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Successivement accusé d’être financé par « les Russes » puis par l’État islamique , d’entretenir « des liens » avec le MFDC (rebelles casamançais), d’avoir transporté « des mallettes d’argent » pour Karim Wade et pour l’ex-dictateur gambien, accusé de diffamation, notamment par des personnes se sentant visées par des révélations autour entre autres du scandale pétrolier et de l’affaire Petro-Tim, Ousmane Sonko, après l’échec de toutes ces tentatives d’élimination politique, a été accusé en 2021 de viol et menaces de mort. (voir Ici). En dépit d’un dossier désespérément vide et des très nombreux indices accréditant plutôt la thèse d’une machination (entre autres déplacements de la « victime » assurés par le fils d’un cadre haut placé du parti présidentiel, livraison gratuite de repas provenant d’un hôtel chic du centre largement au-dessus de ses moyens, témoignage accablant d’un capitaine de gendarmerie dénonçant la fabrication de fausses preuves et témoignages de son entourage assurant qu’elle était « une fille facile qui n’a jamais hésité à trahir les copains avec qui elle était en couple pour tirer un profit matériel chez d’autres hommes ». ), les juges ont hier condamné l’opposant au régime à 2 ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ».
La réaction de la jeunesse, non corrompue et nombreuse à placer tous ses espoirs dans la candidature d’Ousmane Sonko aux présidentielles de 2024, a été immédiate… et violente, avec de nombreuses dégradations de biens publics, comme l’explique le pouvoir pour justifier l’extrême violence des forces de l’ordre et le bilan catastrophique de 9 morts, donné cette nuit par le ministre de l’intérieur dans un bref communiqué, qui annonçait en outre la « suspension de certaines applications d’où sont véhiculés des messages haineux ». Outres ces applications (WhatsApp, TikTok, Youtube, Signal, Facebook et autres), le pouvoir a également occulté le signal de la seule véritable chaîne d’opposition du pays : Walf TV. Il a pour cela fallu obtenir entre autres de Canal+ l’occultation de cette chaîne sénégalaise dans les bouquets proposés. Une telle occultation, ou un brouillage, du signal de Walf TV est chose relativement fréquente, mais toujours accompagnée d’un message assez neutre invoquant une coupure momentanée ou prétextant un problème technique. Cette fois, Canal+ a affiché un message plus explicite, voulant peut être affirmer qu’il ne soutenait pas cette décision, comme on peut le lire sur la photo : « il nous a été demandé de l’occulter ». Un premier signe lointain de lâchage de Macky Sall par Macron (via son copain Bolloré) ?
Cette énième tentative d’élimination du seul véritable opposant au régime risque bien d’être la goutte qui fait déborder le vase. Pour s’assurer un deuxième mandat, le président avait déjà manœuvré en 2017 pour éliminer les candidats risquant de le battre : Karim Wade, emprisonné puis exilé, et Khalifa Sall, condamné pour escroquerie, emprisonné puis libéré (après les élections). Ousmane Sonko ne représentait à l’époque encore que 15 % des intentions de vote et avait donc été « admis » avec deux autres candidats totalement insignifiant et inconnus, dont les scores ont avoisiné les 2 %. Macky Sall a donc été « triomphalement » élu dès le premier tour. Mais cette fois, Sonko a toutes les chances d’être le prochain président du Sénégal, il est donc impératif de l’éliminer par tous les moyens. Pas de prise en « flagrant du lit » mais une condamnation pour tentative de débauche d’une fille aux mœurs que tant de témoins qualifient de plus que légers. Manifestement trop tiré par les cheveux pour passer.
À suivre.