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Billet de blog 12 septembre 2008

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Le Club en chantier

Petite avant-première pour lecteurs de «La Vie du Club». Edwy Plenel va vous expliquer lundi où nous en sommes et ce qui va bouger sur Mediapart, mais nous vous proposons de lancer par avance les travaux dans le Club.

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Petite avant-première pour lecteurs de «La Vie du Club». Edwy Plenel va vous expliquer lundi où nous en sommes et ce qui va bouger sur Mediapart, mais nous vous proposons de lancer par avance les travaux dans le Club.


Nicolas Chapelle ayant labouré le Club tout l'été (grâce lui soit rendue; si vous avez un emploi de journaliste à lui proposer, il est joignable par message privé), nous ne devrions pas nous trouver trop dépourvus. Il a démontré l'utilité d'un animateur du Club – qui ne soit pas un modérateur de forums classique — et la pertinence que celui-ci soit identifié et nommé. Thibaud Vuitton qui s'y était essayé avant lui pendant les vacances de printemps avait probablement souffert du coté impersonnel de la signature «La rédaction Mediapart». Première information, donc: je serai dorénavant cet «animateur».


Nous avons choisi de creuser plusieurs sillons pour tenter de remettre un peu de cohérence entre le journal et le Club. Tout d'abord, vous l'avez peut-être remarqué, nous avons créé l'édition «Les invités de Mediapart» qui doit systématiser ce que nous avons tenté à plusieurs reprises en vous proposant les textes d'Edouard Glissant sur Aimé Césaire, Evo Morales sur la «directive retour» ou Serge Paugam sur le RSA: vous offrir des analyses originales et extérieurs au Club sur des sujets d'actualité. Régulièrement, nous laisserons cette tribune à un chercheur ou à un acteur de l'actualité.


Nous vous proposons aussi de réhausser un bel outil malheureusement sous-exploité: les éditions. En insistant sur le rôle de coordination du «rédacteur en chef» de l'édition, en regroupant celles qui traitent des mêmes sujets, et en mettant en place des éditions locales pour les membres qui vivent à proximité.

Nous publierons également une question du jour sur un sujet d'actualité, en redonnant le contexte et les documents de référence, et en vous invitant à contribuer, dans votre blog, sur le sujet en laissant dans le commentaire de l'article le titre et l'adresse de votre billet, de sorte que cet article constituera, de fait, une manière de sommaire des articles traitant d'un même sujet dans le Club.

Voilà pour les projets. Reste maintenant à déterminer ce qui ne relève pas partie de cette fonction.
Ce n'est pas un correspondant multicarte: nous allons créer, en plus de l'adresse contact@mediapart.fr qui reçoit un peu tout de manière indifférenciée aujourd'hui, ce qui explique en partie le temps de réponse, une adresse abonnement@mediapart.fr (problèmes liés à l'abonnement, au paiement, etc.), connexion@mediapart.fr (lorsque le site ou une partie du site est inaccessible), technique@mediapart.fr (pour les «bugs» rencontrés ou les difficultés techniques), alerte@mediapart.fr (pour signaler des contenus qui contreviennent à la charte éditoriale ou à la loi)...


Ce n'est pas un modérateur: il y a environ 500 blogs ou éditions sur Mediapart, dont 300 actifs et une trentaine de personnes qui postent au moins une fois tous les deux jours; si l'on passe aux commentaires, il devient impossible de lire tout ce qui s'écrit dans le Club et dans le journal. Il est certainement utile de rappeler les principes qui régissent cette régulation a posteriori.


