Les colonnes du quotidien « l’Obs » du lundi 4 mai donnent la parole au ministre sénégalais de la santé Abdoulaye Diouf Sarr, qui s’explique sur la gestion de la crise, sur ses relations avec le professeur Moussa Seydi, chef du centre des maladies infectieuses ou encore sur la « solution malgache ».
Après avoir dressé le bilan de deux derniers mois, avec une progression spectaculaire du virus depuis début avril, le ministre déclare que ses services restent sereins et « contrôlent les événements en termes de guérison, de capacité de coordination, de surveillance, de détection et de prise en charge », expliquant que « l’augmentation des cas est tout à fait normale car le pic de la maladie n’est pas encore atteint ». Questionné sur la possibilité d’un confinement total, le ministre de la Santé explique que ce n’est pas l’option adoptée par le comité national de gestion des épidémies, dont les experts bénéficient d’une confiance totale de la part du gouvernement. Ce sont eux qui recommandent la stratégie à retenir. Dans le domaine du dépistage, le Sénégal n’a pas opté pour un dépistage massif et explique que cela n’aurait pas beaucoup de sens : « Une personne testée négative le lundi peut être positive le mardi. Il faut voir l’option que la France vient de prendre pour tester les contacts à haut risque et tous les autres contacts confinés dans les hôtels : quand la stratégie sénégalaise est quelque part empruntée par la nouvelle stratégie française, c’est que nous avons fait un travail bien réfléchi. Nous poursuivons dans cette voie. »
Rappelons que le Sénégal, bien que restant ouvert à toutes les opportunités, soigne les patients avec le traitement du professeur Raoult dès le début de l’infection et que cela semble donner des résultats plutôt satisfaisants, comme en témoignent les études rétrospectives conduites au Sénégal (voir le billet précédent sur les déclarations du professeur Moussa Seydi https://blogs.mediapart.fr/ahg-randon/blog/020520/covid-19-dakar-manque-de-moyens-mais-pas-d-audace ), mais aussi dans d’autres pays. Le ministre refuse d'entrer dans toute polémique sur la « solution miracle » proposée par le président malgache (le Covid-Organics, voir https://blogs.mediapart.fr/ahg-randon/blog/290420/covid-19-l-artemisia-toutes-les-sauces) et dont les premiers lots sont attendus sous peu au Sénégal, laissant aux professeurs qui s’occupent du traitement le soin de décider de l’intégration ou non de cette solution. « Nous communiquerons là-dessus et informerons qui de droit quand cela sera fait ».
Si le peuple sénégalais reste très divisé quant à l’action du gouvernement actuel dans le domaine économique et social, il fait preuve d’une humilité exemplaire face aux questions médicales. Le ministre nous explique pourquoi : « Nous savons que la mission de combat du Covid-19 n’est pas seulement un combat médical, c’est surtout un combat du peuple. Pour cela, il faut que le peuple adhère. Et pour que le peuple adhère, il faut qu’il ait confiance. La base de la confiance, c’est la transparence. C’est pourquoi nous avons opté, dès le début, pour une transparence totale. »
Une stratégie de communication au fond plus proche de celle de Merkel que de Macron.