Je me demande combien de temps vont encore durer toutes ces petites polémiques dont se gargarisent les professionnels médiatiques, que l’on nommait autrefois journalistes ou éditorialistes. Ceux-là ont vieilli et s’occupent désormais comme ils peuvent en intervenant à la télévision comme « expert », en écrivant des bouquins ou plus simplement, en balançant des petites phrases assassines sur leurs réseaux préférés.
C’est un mystère pour moi. Comment ce glissement a-t-il eu lieu ? Quand ? L’avènement des réseaux sociaux est-il un déclencheur, après le passage plus ou moins bien négocié à l’ère d’Internet ? Une frustration ? Un besoin de se lâcher à l’instar d’une nouvelle génération sans complexe ? L’invective, l’insulte, le mépris, le harcèlement, sont désormais de mise, mais je ne m’y fais pas et je n’ai de cesse de me demander pourquoi les médias, dans leur grande majorité, ne font plus que le show ? D’où vient cette propension à buzzer plutôt qu’à élever le niveau ?
Faire état des discriminations, relater des conditions de travail des plus à plaindre, relayer les luttes de-ci de-là, dévoiler des scandales politiques et économiques… C’est bien tout cela, mais à un moment, faudrait arrêter de cracher dans la soupe de ceux qui tentent une autre approche politique, car ce monde de dingues ne peut pas durer et il ne suffit pas de le dire, il faut faire en sorte que les choses changent. Pour de vrai.
Quand un mouvement politique propose une refonte générale de nos institutions pour une meilleure représentativité, une nouvelle répartition du bénéfice des richesses produites, une réelle égalité salariale et de responsabilités entre les femmes et les hommes, un revenu pour les jeunes afin de poursuivre des études, la réduction du temps de travail pour un partage mieux équilibré, une planification écologique des secteurs structurels : énergies, construction, transports, agriculture… Quand un mouvement met tout cela sur le tapis, il y a lieu de s’y intéresser, plutôt que de le mépriser, il me semble.
Outre tous les scandales politico-financiers qu’on se trimballe en ce moment, il existe mille raisons de ne pas se laisser aller à jouer les petites phrases contre un projet pour une autre société. Il n’est plus ce temps où un enfant sur cinq se faisait violer dans un silence assourdissant, avec la complicité de toute l’Institution. Il n’est plus ce temps où d’avoir toléré cela si longtemps, les femmes se faisaient humilier, battre et tuer. Il n’est plus ce temps où les soumissions des enfants, des femmes et des hommes les poursuivaient au travail, dans la rue, au quotidien, comme une fatalité. Il est temps de changer de temps.
Redescendez sur Terre, Mesdames et Messieurs, les diffuseurs de paroles à buzzer, y’a du boulot ici-bas pour qu’on ne rempile pas pour cinq ans. Arrêtez votre cirque ! Please.
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