aleteitelbaum (avatar)

aleteitelbaum

retraité

Abonné·e de Mediapart

434 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 avril 2022

aleteitelbaum (avatar)

aleteitelbaum

retraité

Abonné·e de Mediapart

LE PEN ET  MACRON,  INDIGERABLES

L'approfondissement des contradictions insurmontables du système existant fait qu'il n'a plus rien à offrir aux classes populaires si ce n'est du sang, de la sueur et des larmes, et par conséquent son expression dans les institutions politiques est inévitablement anti-démocratique, autoritaire et liberticide.

aleteitelbaum (avatar)

aleteitelbaum

retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

LE PEN ET  MACRON,  INDIGERABLES 

Alejandro Teitelbaum 

Le premier tour des élections présidentielles a vu la quasi-disparition des deux partis de gouvernement, le socialiste (centriste, non de gauche) et le républicain de centre-droit. C'est la conséquence logique du fait que le temps est révolu où le système capitaliste pouvait faire des concessions à ceux qui vivent de leur travail et où les deux Parties pouvaient se présenter comme des arbitres entre les classes antagonistes. L'approfondissement des contradictions insurmontables du système existant fait qu'il n'a plus rien à offrir aux classes populaires si ce n'est du sang, de la sueur et des larmes, et par conséquent son expression dans les institutions politiques est inévitablement anti-démocratique, autoritaire et liberticide. Macron et Le Pen sont les mieux placés pour jouer ce rôle.

Mais l'infime minorité des plus riches a déjà élu Macron qui, venant du rein du capital financier, a amplement démontré son efficacité en la matière, sa loyauté absolue au grand capital et son absence de scrupules pour mentir et à faire de fausses promesses aux citoyens, qu'il méprise et prend pour des imbéciles. On pourrait dire que, contrairement à Le Pen, qui est socialement cavernicole et imprégné de racisme ethnique, Macron a le racisme de classe dans son ADN.

Une campagne féroce contre Le Pen a été déclenchée, impliquant la quasi-totalité de la classe politique, les médias et une multitude de bien-pensants qui se disent préoccupés par l'avenir des institutions républicaines, de la démocratie et des libertés publiques. Tous sont objectivement fidèles à la décision de la puissance économique de poursuivre avec les services de Macron. Parce que les déficits démocratiques et républicains s'aggravent depuis des décennies et que Macron dans son quinquennat a sanctionné la faillite de la République et de la démocratie. Et si Le Pen devait gouverner, elle n'aurait plus grand-chose à faire dans ce domaine.

Lors des élections de 2017 à l'Assemblée nationale, les résultats ont été les suivants : Inscrits 47 293 103, abstentions 27 128 488 (57,36%), votants 20 164 615 (42,64%). Les votes LRM 7 826 245 (16,55% du total des inscrits et 43,06% du total des votants). Députés LRM 306 (52% du total) Autres partis avec 10.300.000 voix 48% des députés) 

La dégradation progressive de la « démocratie représentative » peut se mesurer aussi analysant  la composition sociale de la Assemblée Nationale, où les classes populaires, et en particulier les travailleurs, n’ont jamais été représentés  en proportion à  leur poids démographique. Au cours des dernières décennies, la courbe de sa représentation a été descendante et, aujourd'hui, en ce qui concerne les travailleurs, elle est presque nulle.  

Par exemple dans la première Assemblée nationale d'après-guerre, les ouvriers et les employés représentaient 18,8% des députés, le taux le plus élevé depuis la création de l'Assemblée nationale en 1871. Déjà en 1958, ce taux était tombé à 4%,  en 1967 il est passé à 9% et en 2012 il était de 2%. Alors que dans la société française, les ouvriers et les employés représentent près de 50% de la population active. 

Dans l’Assemblée nationale actuel on compte un député d'origine ouvrière et 21 anciens employés sur 577 députés. Le nombre de cadres dirigeants est passé de 134 à 180, parmi lesquels les cadres issus du secteur privé sont désormais majoritaires (39% auparavant et 59% aujourd'hui). (industriels, chefs d'entreprises, professions libérales, cadres supérieurs, etc,) qui représentent entre 13% et 14% de la population. 

On peut donc dire que le taux de représentation des couches socio-économiques dans le parlement est inversé par rapport à la réalité sociale. 

En d'autres termes, les couches sociales les plus riches et les moins nombreuses sont surreprésentées et les plus nombreuses sont sous-représentées. 

Pour l'exercice de la fonction parlementaire, il existe donc un processus de recrutement sélectif et de classe qui passe par les instances politiques et pour les groupes sociaux  les plus puissants économiquement. 

Il devient de plus en plus clair que dans les conditions du capitalisme contemporain, monopoliste et impérialiste et en état de crise permanente, il n'y a plus de place pour la participation populaire aux prises de décisions, car les institutions étatiques et interétatiques sont pleinement fonctionnelles à  la reproduction et la préservation du système en vigueur. 

