Billet de blog 27 avril 2014

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Crédit Agricole et questions pour une AG

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L'assemblée générale de Saintes vaudra, en 2014, à elle seule, plus que les assemblées générales de toutes les autres caisses locales réunies. Une occasion unique de poser les vraies questions et d'enregistrer les réponses indispensables au bon fonctionnement du Crédit Agricole Mutuel. Les 2508 assemblées générales « évacuées » en février-mars à travers le pays resteront, elles, folkloriques et rien de plus.

Ce mardi 29 avril, à partir de 18h30, ce sera l'heure de vérité pour les dirigeants pénalement responsables du fonctionnement de la société coopérative, mis au défi d'organiser (enfin !) une vraie assemblée générale, conformément à la loi, à l'éthique, aux racines... et à l'intérêt des sociétaires et du mouvement coopératif.

Dans une telle assemblée, la parole est aux sociétaires de la caisse locale. Les sociétaires de la coopérative « caisse locale de Crédit Agricole Mutuel de Saintes » ont le droit de poser toutes les questions pour obtenir toutes les réponses.

Ils ont même le devoir de poser toutes les questions pertinentes. De soulever tous les lièvres. D'écarter toutes les suspicions. De faire les choix et d'organiser la mise en œuvre de ces choix coopératifs.

Si les sociétaires ne peuvent pas poser les questions – et obtenir les réponses – il n'y a plus de fonctionnement coopératif... Reste à dissoudre la coopérative.

Pour faire le tour des vrais dossiers en quelques heures, pour tout contrôler, tout valider, tout décider, il ne faut surtout pas gaspiller le temps précieux des assemblées avec des « interventions-diversion ». Dans une assemblée générale de société coopérative, la priorité absolue est au débat démocratique sur les vrais sujets, à l'organisation des décisions.

Dans une telle assemblée, les salariés (et les élus) des filiales ne doivent en aucun cas manipuler le débat. Il sont là pour répondre aux questions, pour rendre des comptes. Seul le président de la caisse locale peut piloter l'assemblée générale pour faire émerger des décisions autour de la volonté des sociétaires.

Le premier travail des sociétaires de la caisse locale (solidaires entre eux), est d'évaluer l'activité et les interventions de la filiale « caisse régionale » en charge des aspects techniques du fonctionnement de la coopérative financière. Aux sociétaires de s'assurer qu'il n'y a pas de conflit d'intérêt, de siphonnage des excédents, de création de filiales-écrans permettant les détournements.

Les sociétaires doivent obtenir les bonnes réponses :

  • Qu'en est-il de l'obligatoire et essentielle redistribution des excédents (à ne pas confondre avec la rémunération des parts sociales) ? Depuis quand (éventuellement) les excédents sont-ils confisqués ?
  • Le barème égalitaire, base du contrat des coopératives, est-il respecté ? Est-il voté ? Si oui, par qui ? Si non, qui en décide ? En l'absence de barème, où est l'identité coopérative ? La logique coopérative ?
  • Qu'en est-il de la sincérité des votes (les vrais sont-ils noyés dans les procurations « automatiques » ?). Qu'en est-il de la sincérité des procès-verbaux de l'assemblée générale (sont-ils pré-rédigés) ?
  • Les parts sociales sont-elles vendues en tant que placement financier ? S'agit-il de vente « pyramidale », à la Madoff ? Les acheteurs savent-ils qu'ils ne pourront être remboursés que si la coopérative trouve d'autres acheteurs, puisque le capital social ne peut pas réellement baisser ?
  • Les sociétaires qui posent les vraies questions prennent-ils un risque ? Sont-ils ensuite pénalisés, rackettés ?
  • Le retour aux fondamentaux de la coopérative s'impose. Dans ce contexte, que veut dire la formule « recentrage sur la banque universelle » ? Question essentielle.
  • Les candidats au poste d'administrateur présentent-ils une « profession de foi » (projet, motivation, etc.) ?
  • Les élus du « premier niveau » ne sont-ils que des potiches ? De quoi doivent-ils rendre compte ? Quel est leur espace de liberté ?
  • Est-il arrivé que le débat avec les sociétaires soit repoussé jusqu'après la « clôture officielle» de l'assemblée statutaire ? Si oui, il s'agit d'une farce (voir les pv ?).
  • Les administrateurs de la caisse locale et de la caisse régionale ont-ils des actions CASA ? Si oui, il y a conflit d'intérêt majeur. Le gérant (directeur d'agence) a-t-il des actions ? Si oui, la prise d'intérêt est illégale.

En gros, les profits de la Caisse Nationale se font « sur le dos » des coopératives locales. Bien gérer les caisses, c'est redistribuer les excédents et interdire toute remontée vers les filiales. Posséder des actions, c'est une autre logique... car l'argent des sociétaires qui part vers la caisse nationale enrichit les actionnaires. C'est fou mais c'est ainsi.

On ne peut pas servir deux maîtres, la coopérative et la bourse. Les sociétaires et ses intérêts personnels. C'est une réalité centrale. Il faut donc regarder de près les déclarations de patrimoine des administrateurs.

Saintes va réaliser le rêve de tout militant, de tout sociétaire : une assemblée sous la loupe. Le monde entier connaîtra désormais la localisation – enfin certifiée – du petit village d'où doit partir la reconquête de tout le territoire. La caisse locale de Saintes sera probablement la première à tout dire, sur internet, aux sociétaires / propriétaires :

- compte-rendu des assemblées générales et des conseils d'administration,

- statistiques et bilans,

- retour d'informations sur toutes les rencontres entre sociétaires et administrateurs, entre électeurs et élus,

- invitation aux stages de formation, etc.

- clarté sur les objectifs, les choix, le fonctionnement. Sur l'identité.

- dialogues et débats entre les assemblées générales

Le point de départ du renouveau du mutualisme ?


Voir, sur le même sujet, "Crédit Agricole et queue de poisson (à Saintes)" et "Les parts sociales des banques coopératives sont-elles un (bon) placement ?"

Info du 1er mai :

Le site de l'association AREMUT, sous le titre "Bravo à ce journaliste qui a pu entrer dans la salle. D'autres ont du rester à l'extérieur, carte de presse en main...", signale un article de Sud-Ouest "Les opposants se disent prêts à aller en justice".

Info du 4 mai 2014 :

LaLettreA (N.1636 du 01/05/2014) a publié un article, sous le titre :

Saintes ébranle CASA

Chez Crédit agricole SA (CASA), les 39 caisses régionales ont le pouvoir (financier). Et la période des assemblées générales est propice pour le rappeler. Le processus est rodé : les caisses locales doivent tenir leur AG (...). Mais, la caisse de Saintes a bien failli faire capoter le calendrier de la banque...

Ajout du 7 mai 2014

Le syndicat FO des salariés du Crédit Agricole de l'Anjou et du Maine a repris, sur son blog, plusieurs articles d'édition mediapart :

. le 16 décembre 2013 "Crédit Agricole : des sociétaires généreux sans le savoir"

. le 3 mars 2014 : une nouvelle vidéo...

le Syndicat Sud Cam avait eu la même démarche.

Ajout du 8 mai 2014

La question du sociétariat ?

Sur ce sujet voir : Une longue histoire vraie (4) et une longue histoire vraie (3)

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