Aujourd’hui, près de 3000 personnes à qui l’on avait promis un refuge en Europe, ont été acheminées à la frontière Biélorusse avec le concours de la Russie et de la Turquie, et utilisées dans le but de déstabiliser l’Union Européenne.
Ainsi, au mépris du droit international, au premier rang duquel la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés, ces victimes à titre multiple ne peuvent, ni faire demi-tour, empêchées par les militaires biélorusses, ni avancer, entravées par les militaires Polonais.
Sur nos chaines de télévision françaises, certains parlent « d’agression migratoire », « d’invasion » et préconisent de tirer à vue sur ces pauvres hères quand d’autres appellent à les laisser mourir de froid et de faim.
D’autres, grands intellectuels devant l’éternel, experts autoproclamés en géopolitique, parlent « gestion des flux migratoire », « message de fermeté ». Du sort de ces humains moins considérés que du bétail, il n’en est pas question.
Quant à nous, citoyens de France et de Navarre, les images défilent sur nos écrans. Y défilent hommes, femmes, enfants… transis de faim et de froid. Suffocations suite à l’inhalation de gaz lacrymogènes, mère succombant sous les yeux de ses petits, cadavre enroulé dans un sac plastique, la liste n’est malheureusement pas exhaustive.
Cette situation en dit beaucoup plus sur nous que sur eux.
Ce ne sont pas les seuls et les plus piégés, loin s’en faut. Eux portent leurs morts et symbolisent l’(in)humanité. Nous les regardons ou détournons le regard, et portons le poids de l’(in)humanité. Eux tentent de survivre, certains les ont déjà enterrés.
Eux n’ont pas d’autre choix que le courage, nous pouvons encore regarder ailleurs.
Eux l’horreur, nous le sommeil. Ils appellent et nous restons sourds.
Que faire alors disent les pragmatiques-réalistes ?
Rien qui ne soit à la portée de chacun. D’abord ne pas nous taire, nous indigner.
Dire, écrire , interpeller, crier, appeler, chacun à sa manière. Au delà des clivages, politiques, sociaux, ethniques, religieux, que sais je encore, cracher notre refus de déni d’humanité.
Comme toujours, les organisations humanitaires sont prêtes à fournir assistance des deux côtés de la frontière.
Exhortons les autorités concernées à se pencher sur les solutions humaines matérielles pour répondre à cet autre drame, au nom de la responsabilité et du devoir d’humanité.
Exigeons l’instauration, sans délai, d’un couloir humanitaire.
“L’idéal de la vie n’est pas l’espoir de devenir parfait, c’est la volonté d’être toujours meilleur » a dit le poète. Peut-être y arriverons-nous, peut-être pas. Mais, personne ne pourra nous reprocher de n’avoir pas essayé.
Zerrin BATARAY, Avocate