A cet éloignement - programmé par les gouvernants - des classes populaires des décisions politiques, s'ajoute l'affaiblissement des organisations syndicales, dont le taux d'adhésion est passé de 30% en 1949 à 10% aujourd'hui.  

Voici un exemple de la façon dont les médias et les bien-pensants peuvent mentir et semer la confusion pour que la décision du grand capital de renouveler le mandat de Macron soit exécutée et que la défense de la démocratie ne soit qu'un prétexte pour préserver le système  dominante. La Pen propose l'organisation de référendums pour décider des questions qu'elle juge importantes. Une proposition similaire est faite par La France Insoumise, dont le programme inclut - à juste titre - la réforme de la Constitution et la fondation de la Sixième République. Attaquant la proposition de Le Pen Le Monde écrit  Marine Le Pen veut gouverner par référendum en contournant le Parlement et le Conseil constitutionnel 

Et dans Mediapart, la journaliste Lucie Delaporte écrit  

Avec sa « révolution référendaire », Marine Le Pen se prend les pieds dans la démocratie 

…les solutions qu’elle propose appartiennent bien à la tradition antidémocratique de l’extrême droite. « Je propose ici une révolution référendaire », a-t-elle affirmé, expliquant qu’elle avait un « projet de loi prêt à l’emploi » avec une révision de la Constitution qu’elle propose de « soumettre au peuple français, qui doit décider lui-même d’instaurer cette nouvelle ère démocratique ». 

…Sa volonté de systématiser le référendum appartient à une tradition plébiscitaire qui n’a rien de démocrate. « La tradition plébiscitaire est tout sauf démocratique puisqu’elle établit un lien direct entre le dirigeant et le peuple en écrasant l’espace des corps intermédiaires, du parlement, des partis politiques, des associations, c’est-à-dire tout ce qui fait le tissu social, souligne le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Le “peuple” est aussi appelé à s’exprimer dans le cadre d’une question posée de façon binaire à laquelle il ne peut répondre que par oui ou par non. » 

Pour le journaliste Delaporte, la Suisse ne doit pas être un pays démocratique, puisque des référendums sont fréquemment organisés sur diverses questions et que seules 100 000 signatures sont nécessaires pour déposer une initiative populaire. 

Pour le constitutionnaliste Dominique Rousseau, (reportaje en el diario Libération), le projet de la candidate d’extrême droite viserait à contourner le Parlement et le Conseil Constitutionnel, briserait l’équilibre des pouvoirs. Monsieur  Rousseau ajoute : Le général de Gaulle, en effet, a utilisé ce biais. En 1962, il est passé par l’article 11 pour modifier la Constitution directement par référendum, afin de permettre au président de la République d’être élu au suffrage universel.  

A l’époque, le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel avaient dénoncé cet usage, arguant du fait que seul l’article 89 – qui exige l’accord de l’Assemblée et du Sénat – permet de modifier la Constitution. De Gaulle était passé en force, 

Inexact. Le Conseil constitutionnel a décidé que cela ne relevait pas de sa compétence et a ajouté au paragraphe 3 de sa décision : 

Considérant que cette interprétation résulte également des dispositions expresses de la Constitution et notamment de son article 60 qui détermine le rôle du Conseil constitutionnel en matière du référendum et de l'article 11 qui ne prévoit aucune formalité entre l'adoption d'un projet de loi par le peuple et sa promulgation par le Président de la République ;(https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/1962/6220DC.htm) 

Il convient d'ajouter que la procédure la plus appropriée pour réformer la Constitution, qui respecte la participation populaire et qui est pratiquée dans différents pays, est que, une fois qu'il a été décidé de procéder à la réforme, une Assemblée est convoquée et élue au scrutin proportionnel spécialement à cet effet. 

Quant aux consignes de vote, il ne faut pas s'étonner que la plupart des dirigeants des partis de centre-droit et centristes (Les Républicains et les socialistes) appellent à voter pour Macron. Il est par contre déplorable que LFI - sans attendre le résultat de la consultation de ses adhérents - participe au barrage de Le Pen sans encourager l'abstention ou le vote blanc et invite donc de fait à voter pour Macron et parle même de cohabitation avec ce dernier. Ils ne doivent pas ignorer que Macron, l'ennemi manifeste des classes populaires, on ne peut et ne doit pas négocier. La seule chose à faire est de le combattre. --------------------------------------------- 

Voir :
Alexandre ANIZY
- Il ne faut pas voter Macron - https://blogs.mediapart.fr/alexandre-anizy/blog/120422/il-ne-faut-pas-voter-macron 

Alejandro Teitelbaum- ABSTENTION POUR  SECOUER ET  MOBILISER LES CONSCIENCES - https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/120422/abstention-pour-secouer-et-mobiliser-les-consciences 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.