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Billet de blog 31 juillet 2023

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Sénégal : Arrestation d’Ousmane Sonko : le parquet met le paquet

À en croire le procureur, Ousmane Sonko, arrêté vendredi dernier, serait de la trempe de Ben Laden, voire pire : « appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, actes et manœuvre de nature à compromettre la sécurité publique, vol ».

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Ousmane Sonko, principal opposant et candidat à l’élection présidentielle de 2024, vient à nouveau d’être arrêté vendredi dernier. Dans la foulée, le gouverneur de Dakar décrète que les deux roues motorisés seront interdits de circulation jusqu’à ce lundi soir (voir mon dernier billet) et que la vente de carburant en vrac est interdite. Selon le procureur, le vol de portable dont Sonko est accusé n’aurait été que « l’élément déclencheur de son arrestation, qui était de toutes façons imminente ». À la sortie de son domicile, le « terroriste » Sonko a en effet arraché le téléphone d’une gendarme qui était en train de le filmer, lui demandant ensuite d’effacer immédiatement la vidéo au nom du droit à l’image et du respect de la vie privée. En guise de réponse, Sonko a été arrêté.

En France, pays des droits de l’homme, l’événement semble être passé totalement inaperçu et n’a suscité aucun commentaire de la part de Jupiter ni d’ailleurs du reste de la classe politique, à l’exception de Jean-Luc Mélenchon, qui a tenu à dénoncer l’événement dans un tweet, salué par l’unique journal d’opposition du Sénégal (voir Jean-Luc Mélenchon réagit à l’arrestation d’Ousmane SONKO | Walfnet)

Les avocats de Sonko (qui a annoncé démarrer une grève de la faim et appelé les autres prisonnier politiques à en faire autant) avaient organisé hier une conférence de presse, à laquelle s’est présenté un invité surprise, l’avocat Juan Branco, recherché par les autorités sénégalaises pour avoir eu le toupet de déposer plainte à leur encontre auprès de la CPI pour crime contre l’humanité à la suite de la répression de juin (qui s’était soldée par une vingtaine de morts, suscitant la réaction indignée de l’Union européenne, de l’ONU, d’Amnesty international et de très nombreux pays, à l’exception bien évidemment de la France, dont le roitelet avait probablement d’autres chats à fouetter ou un barbecue à préparer avec Bolloré dans les jardins de l’Élysée).

Après un réquisitoire d’une dizaine de minutes à l’encontre du procureur (pour la vidéo complète, voir https://youtu.be/_o4DvuknXGI), ledit Juan Branco a disparu, traqué par la police. À l’heure où j’écris ces lignes, personne ne sait encore s’il a quitté le pays ou rejoint son client derrière les barreaux.

Rappelons qu’avant d’abandonner l’idée de se présenter pour un troisième mandat illicite, Le président sénégalais avait tenté de négocier son départ contre une prolongation son mandat de deux ans (voir cet article du 9 juin dernier, afin de pouvoir garantir les meilleures conditions de paix et de sérénité pour le scrutin. Plus tard, il a répondu aux journalistes que seule une situation de chaos mettant en danger la sécurité nationale pourrait justifier une décision de se maintenir en place.

Amitiés fraternelles.

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