Silence complexe ou complice? Je ne suis pas allé manifester. Je n'ai pas hurlé. J'abhorre l'utilisation qui est faite par certains du conflit israélo-palestinien.
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Il me semble tellement complexe de commenter l'actualité israélo-palestinienne depuis la France. Nous savons depuis longtemps, oh! combien est difficile à traiter cette question dans notre pays. Elle renvoie qu'on le veuille ou non au conflit entre la France et l'Algérie ainsi qu'à la guerre civile algérienne elle-même. A travers l'affrontement proche oriental, la France rejoue son propre conflit intérieur dans lequel se mêlent le colonialisme , l'antisémitisme, l'islamophobie, le vécu des rapatriés d'Algérie, celui de l'immigration maghrébine, le regret toujours vivace de la terre abandonnée, du pays natal quitté de gré ou de force, de la traversée permanente de la Méditerranée, que sais-je encore...
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La percée militaire de Tsahal dans la bande de Gaza est investie par tant et tant de fantasmes et de souvenirs, de blessures et de frustrations, que ce ne sont plus des images que nous recevons mais des aiguilles et des gouttes d'acide dans les yeux. (voir l'article de Fabrice Arfi)
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La souffrance des gazaouis est bien réelle. Elle n'a pas besoin d'être porteuse d'autres souffrances. Le conflit, l'intervention militaire sont vraies. Ils n'ont pas besoin d'être les vecteurs d'autres conflits.
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La menace qui pèse sur la sécurité d'Israël est réelle. Elle n'a point besoin d'être instrumentalisée pour affirmer telle ou telle appartenance communautaire ici, telle ou telle intérêt pour la politique là-bas.
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La condamnation de l'intervention militaire et l'occupation qui s'en suit est respectable et nécessaire mais elle ne doit pas être le prétexte au retournement pervers qu'illustre l'association de la croix gammée et du drapeau d'Israël comme on a pu le voir ou l'entendre dans certaines manifestations.
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La seule chose que l'on sache vraiment aujourd'hui et qui est la raison raisonnable de toute émotion face à la tragédie et aux images des victimes innocentes, est que "la montée aux extrêmes" domine la raison là-bas.
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J'ai préféré le silence. Un lourd et pénible silence que l'on pourra, espérons-le, un jour accuser d'avoir été complice de la paix.
Qui sait ?