Il y a déjà deux mois, que le prétendu "plan de paix" de Donald Trump pour Gaza est entré en vigueur. Et, le moins que l'on puisse dire, est qu'il apparaît plus comme une opération de communication que comme une initiative diplomatique sérieuse. Communiquer pour masquer une continuité de la violence : voilà le bilan que l'on peut en tirer.
Un cessez le feu sans garanties
En effet, à peine annoncé, les violations du cessez-le-feu qui ont accompagné ce plan ont rappelé un schéma désormais habituel. Comme lors des trêves de 2014, de mai 2021 ou encore des pauses humanitaires plus récentes, des bombardements ont suivi la déclaration d’une "accalmie". Les bombardements ont touché des zones très peuplées, alors même que la population cherchait à se déplacer vers des "zones sûres" désignées. Celles-ci, il faut le souligner ont déjà été frappées dans des épisodes précédents du conflit
De la même manière, les convois humanitaires censés entrer immédiatement après l’annonce d’un cessez-le-feu se sont retrouvés bloqués. En effet, Selon l'URNWA l'armée israélienne a interdit l'accès à 6000 camions dans l'enclave palestinienne, depuis le cessez le feu.
Certains, ont même dû rebrousser chemin, comme lors des trêves précédentes en raison de tirs à proximité des points de passage. Ces incidents reproduisent les mêmes scénarios constatées lors des trêves précédentes.
Quoi qu'il en soit, cessez le feu ou pas, Israël fait comme bon lui semble. Et le génocide quoi qu'en disent les médias occidentaux continue.
Le gouvernement israélien persiste sciemment à imposer aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie destinées à leur destruction physique.
Manque de nourriture, absence de médicaments dans les hôpitaux, absence totale d’infrastructures vitales . Les déplacés forcés se poursuivent. Et les palestiniens qui essaient de franchir la zone militarisée délimitée par "la ligne jaune" pour regagner leurs maisons courent le risque d'être abattus.
Le témoignage d'une palestinienne rapporté par Amnesty International dans son rapport en date du 27 novembre fait froid dans le dos. "Des voisins qui se sont rendus à Shuja'iya pour inspecter les dégâts causés à leur maison ont été abattus parce que l'armée israélienne a déclaré qu'ils avaient franchi la ligne."
Depuis le début de la trêve, le bilan est lourd : 387 personnes ont été tuées, dont deux enfants en moyenne par jour selon l'UNICEF.
Cette situation, montre à mon sens, on ne peut mieux, l’absence totale de garanties dans le plan de Trump. Et c'est d'ailleurs, le même schéma qui se reproduit à chaque fois qu’un cessez-le-feu est proclamé sans mécanisme de surveillance indépendant et sans contrainte réelle sur l'armée israélienne. La trêve devient alors, un mot vidé de sens. Car, la logique belliqueuse d'Israël reprend immédiatement le dessus : "frappes préventives", "réponses proportionnées "... Ce sont toujours, les mêmes "explications" déjà utilisées pour justifier, par le passé, des actions menées, contre les populations civiles, en pleine pause humanitaire.
Je pense que Trump ne propose aucune mesure qui empêcherait la reproduction de ces ruptures récurrentes. Il se contente simplement d’annoncer une paix théorique qui s’effondre, dès la première confrontation avec la réalité du terrain.
Le décalage entre discours et réalité
Je dois rappeler ici, que ce décalage entre le discours et les actes n'est pas nouveau. C'est même la marque de fabrique de l'action de Trump, notamment en Cisjordanie, où ses promesses se sont révélées contradictoires avec ses actes. Et, les exemples ne manquent pas. On se rappelle qu'en décembre 2017, il promettait un processus de paix tout en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël. Ce qui a provoqué une vague de tensions qui a mis le feu à l’ensemble des territoires occupés. En 2018, il affirmait vouloir "améliorer la vie quotidienne des Palestiniens".
Or, il n'hésite pas à couper plus de 300 millions de dollars de financement à l’UNRWA, mettant en danger les écoles, les hôpitaux et l’aide aux familles les plus vulnérables.
En janvier 2020, alors qu'il présentait son plan, " Peace to Prosperity" comme un évènement historique , il entérinait dans le même temps, un contrôle sur de larges parties de la Cisjordanie.
Il faut préciser, que cette décision a rendu tout accord négocié encore plus improbable.Comme on pouvait s’y attendre, le décalage entre ses discours et ses décisions est devenue une marque de fabrique de sa politique.
Et, il ne fait aucun doute, que c’est toujours ce même mécanisme qui est utilisé aujourd’hui.
Entre les promesses et la réalité, le fossé est immense : le cessez-le-feu est violé dès son annonce, l'aide humanitaire bloquée, les zones de refuge bombardées. On le voit bien, Le discours de paix n’est qu’un écran de fumée, constamment démenti par les frappes et le sang versé.
D'ailleurs, les habitants de Gaza n’ont pas vu de changement notable après l’application de ce plan. Ils vivent toujours les mêmes scènes de chaos. Les bombardements certes, moins fréquents qu'avant continuent de tuer, les convois humanitaires sont bloqués à la frontière, les blessés ne sont pas évacués en temps voulu. Rien, dans ces événements, ne ressemble à une dynamique de paix.
Il y a une vérité que nous ne pouvons ignorer : les violations du cessez-le-feu qui ont suivi l’adoption du plan Trump sont la preuve de son inefficacité . Pourquoi ? Parce qu'il promet une paix qu’il ne sait, ou ne veut ni garantir, ni imposer, mais également, une reconstruction qu’il ne finance pas vraiment, une sécurité qu’il ne garantit pas. Sa paix se réduit à un simple slogan.
A quoi faut-il s'attendre, maintenant que le premier ministre israélien vient d'annoncer de façon unilatérale le passage prochain à la deuxième phase du plan? Il est à craindre, que les civils continuent de payer le prix d’une réalité que le discours triomphaliste de Trump ne fait que nier pour mieux la laisser perdurer.