A la fin d'une manifestation ordinaire du mois de décembre 2019 contre une énième réforme de l'enfumeur chef (encore en rodage en ce temps-là pour mieux balancer  à grands coups de 49.3, son outrancière et scandaleuse " 2023 "), je décidais de rentrer à pied de Bayonne à Tarnos en passant par le bois de Castillon avant de traverser la place Alexandre Viro.

Les sculptures de Vincent Secheer disposées ça et là autour de la place centrale de Tarnos racontaient une mystérieuse révolte survenue un siècle plus tôt !  Mais était donc cet Alexandre Viro ?

Et c'est encore Jojo Darricau, le célèbre historien social des Landes qui allait me raconter l'engagement syndical de ce personnage assez extraordinaire lors d'une réunion de l'IHS CGT à Mont de Marsan.

Alexandre Viro fut un syndicaliste CGT qui prit la place de Joseph Desarménien alors responsable du syndicat CGT des Forges de l’Adour lorsque ce dernier fut rappelé au front en juin 1918.

Et comme tout bon défenseur de la seule force de travail qui crée de la valeur, Alexandre Viro allait avoir les pires ennuis avec les services habituels de l'État bourgeois.

Mais avant sa mise à l'index et son expulsion de France, il aida les métayers du Bas-Adour à s'organiser afin de préparer la révolte contre toujours les mêmes maîtres ou mèstes en gascon.  

Pascal à Tarnos

Cathy et Nico à Tarnos

Fafou à Tarnos

La stèle de Vincent Secheer à l'entrée de la place Alexandre Viro

Le second épisode a vu le jour à la Mamisèle à Saubrigues, le samedi 12 septembre 2020.

En compagnie de Nicole et de Fafou du Musée des Landes d’Antan de Lit-et-Mixe toujours dans les Landes, nous avions à la Conférence de la Société de Borda qui portait sur la révolte des métayers où bien sûr s'était largement exprimé Vincent Sécheer de l' Association D'Aci Qu'em.

Après cette belle journée de partage, je me suis lancé sur les traces des révoltés grâce aux œuvres d'art de Vincent Sécheer. En effet, ces sculptures (stèles ou cadrans) balisent le parcours des métayers en colère après quatre années de guerre qui les avait mis à genoux pour ceux qui n'étaient pas morts. 

Puis j’ai refait certaines de ces balades avec mes amis de toujours lorsqu’ils descendaient du côté de Tarnos et aujourd’hui dans le Béarn !  

La révolte court de Saubrigues à Marat-de-Hinx

Face à la mairie, la première stèle raconte  : " Ici à Saubrigues, le 27 juillet 1919 Alexandre Viro, invité par Miremont et Nagouas, syndique 114 métayers." 

Alexandre Viro et Jean-Baptiste Miremont sont des cousins. Le conflit des Forges de l'Adour les a rapprochés. 

Suivons-les le long du circuit de Navachon (Fiche 7.7 du Rando Guide 7 Seignanx Maremne et Côte sud ) pour les abandonner à mi-parcours afin de découvrir la seconde stèle au centre de Marat-de-Hinx !  

Les balades suivantes nous mèneront à Saint-Jean de Marsacq et  Sainte-Marie de Gosse.   

Saubrigues

Le jour de la conférence avec cette exposition à la Mamisèle de Saubrigues 

A Pelletier-de-Marsacq, je me suis concentré pour prendre en photo le village d'une grande montagnarde landaise, la célèbre Cécé, Cécé étant la compagne de Max, le dernier capitaine de l’équipe de rugby de Gascogne.

Il faut lire le billet Mediapart correspondant La Gascogne revisitée en complète liberté ! | Le Club (mediapart.fr) pour comprendre.

Et celui-là, il décoiffe tellement il est gascon jusqu'au bout de la pointe du stylo de Bobby !  

La suite de ce remarquable parcours en images.

Mais il faut vraiment le faire pour découvrir la collection de stèles le long de l'Adour.

Et aussi le paysage typiquement landais qui accueille toutes sortes d'occupants autour du fleuve, dans les barthes et les prairies.   

L'Adour et sa réserve de pibales

Une cigogne alors qu'en France c'est le temps des six cognes au carré

J'ai appelé le parcours de Sainte-Marie-de-Gosse, la cabane des Bolcheviks !

En effet, nos métayers en colère étaient au courant ce qui s'était passé en Russie en 1917 puisque les survivants revenaient de la guerre. La preuve, ils avaient fini par bolcheviser la cabane de Sourouille car c'est en ce lieu qu'ils tenaient leurs réunions secrètes.  

 Sainte-Marie-de-Gosse (Barras à la Révolution) est un haut-lieu de la révolte des métayers !

Avec une forme d'action assez originale qui consistait à priver de pain les exploiteurs historiques.

La première stèle rappelle cette action avec l'intitulé suivant : "Joseph Marmande devient maire puis tout le pays de gauche fait la grève du pain"

Je renvoie tous les acteurs de cette farandole révoltée en diable aux ouvrages précités tels que L'histoire sociale des Landes de Jean Cailluyer, les Aperçus  d'histoire sociale en Aquitaine de l'IHS CGT ou à la belle brochure Tous métayers que l'association D'Acy Qu'em a fait éditer en partenariat avec La Dépêche. 

Le long de l'Adour je découvrais ces magnifiques sculptures ou cadrans qui bordent mes " territoires autres " de randonnée comme Port de Lannes, Orthevielle ou Saint-Etienne-d'Orthe.

Signalons que de l'autre côté de l'Adour, André Bombezin qui fut le maire communiste de cet adorable petit village de Port de Lannes, était aussi un solide militant syndicaliste qui voulait faire aboutir la lutte menée par les métayers même après la promulgation de la loi du 13 avril 1946, qui instituait le statut du fermage et du métayage. 

Là-aussi je renvoie à la lecture de Luttes paysannes landaises Hardis  Qu'em Lous Piquetalos de Jean Lespiau préfacé par André Bombezin. 

Précision importante de nos jours : Jean Lespiau fut un Résistant communiste FTP ! Il fut ensuite député communiste des Landes. Et on ne pouvait pas évoquer la figure d’André Bombezin sans  parler de Jean Lespiau !

Sainte Marie de Barras de Gosse !

Les autres circuits se déclinent autour de ma ville natale, Tyrosse. Celui-ci au départ d'Orx tourne autour des marais de ce site incontournable. 

Nous l'avons réalisé an compagnie de Cathy, Éric et Nico. 

Souhaitons qu'un jour, on mette en valeur ces parcours remarquables en aménageant des boucles sympas et accessibles aux passionnés de randonnée et d'histoire mais comme cela sort de mon domaine de compétence, j'arrête là.

Je vais poursuivre mes recherches en pays de Gosse et plus tard vers Peyrehorade, Habas ou Tilh pour étudier d'autres histoires de révolte comme me l'a appris mon maître à penser et à marcher, Élisée Reclus !

Et je viens de découvrir tout récemment qu’ils y avait des Pique Tarrocs du côté de Salies de Béarn et certainement au Pays basque.

A suivre …

Une Highland Charnegou 

Marais d'Orx !

Cathy, Éric et Nico