Au delà des débats partisans, il y en a un qui nous touche tous, quelque soit notre bord politique... Il concerne le vote 'utile'. Sachant que cette notion peut revêtir plusieurs sens, je précise que je l'emploierai ici au sens "historique" lié à l'incident (devrai-je écrire accident voire crash ? ) électoral du premier tour des présidentielles de 2002 et que l'on peut définir comme un bulletin destiné à barrer la route à l'adversaire que les sondages - toujours eux - nous présentent comme leader ou outsider (tout ça est bien relatif...).
Pour ceux qui ont lu mes premiers billets (une présentation, ici et "les mélenjolystes", là), vous avez surement compris que pour ma part, je ne suis pas prêt à voter utile. Ce vote résigné, incarné par un candidat qu'on nous donne vainqueur, je le refuse.
Ancien socialiste (comme le camarade Mélenchon), noniste aussi car désireux de construire une autre Europe, je trouve bien trop de résignation chez Hollande, et bien trop de bonnes idées chez d'autres candidats...
Cependant, comme beaucoup de mes concitoyens, de cette élection, j'attends :
- le départ de l'actuel qui vraiment ne... comment dire... enfin bon voila...,
- l'arrivée de celle ou celui qui donnera enfin un coup de pied courageux dans la fourmillère et pourra amorcer le tournant vers un nouveau type de gouvernance et, dans un élan citoyen, nous permettra de construire ensemble, impliqués et responsables, la société de demain, celle de nos enfants.
On ne va pas hiérarchiser ces 2 conditions puisque, idéalement, il faut qu'elles soient réunies. Mais pourront-elles l'être ?
...pas en votant utile.
Dans une posture un peu pessimiste, je me dis que c'est trop tôt, que les français ne sont pas prêts. Pour contrebalancer, je remarque des mouvements citoyens de plus en plus conséquents... Et puis, en 2007, c'est un candidat de la "rupture", un "anti-système" qui a été élu ; non ? Alors les français ne sont peut être pas si frileux que ça au changement.
Cette campagne présidentielle présente en tout cas un certain nombre de tendances :
- Certains parlent d'un genre de référendum pour dire Oui ou Non à Sarkozy. Si c'était vraiment ça je pense que ce serait NON ! Mais ce n'est pas ça. Le vote utile est ce qui s'en rapproche le plus...
- D'autres vont voter pour le candidat "de gauche"/"de droite" susceptible de l'emporter (en général les partis "de gouvernement" que sont l'UMP et le PS, sachant qu'on les appelle ainsi uniquement parce que ce sont les deux derniers héritiers de ce qui a gouverné dans la Vème. Au fond est-ce bien légitime de leur rendre autant ? Utile de s'en remettre à ces grosses machines politiques dont nous connaissons tous les défauts ?
- Il y a aussi une troisième voie nous dit-on... le MODEM, pas ou plus vraiment l'UDF sur lequel l'ex RPR a fait une sorte d'OPA politique (voir le cas de l'Alsace par essence centriste devenue LA région de droite suite à cette manœuvre habile que l'on doit... à qui déjà ?). Cette troisième voie manque quand même cruellement de lisibilité.
- Le FN : à mon sens strictement inutile sauf comme expression contestataire et moyen de remplir la première condition évoquée plus haut... Mais je préfère de loin le (bulletin) blanc !
- Les autres petits partis : pas inutile car il y a de la conviction (c'est la grande différence avec la démagogie outrancière véhiculée par le FN)
- D'autres encore voteront pour le moins pire. Utile ? Pour flouer la photographie de notre société, sans aucun doute !
- Certain voteront blanc comme ils ont toujours voté blanc... Utile ? si comptabilisé seulement...
- Enfin, ceux qui n'iront pas voter. Inutile de venir se plaindre ensuite, hein !
Et puis ce n'est pas si simple : d'autres dichotomies se présentent aux électeurs : capitaliste/anticapitaliste, conservateur/progressiste, libéral/social, individualiste/humaniste, nationalo-souverainiste/européo-mondialiste, chrétien/laïcard, etc. Avec toutes les nuances et les subtilités que masquent ces termes. On peut d'ailleurs reprendre ces mêmes mots pour faire d'autres oppositions, mais on arrivera finalement toujours un peu au même résultat. Au final, pour faire synthétique : On continue comme ça ou on rebat les cartes ?
Oui, rebattons les cartes ! exprimons nos convictions, libérons nos attentes !
Non au vote utile, déni de qu'il reste de démocratie dans ce pays !
Le regretterons nous ? Devrons nous descendre par millions dans la rue en cas de déroute ?
Au final, telle est la question anticipée que l'on se posera (ou pas) le 22 avril au soir : Fut-il utile de voter utile ?