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Billet de blog 16 février 2024

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Autour de la censure

Que le boulonnage général des media conduise à l'extrême droite est une chose. Mais que Mediapart y contribue en occultant systématiquement toute opinion à gauche qui critique les fondements atlantistes de l'UE en est une autre. Et c'est ce que je dénonce ici sur fond de crise économique et sociale qui a pour origine notre soumission à un ordre américain de plus en plus contesté dans le monde.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je n’ai jamais objecté contre le principe ou la nécessité d’une forme de censure pour éviter les inévitables dérapages et autres crêpages de chignon qui culminent par des injures et des attaques personnelles.

C’est pourquoi je souscris à la règle d’une limite inscrite dans la charte. Le problème, c’est que cette charte n’est pas respectée par la rédaction qui l’utilise de manière systématique, non pas pour limiter les injures (ce que la censure fait parfois) mais surtout pour censurer les opinions qui mettent en question la ligne éditoriale et les parti-pris de la rédaction qui se positionnent comme des vérités absolues indiscutables et sans débat possible, ce qui représente le coeur de l’arnaque pour un media qui se veut ouvert et participatif et qui pourtant censure les propos qui lui déplaisent sans avoir rien à leur répondre. Question injures, la rédaction est très sourcilleuse dans les termes : je me suis fait censurer pour avoir utilisé le terme « fouille-merde » pour désigner le type d’investigation très sélective promue par le media ciblant une personnalité particulière, mais cette objection n’a pas cours pour tout le monde car le qualificatif de « sous-merde » m’est encore attribué en réponse à un de mes arguments avec tout le soutien de la rédaction..

C’est particulièrement sensible sur deux sujets qui fâchent, à savoir le génocide en cours à Gaza pour lequel le concept d’antisémitisme, toujours ramené à sa forme la plus extrême le nazisme, sert de paravent, et plus encore autour du bellicisme russophobe soigneusement boulonné par la rédaction pour justifier les milliards engouffrés dans la guerre.

Mais ce n’est pas tout. Ca ne serait pas si grave si ce genre de dérive, qui est construite par le développement et l’entretien de la peur d’une menace imminente, ne servait pas de justificatif à la destruction définitive d’une Europe sociale qui déplaît tant aux capitaux qui dominent le tout sous contrôle US, pour qui l’UE n’est qu’une prolongation de l’OTAN dans ce vaste territoire qu’est le monde sous le joug du principe d’extra-territorialité de la justice américaine, un principe scandaleux diamétralement opposé à la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes par les lois qu’ils décident eux-mêmes et non par celles promues à leur égard par la mouvance neo-con qui a pris les manettes du pays le plus puissant du monde. Qu’on en parle jamais sur Mediapart n’est pas le fruit du hasard, et ce genre d'amnésie n'est pas sans conséquences.

Pas un mot en effet sur l’interview de Poutine qui est traitée comme une injure alors que lui s’est donné la peine d’un rappel historique compréhensible et assez factuel de tout ce qui est systématiquement ignoré et tu en Occident où les « communicants » ont tout le loisir de présenter leur produit (je vois mal Trump ou Biden tenir deux heures face à un journaliste russe pour développer le point de vue de l’Amérique).

Pour revenir à la censure, elle prend ici deux formes : la plus courante est le suivant : « Votre commentaire publié sur l'article Démocratie au sein de La France insoumise : des militants avancent en terrain miné le 12/02/2024 a été dépublié par la rédaction de Mediapart car il répondait à un commentaire contraire à notre charte de participation.

Il va sans dire que dans l’immense majorité des cas, le but évident est la censure non pas du commentaire soi-disant contraire à la charte, mais le contenu de la réponse apparemment trop convaincant, dont voici un exemple assez parlant :

Illustration 1
depublication

Mais là où toutes les limites sont franchies, c’est quand la rédaction intervient directement dans le fil pour censurer ma réponse à une objection qui m’est faite : «Le motif de cette dépublication est le suivant : commentaire hors sujet.

