
Poussez la porte du 76 rue Gabriel Péri en plein centre de Saint-Denis, à deux pas de la mairie et de la basilique. Dans un immeuble vétuste et sans eau, adossé à un séchoir classé du XVII° siècle qui menace de s’écrouler, vivent une quarantaine de familles depuis près de dix ans. Sans-papiers ou simplement exclus du logement social en raison d’un revenu trop faible ou de la discrimination raciste opérée par les bailleurs, ces familles ont trouvé là un refuge périlleux qui a déjà connu un incendie en 2004. Mais le principal danger a menacé les enfants : une trentaine d’entre eux sont atteints définitivement de saturnisme même si les plus gravement malades ont été aujourd’hui éloignés de l’immeuble
Depuis des mois, le comité de résidents et le comité de soutien composé d’organisations mais aussi d’habitants et de voisins réclament qu’une solution de relogement soit trouvée dans l’urgence et dans la dignité. Une telle solution passe bien sûr par la régularisation d’une cinquantaine de personnes en situation irrégulière, parents d’enfant malade, conjoints de personne en situation régulière, résidents parfois depuis très longtemps en France.

A force de mobilisation, de pétition, de conférences de presse, de rencontres avec le sous-préfet et le préfet de Seine Saint-Denis, appuyées par le député Patrick Braouezec, le maire Didier Paillard, Mouloud Aounit, le vice président du Conseil général Bally Bagayoko, des artistes comme Tiken Jah Fakoly et Layonne, les habitants du 76 Péri semblent obtenir satisfaction. Les 14 et 16 avril, 55 dossiers de régularisation sont déposés en sous-préfecture. En juillet on leur donne oralement l’assurance que 35 d’entre eux recevront une suite favorable. L’espoir renaît. Et les travaux palliatifs commencent sous la responsabilité de la DDE en attendant la mise en place d’une « MOUS »[1] et le relogement définitif à l’automne.
Tout l’été, tout le mois de septembre, les habitants ont attendus les récépissés promis en juillet. Pendant ce temps les travaux palliatifs sont menés à bien au mépris de l’état réel du bâtiment : appartement après appartement, les planchers s’écroulent. L’absurdité de la situation est totale : en écartant le danger sanitaire, on rend une partie de l’immeuble inhabitable.

Les habitants alertent les autorités, demandent à rencontrer le préfet, soulignent l’urgence qu’il y a à leur transmettre les récépissés avec autorisation de travail et à engager les procédures de régularisation promises, condition sine qua non à tout relogement.
Silence obstiné de la préfecture.
Les travaux se terminent. La responsabilité de l’Etat en matière de danger sanitaire est dégagée. Ils ne sont plus des interlocuteurs. A l’espoir succède le sentiment d’avoir été dupés ou trahis.
Le 7 octobre, 10 habitants ont décidé d’entamer une grève de la faim : « Pour garder l’honneur devant leurs familles, pour obtenir la possibilité de vivre décemment en France et pour exiger le respect de la parole donnée, il ne reste à ces hommes que leur corps. »
Visitez le site http://76peri.wordpress.com

photo Raphaële Bertho
[1] Maîtrise d’oeuvre urbaine et sociale