Doit-on accepter que le plus tonitruant dicte l'agenda du Club au risque d'entraîner à sa suite tous les contributeurs dans l'amalgame du «Ah oui, Mediapart: ce site où l'on explique que le sida n'existe pas et que le 11-Septembre est un gigantesque complot...»? Il existe pour cela d'excellentes plateformes de blogs qui permettent d'être totalement maître de ce que l'on publie et qui conforteront les imbéciles dans leur idée qu'Internet est ce gigantesque chaos d'où partent toutes les rumeurs et creuset de tous les conspirationnismes. Mediapart a lui fait le choix d'être un club, éditorialisé. Et d'opter pour l'autorégulation: il existe à coté des billets de blog, une petite clochette «alerter», qui vous permet de nous prévenir des abus. Nous pouvons alors suspendre préventivement la publication du billet, le temps de prendre langue avec l'auteur, de lui proposer éventuellement des amendements, sans subir le «buzz», et de décider enfin de le republier ou non, en ayant, au besoin inséré un texte indiquant que Mediapart réfute le contenu du billet.


Deux textes sur le 11-Septembre ont fait les frais, vendredi matin, de notre politique éditoriale : l'un reproduisait mot pour mot un texte publié sur le site ReOpen911 – l'auteur fait état de sa «censure» ici – et l'autre trouvait l'explication de «l'omerta médiatique» dans la «grande parano sur l'antisémitisme» (et pire) – on trouvera les protestations de son auteure là. [15-09-08: Billet vidé par l'auteure] Et un troisième point de vue. ici. Ces deux textes ont été dépubliés, notamment parce que l'inévitable polémique qu'ils provoquent les fait naturellement monter dans les hiérarchie des «plus commentés», et laisse entendre que le débat ainsi suscité vaut approbation de leur contenu.


Car, c'est l'autre polémique du jour, soulevée en partie dans les commentaires de ce billet: la question des classements. Dans sa déclaration de principe, Mediapart indique qu'il privilégie le fond sur le flux, la qualité sur la quantité. Pourtant, en plusieurs points du site, on voit poindre ce souci quantitatif («les plus lus», «les plus commentés», mettons à part «les plus recommandés» qui intègrent une notion d'approbation).

Ces algorithmes pondèrent en fait la notation pour y intégrer un caractère d'«obsolescence» des billets: plus le texte est ancien, moins le classement est bon, ceci pour éviter que quelques succès d'audience ne squattent définitivement la page d'accueil du site. Puis, en une du club, il faut distinguer les billets les plus recommandés qui fonctionnent sur le même principe, des blogs «les plus recommandés» qui expriment eux le nombre de recommandations divisé par le nombre de billets, sans prendre en compte la date de la dernière contribution, ce qui explique que des auteurs qui n'ont pas posté depuis mars y figurent: il y a là une prime aux blogueurs qui publient peu mais sont très appréciés. Encore faut-il préciser que les signatures jaunes sont exclues du classement afin de privilégier les membres du Club (ce qui explique, au passage, que les contributions de certains coordonateurs d'édition qui sont soudain passé dans la couleur de la rédaction n'ont plus été comptabilisées). Enfin, dans la liste des blogs et dans celle des éditions une mention trompeuse laisse croire qu'ils s'agit de la liste des billets les plus recommandés alors qu'il s'agit de la dernière publication des blogs (ou des éditions) qui obtiennent la meilleure moyenne de recommandations. Il s'agit d'éviter qu'un même auteur n'évince tous les autres du classement en publiant plusieurs billets d'un trait.

Quelle que soit la pertinence de chacune de ces mesures, il faut se demander si le fait même de promouvoir ces classements automatiques est compatible avec l'ambition de Mediapart. C'est en effet considérer qu'un article est plus intéressant s'il est plus polémique (s'il suscite beaucoup de commentaires), s'il est plus accrocheur (s'il est très lu) ou si son auteur jouit d'une réputation bien établie dans la communauté. A première vue, la réponse est «non». En y repensant, cette intrusion du quantitatif dans un ensemble très éditorialisé fonctionne néanmoins comme un rappel – modeste certes, puisque placé en bas de page d'accueil ou dans des pages moins accessibles – de la popularité de ce qui ne correspond pas au choix de la rédaction de Mediapart. C'est l'irruption de l'incongru, de l'insolite, de l'inaperçu, c'est l'accident dans un ensemble qui pourrait paraître trop bien réglé au risque parfois de l'inacceptable.