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Billet de blog 24 août 2025

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Quand la droite française défend les Chrétiens... sauf s'ils sont palestiniens

Les dernières informations qui nous parviennent de Cisjordanie éclairent bien la réalité qui s’impose dans ce territoire, sous occupation militaire d’Israël. De fait, celle-ci, s’incarne aujourd’hui, sans équivoque, dans une pratique systématique relevant du racisme et du colonialisme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les dernières informations qui nous parviennent de Cisjordanie éclairent bien la réalité qui s’impose dans ce territoire, sous occupation militaire d’Israël. De fait, celle-ci, s’incarne aujourd’hui, sans équivoque, dans une pratique systématique relevant du racisme et du colonialisme.

Les actes répétés qui s’y perpétuent témoignent d’une politique acharnée et méthodique. Les exemples récents sont à la fois accablants et révélateurs.

On apprend, que le village de Taybeh, dernier bastion chrétien en Palestine, subit depuis de longs mois une campagne incessante de harcèlement violent orchestrée par des colons israéliens, en connivence avec l’armée d’occupation.

Incendies de véhicules et demeures, saccage des oliveraies, inscriptions à caractère raciste sur les murs, attaques répétées contre l’église historique du Ve siècle, tous ces faits plongent cette paisible communauté dans une terreur quotidienne.

Enfermée derrière des barrages militaires, privée de l’accès à ses terres nourricières, Taybeh subit une dépossession clairement planifiée, tandis que règne une impunité manifeste.

Il faut souligner, que cette dépossession revêt un double visage, économique et identitaire. La destruction continue des oliveraies, source principale de subsistance, jette nombre de familles dans la précarité la plus extrême. La privation d’accès à leurs terres, l’atteinte aux infrastructures agricoles, les incendies volontaires, tout concourt à une suffocation économique organisée. Le blocus et la violence environnante restreignent l’espace vital, empêchant tout élan de développement et contraignant à l’exil nombre d’habitants.

Il convient de préciser qu'à ces agressions matérielles s’ajoute une violence symbolique insidieuse : profanations répétées, notamment contre l’église Saint-Georges et le cimetière chrétien, un climat de peur qui fragilise le tissu social et érode la mémoire collective.

C’est l’existence même de Taybeh qui vacille, mettant en péril la transmission de sa culture et son enracinement historique.

Nous pouvons observer, que la brutalité exercée ne fait aucune distinction de confession. Palestiniens chrétiens ou musulmans subissent conjointement cette politique coloniale territoriale et sociale. À Taybeh, les colons extrémistes, armes en main ou à cheval, parcourent les rues en semant la terreur, détruisant biens et symboles sacrés. L’armée israélienne, quand elle intervient, cible non pas les agresseurs, mais ceux qui osent s’opposer au harcèlement, à l’image de faits dramatiques survenus à Kafr Malik, où des Palestiniens ont perdu la vie ou ont été blessés.

Ce qui me frappe le plus, c’est le silence coupable et assourdissant de certains partis politiques français. Et celui-ci, est d’autant plus insupportable qu’il émane pour l'essentiel de la droite française, et à leur tête le parti Les Républicains, qui s'est élevée autrefois avec vigueur pour défendre les chrétiens d’Orient persécutés sous Daesh, promouvant haut et fort "les valeurs universelles de droits humains et de liberté religieuse".

Face à la tragédie qui dévaste Taybeh, dernier refuge chrétien menacé par cette colonisation impitoyable, celle-ci- s'illustre par son silence. Comme si la cause palestinienne éteignait subitement toute passion humaniste. Comme si la foi chrétienne ou musulmane de l’opprimé ne pesait plus face à son identité palestinienne.

Cette posture révèle clairement, une compassion sélective : une indignation parfois emballée au gré des intérêts identitaires, un mutisme complice face à la colonisation israélienne. En niant la légitimité de la présence et de la souffrance des chrétiens palestiniens dans le récit des persécutions en Terre sainte, ces partis participent activement à leur invisibilisation, creusant artificiellement un fossé qui facilite la perpétuation d’un système colonial destructeur.

C'est ainsi, que leur discours militant et bruyant autour de la cause des chrétiens d’Irak et de Syrie se révèle honteusement muet lorsqu’il s’agit de défendre les chrétiens palestiniens, confrontés à une dépossession et une violence à la fois visibles et durables.

Ce silence politique ne relève pas du hasard : il s’apparente à une complicité tacite avec le système colonial israélien, un renoncement à l’universalisme qui devrait transcender les clivages confessionnels et idéologiques.

Cette défaillance morale est d’autant plus lourde qu’elle touche un État qui, par la force de la violence, s’approprie sans scrupule des terres qui ne lui appartiennent pas, bannissant, humiliant et réduisant au silence un peuple autochtone.

Cibler spécifiquement les chrétiens palestiniens, leur patrimoine, leur présence séculaire, c’est révéler une politique d’épuration, de dépossession et d’humiliation que nul discours diplomatique ni aucun silence complice ne saurait camoufler.

Quelles que soient les paroles ou promesses, l’État d’Israël incarne en Cisjordanie une politique d’expropriation et de coercition quotidienne, indifférente aux croyances ou appartenances, et dont l’acceptation implicite par une grande partie de la droite française révèle une mutation profonde.

Là où elle se présentait naguère comme gardienne d’une posture d'équilibre et d'indépendance diplomatique, la droite française endosse désormais, (et notamment depuis la montée en puissance de figures telles que Nicolas Sarkozy), un tropisme procolonial, justifiant des logiques d’occupation et de domination.

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