On a ainsi vu une première grève avec occupation des lieux de travail en 2008, soutenue par une association et un syndicat (Droits Devant!! et la CGT), une deuxième, d'octobre 2008 à juin 2010, soutenue par les "Onze" (cinq syndicats - CGT, CFDT, Solidaires, FSU, UNSA - et six mouvements - Droits Devant!!, Ligue de Droits de l’Homme, Cimade, Réseau Education Sans Frontières, Femmes Egalité, Autremonde), débouchant finalement sur une pseudo campagne de régularisation des grévistes. Le billet cité ici est le plus récent d'une série commencée en octobre 2009, dans laquelle nous avons tenté de tenir nos fidèles lecteurs au courant de l'évolution, lente trop lente, du conflit. A l'été 2010, 6804 grévistes comptabilisés entre syndicats et ministère de l'immigration. Où en est-on en décembre 2010?
Le spectre de la régularisation massive honnie par le pouvoir est une arme contre toute application compréhensible de la loi, des circulaires et des multiples textes ad hoc émis depuis janvier 2008. Résultat, au 2 décembre 2010, pour 3515 dossiers de grévistes déposés (en Ile de France, à Lyon et Orléans) seulement 675 récépissés ou titres de séjour ont été distribués.
Les actions redémarrées en octobre 2009, baptisées Acte II du mouvement des travailleurs sans papiers, ont pris des formes multiples, occupation de plusieurs dizaines d'entreprises (bâtiment, restauration, interim,...), puis un regroupement place de la Bastille à Paris, évacué puis reformé, une pause après les accords du 18 juin 2010, et l'occupation de la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration début octobre.
Les grévistes sont toujours là, même si l'espace qui leur est concédé par la direction de la CNHI se restreint petit à petit. Après plusieurs fermetures de l’établissement au public, des négociations ont débuté entre la direction de la CNHI et la CGT. Elles ont abouti à un protocole d’accord et à un communiqué commun, qui devrait permettre la poursuite de cette présence. Une présence peut-être troublante pour les visiteurs, puisqu'elle donne à voir en live l'immigration en train de faire évoluer notre société, comme elle le fait depuis des siècles. Il se dit même qu'un membre de la direction a entrepris un reportage photographique de l'évènement. Pour les archives du musée? Pour les amateurs de photos, un coup d'oeil ici.
En parallèle à ce mouvement, les comités de sans papiers (CSP) sont toujours dans l'action. Cette mouvance repose sur une approche qu'on a pu qualifier de tension de justice:

"La dignité de chaque humain doit être respectée. Nous ne sommes pas traités en humains. Soit nous ne sommes pas des humains et vous nous laissez mourir, soit nous en sommes et vous changez de politique."
Ainsi le CSP75 a-t-il poursuivi de son côté son action par l'occupation de la Bourse du Travail à Paris puis, après son expulsion, un bâtiment rue Baudelique dans le 18ème arrondissement. Une lutte obstinée qui a aussi obtenu sa (maigre) moisson de régularisations, racontée et dessinée dans un beau livre de combat, "Hier colonisés, aujourd'hui exploités, demain régularisés".
Des luttes longues, demandant un courage et une obstination exceptionnels, qui s'étendent lentement malgré le peu de résultats. C'est que la situation faite à ces personnes est tout simplement intolérable. Et ne peut être tolérée.
Martine et Jean-Claude Vernier
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