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En 1840, Faidherbe, avant de poursuivre son action criminelle en Afrique subsaharienne et encore occupé à conquérir l’Algérie, écrivait : « En dix jours, nous avons brûlé plusieurs villages riverains de la Taouey, pris 2 000 bœufs, 30 chevaux, 50 ânes et un important nombre de moutons, fait 150 prisonniers, tué 100 hommes, brûlé 25 villages et inspiré une salutaire terreur à ces populations. J’ai détruit de fond en comble un charmant village de deux cents maisons et tous les jardins. Cela a terrifié la tribu qui est venue se rendre aujourd’hui. »
Passant ensuite à la période qui suivit la conférence de Berlin, ce fameux partage du gâteau africain décidé entre occidentaux et auquel aucun chef du continent concerné n’avait été convié, l’auteur évoque la pratique généralisée de l’amputation des têtes, pieds et/ou mains, trophées qui devaient être rapportés au supérieur hiérarchique pour justifier de l’utilisation des cartouches manquantes. La colonne Voulet-Chanoine, que j’avais évoquée en 2020 dans Ce billet, est ensuite très largement abordée, mais surtout dans la perspective des réactions que cette expédition a provoquée auprès des autorités, du parlement, des militaires, des médias et de l’opinion publique à une époque dominée par l’affaire Dreyfus. Une analyse implacable des archives « oubliées » de cette « Belle Époque », si charmante en France et si sournoise dans la conduite de sa « mission civilisatrice » en Afrique. Rien n’échappe à l’auteur, de Faidherbe à Brazza, à Marchand, à Voulet et à la (fausse) restitution par Édouard Philippe en 2019 du sabre d’Omar Tall, dont des cinq décapités de Bakel servaient le fils Ahmadou.
Deux cents pages à dévorer sans modération.