Le problème, c’est que dès qu’on a franchi le pas, c’est déjà trop tard et c’est sûr, ça recommencera. Je ne vais pas vous apprendre que ce sont plus souvent les hommes qui tapent sur la gueule des femmes que le contraire, mais là, le vent a tourné et il n’y a plus rien qui passe. #Metoo a été salvateur, même s’il y a encore du boulot.
Comme je n’ai pas l’esprit aussi acéré que bon nombre de femmes, j’ai failli, moi aussi, me laisser prendre par le « Oh, ça va, c’est qu’une baffe ! ». Même si ce n’est pas formulé exactement comme cela, chacun, chacune peut se souvenir d’une vive altercation dans une histoire d’amour. D’ailleurs, c’était bien une histoire d’amour, non ? Je vous rassure, je me suis vite ressaisie, parce que ouais, y’en a vraiment marre maintenant !
Ce n’est pas l’amour ou le désamour qui mènent à la violence, c’est le pouvoir, et malheureusement, Adrien Quatennens n’a pas échappé à la règle. Dans sa « déclaration officielle », il répond à tous les stéréotypes du violent qui n’a rien compris. La gifle ? Ça ne s’est jamais reproduit et puis il s’est beaucoup excusé. Un an plus tard, il a saisi le poignet de sa femme, mais c’était dans « un contexte de rupture de communication ». Il a voulu lui prendre son portable, mais elle lui a sauté dessus et s’est cognée le coude toute seule en tombant. Il a tellement de mal à accepter qu’elle le quitte, qu’il lui a envoyé trop de messages, ça serait pas mal de les récupérer… Et puis aussi, leur enfant n’a que trois ans, eux se sont connus durant leurs études… Sortez les violons !
Le passage qui m’a vraiment mise en colère, c’est le coup de l’homme non violent, car je le connais par cœur, c’est tellement banal. Le mec qui t’étale tout le soutien qu’il porte à la cause des femmes après avoir justifié tout ce qu’il n’a pas respecté de cette cause. Il ne connaît pas le contenu de la main courante que sa femme a déposée, alors il imagine. Il croit que le pire, c’était la baffe, alors il avoue. Ou alors, c’est quand elle s’est cognée toute seule en tombant, va savoir, elle a pu dire tellement de trucs. Quand il a gueulé très fort avec sa puissante voix de tribun politique… Ça n’a pas de valeur, ça, juridiquement, alors il n’en a pas parlé. Il ne pouvait pas se rendre compte de ce qu’on peut ressentir face à un homme de sa taille et de sa carrure qui menace, qui crie, qui tente de récupérer un téléphone… et puis la môme qui pleure. Ça dure au moins un an, mais il n’est pas un homme violent et ce qu’il souhaite avant tout, c’est protéger le mouvement, son épouse et leur enfant (dans l’ordre !).
Alors oui, ça commence à bien faire ces mecs qui se croient tout permis au nom de leur bite et que quelques excuses suffiront à amadouer leurs victimes. En famille, au boulot, au parti ou dans les ministères, il est temps que plus rien ne passe, qu’aucune excuse ne soit valable. Il va bien falloir qu’ils se mettent ça dans le crâne, une fois pour toutes, l’impunité, c’est terminé.
Et nous, on lâche rien !
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