J’avais terminé la campagne des dernières législatives un peu dépitée et depuis, c’était la loose, faut bien le dire. J’y avais presque cru. J’avais collé des dizaines d’affiches, distribué des centaines de tracts, causé avec plein de gens pendant les porte-à-porte dans les bleds autour de chez moi, on s’était vraiment donné du mal, alors ouais, la loose.
Malgré tout, ça faisait plaisir de voir les trublions de la gauche à l’Assemblée, ils étaient beaucoup en plus, mais personnellement, je trouve qu’ils ont trop foutu le binz avec les retraites. Je dis pas, c’est une manière de faire, mais j’aurais pas fait comme ça. Bon, passons, et puis y’avait du monde dans la rue. Je n’y étais pas, je n’y arrivais plus, et je savais que ça se terminerai comme ça, encore la loose.
Après, j’ai encore eu le Covid, et ses séquelles, et puis la peste brune se répandait, avec les télés qui servaient la soupe et la radio, c’était pas mieux. Il restait bien un peu de presse papier ou en ligne, mais même Mediapart, j’avais du mal tellement ils font que de raconter toutes les horreurs qui se passent depuis qu’on est en Macronie. Et je ne parle pas des guerres parce que bon, c’est plus de la loose là.
Et puis voilà ti pas que le président s’ennuyait. Il avait tenté un coup avec son tout jeune 1er Ministre, mais ça ne lui suffisait pas. Pas assez jouissif, pas assez disruptif, trop timide. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ce matin, mon cerveau a opéré un rapprochement entre Macron et DSK. J’ai toujours soutenu l’idée de l’acte manqué pour l’affaire DSK, et là, ça me fait le même effet. Le mec a tout tenté, il a eu toutes les audaces, mais ses vices ne lui suffisent plus, il lui faut un geste fort, l’acte manqué qui fera tout péter !
Je ne sais même plus combien de jours ont passés depuis la dissolution. Huit, 15 ? Trois semaines ? Mais non, ça ne fait bien que huit jours qu’on vit un feuilleton délirant. Un de ces moments où on a le droit de se dire que c’est historique, genre 21 avril 2002, 10 mai 1981 ou le Front populaire de l’année 1936. Nous sommes donc en 2024 et le moment est historique. À deux doigts d’atteindre la majorité absolue à l’Assemblée, le parti d’extrême droite, fondé par des collabos responsables d’innombrables exactions, voudrait nous en imposer de nouvelles. Discriminatoires, sociales, politiques, et tout ce qui pourrait nous faire taire, nous faire craindre, nous achever.
Mais le moment est historique. C’est le moment où on a relevé la tête et où tout le monde s’y est mis. Quitte à faire des alliances, ou tout du moins à donner du soutien à son pire ennemi, tout est devenu possible. La retraite à 60 ans, le Smic à 1600€ nets, l’école vraiment gratuite (cantine scolaire, fournitures, transports, activités périscolaires…), l’indexation des salaires et des pensions sur l’inflation, l’abolition des privilèges des milliardaires, le retour des services publics… (voilà le programme !)
Et donc, Mbappé, Thuram, Glucksmann, Jospin, Cohn-Bendit, Hidalgo, et même l’Union communiste libertaire (UCL), et tant d’autres soutiennent désormais le Nouveau front populaire (nouveau parce qu’Onfray s’est déjà approprié la marque). Heureusement, Valls a renoncé, c’était au-dessus de ses forces, et du coup, il attend un coup de fil.

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C’est impossible de faire la liste, de Poutou à Hollande, en passant par Guedj, de tous ceux qui trouvent une bonne raison pour se présenter à la députation avec le fameux blason (ou presque). C’est pas grave, plus on est de dingues, plus ça va exploser à l’Assemblée, et moi, j’aime bien quand ça explose. J’adore imaginer Hollande en train de voter toutes ces lois qui feraient qu’on vivrait mieux, qu’on travaillerait moins, et que les riches paieraient pour tout ça. On sortirait de la loose et plus ça leur coûterait cher, meilleur ça serait !

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Mais oui, qu’est-ce que ça me fait du bien tout ça ! Pas vous ? Vous n’y croyez pas ? Allez, allez, voyez, même moi j’y retourne à soutenir la candidate et sa suppléante dans ma circo. Comme j’ai un peu de mal à me déplacer trop longtemps, je ne fais plus de porte-à-porte, mais j’œuvre en coulisses et je me marre. Je savoure. Merci. Oui, vraiment, merci à tous qu’on se relance dans la bataille et qu’on leur foute la branlée de leur vie. Surtout à Macron, mais aussi à Attal, et puis Bergé, Braun-Pivet et bien sûr Moretti. Bon, pour Darmanin, c’est un spécial kissss que je vous fais !
Allez, comme dab’, on lâche rien, ça va déchirer, on les aura, parce qu’à la fin, c’est nous qu’on va gagner, comme en 36 ! Go !

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