusque là et que normalement, avec le sens de l’Histoire, je pouvais même espérer en avoir fini à 58, voire à 55 ans. Au lieu de cela, j’ai vu passer huit réformes des régimes de retraite pour arriver au vieil âge de mes artères et devoir attendre deux ans de plus que ce qui était prévu au départ de ma vie professionnelle et ce, malgré mes 180 trimestres acquis. C’est rageant.

Cette année, je n’ai pas réussi une seule fois à faire le déplacement jusqu’à Rennes (70 km aller-retour) pour aller hurler encore contre ce Macron de malheur et ses réformes à tout prix. J’en ai marre, ça me fatigue, je ne crois plus à ces luttes dans la rue, avec les lacrymos, les gilets orange, les ballons rouges et la sono qui crache du HK à n’en plus pouvoir. Bien sûr que je suis fière de vous toutes et tous qui y arrivez encore, mais je n’y crois plus, pas plus qu’aux actions des énervés qui pètent les vitrines ou marchent sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail. Ce n’est certainement pas ça qui fera avancer le schmilblick.

Alors, vous avez dit blasée ? Ouais, plutôt. J’aurais tellement aimé qu’il en soit autrement. Qu’on élise un autre président, et même qu’il n’y en ait plus du tout. Que le pays connaisse une nouvelle histoire et non plus l’inlassable litanie du chacun pour soi, du toujours moins pour les autres tant qu’il reste des miettes à grignoter sous le regard des plus malheureux, des plus pauvres ou des plus démunis que soi. Quand je ne vais pas manifester, je me déculpabilise en pensant à toutes celles et ceux qui n’étaient pas dans la rue, avec nous, quand on voyait déjà arriver cet avenir peu radieux. Cet avenir de misères, cet avenir de croissantes injustices, cet avenir de merde pour faire court.

Aujourd’hui, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer et les lacrymos n’y sont pour rien. Si nous pleurons, c’est faute d’avoir été assez nombreux pour sauver ce qui pouvait l’être lorsqu’il était encore temps. Ça ne date pas d’il y a trois ans, mais au fil des années la situation empire et nous ne sommes plus que capables de supplier pour qu’ils ne nous la foutent pas à 64 ans ! Quelle misère ! Il n’y a que ça pour faire descendre deux millions d’esclaves dans les rues ? Esclaves du travail, esclaves des bas salaires, esclaves du minimum social, du minimum vital, esclaves de ce monde de merde ! Fallait se réveiller avant, les gens ! Fallait être là, dans la rue, quand Macron a commencé ses exactions contre la population dès 2016 avec la loi Travail. Fallait pas voter pour ce monstre destructeur, fallait pas laisser passer !

Maintenant on paye et l’addition n’a pas fini de se rallonger.

Illustration 1
Rennes, décembre 2019 © zazaz

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