Pour rappel : "Les fils de commentaires ne sont pas des forums, ils s’appuient sur les articles, billets, et donc sur les sujets traités par ceux-ci. Le lien entre les deux est essentiel...¨

En réalité, je ne faisais que répondre à une pénultième diabolisation de Poutine par une argumentation tout à fait adaptée à l’objection qui m’était faite et que je reprends ici pour exposer clairement le formatage de l’opinion induit par un media qui se prétend libre et participatif:

Le nouveau monstre que vous nommez n’est en réalité rien d’autre qu’une construction médiatique occidentale entretenue sans grand rapport avec la réalité que vivent des millions de Russes qu’on nous présente comme des arriérés sanguinaires et conquérants, alors que tout ce qu’ils demandent est une absence de missiles à leur frontière et la possibilité de se développer hors zone dollar, accessoirement sans se voir imposer les normes de bienséance préfabriquées en Occident.

C’est vraiment effrayant aussi de voir à quel point la doxa d’aujourd’hui est non seulement incapable de se remettre en question mais aussi, peut-être même surtout, de se mettre à la place de l’autre : non seulement à la place des Russes (l’invisibilité et la dénonciation générale de l’interview de Poutine par Tucker Carlson en sont le symptôme hystérique), mais aussi à la place des Ukrainiens qui refusent de servir de chair à canons et c’est ici que toutes les limites sont franchies dans la démonisation médiatique de l’ennemi : après avoir refusé toute négociation avec Poutine, on se ruine à procurer fonds et armements pour conduire lâchement tout un peuple à une boucherie à la laquelle on se refuse nous mêmes, un peu comme si la guerre était gagnable par procuration contre la 2eme puissance nucléaire, et comme si remplacer des oligarques pro-Russes par des oligarques pro-US représentait l’avenir radieux d’un pays lui-même ethniquement divisé, ce qui est superbement occulté par une propagande de façade.

Mais le plus extraordinaire dans ce qui se passe sous nos yeux par l’hystérisation collective des media, c’est la peur agitée d’une invasion russe complètement mythique (la Russie n’en a pas les moyens) présentée comme un danger existentiel d’autant plus aigu qu’il occulte l’effondrement du niveau de vie, et particulièrement des prestations sociales, à peu près partout en Europe et particulièrement en France et en Allemagne, deux pays vieillissant qui s’enfoncent dans une récession économique rivalisant 1929.

Ce que cette guerre a révélé, c’est que l’UE n’est plus rien d’autre qu’une extension de l’OTAN, une structure amorphe au service des grands capitaux qui dirigent le tout sous contrôle US au détriment des populations qui paient le prix fort : après avoir bradé aux plus offrants la production industrielle française, on trouve 50 mrds pour financer l’Ukraine mais pas un rond pour les retraites, on nous invite maintenant à acheter hors taxe les produits agricoles ukrainiens qui font crever les paysans d’ici, puis à fermer les yeux sur les normes sanitaires comme compensation, un peu comme on achète du gaz de schiste hyper-polluant à 4x le prix du marché US sans en voir les conséquences catastrophiques pour les PMEs qui ne peuvent délocaliser (le CAC40 est sauf malgré les faillites), le tout au nom de la démocratie qui sert d’étendard à des décisions prises à Washington, au moment où elle a disparu de l’UE (qui a élu von der Leyen?), le pouvoir politique n’étant plus guère autre chose qu’une sorte de façade médiatique pour entériner des décisions prises ailleurs, d’où la prépondérance de la censure systématique et la présence des communicants qui ont de plus en plus de mal à cacher le vide qu’ils représentent, au-delà d’un mépris profond du bas de l’échelle sociale qui leur sert de toile de fond…

Quant à la différence supposée entre Trump et Biden, je ne choisis pas entre la peste et le cholera et de toute façon, que ce soit sous l’un ou sous l’autre, le principe d’extraterritorialité de la justice américaine assure l’état de colonie du reste de la planète avec toutes ses conséquences guerrières. Une remarque aussi : si pour vous Poutine est un fasciste sanguinaire qu’il faut combattre à tout prix, je signale en passant qu’au bout d’un mois de combats à Gaza davantage de civils ont péri en Palestine qu’en Ukraine en plus d’un an, et si Poutine s’est abstenu de viser les infrastructures civiles (contrairement à l’Irak lors de la dernière croisade), Netanyahou coupait l’eau, l’électricité et les vivres à 2 millions de réfugiés entassés dans une prison à ciel ouvert pendant qu’il les bombardait dans une action génocidaire avec tout l’appui des forces du Bien qui n’a de cesse de pénaliser tous les financements des Palestiniens.

Jamais le deux poids deux mesures de la lâcheté européenne n’aura été affirmé avec autant d’insistance depuis 1945.

RIP Europa.

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