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Billet de blog 18 avril 2024

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OfffffSprrrrinnnnguueuuuh

Les RS sont un bon lieu pour prendre le pouls de la société. Aujourd'hui nous allons parler d'un tatouage qui fait couler nombre de tweets dans la rivière embourbée qu'est X. Le sujet est chaud car on touche à la Police Nationale. On va voir ensemble comment un tatouage arrive à cristalliser tous les maux de la société. Je vous propose ici un point de vue pour vous faire réfléchir au-delà du buzz.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cela fait fait un moment que je n'ai pas écrit ici faute de temps. Je travaille sur un projet très complexe qui, je pense, ne manquera pas de vous intéresser et qui rejoint finalement le sujet de mon billet du jour : la perte des repères dans la société.

Comme tout billet, je m'inspire d'événements qui peuvent sembler anodins à la majorité mais qui reflètent à mon sens l'état de notre société. L'an dernier je vous avez alerté sur les dangers de Thaïs d'Escufon et si on regarde aujourd'hui la situation, on voit que malheureusement ce n'était pas un épiphénomène anodin, juste l'arbre qui cache la forêt du business masculiniste qui est en plein essor, parallèlement à l'essor de l'extrême-droite.


Alors ce qui m'amène aujourd'hui à reprendre le clavier, c'est un tatouage qui a fait le buzz hier sur X. L'affaire paraît simple. Un citoyen se fait contrôler et il est impacté par le tatouage du policier. Comme dans tout débat, on s'est retrouvé embourbé dans le manichéisme le plus total. Sauf que tout ceci me paraît bien plus complexe que quelques tweets dénués de sens sur sur un RS qui ressemble plus à une arène de combat qu'à un haut lieu d'échange intellectuel et structuré.

L'objet du buzz est donc ce tatouage. Je vous laisse le regarder et je vous laisse avant de continuer à me lire à vous interroger sur le sentiment qu'il provoque en vous. Car c'est justement sur ce sentiment, sur le rapport que nous avons aujourd'hui à un visuel qu'il faut nous pencher.

Illustration 1
Logo Offspring tatoué sur la main d'un agent de police

Donc ce tatouage représente le symbole hyper marketé d'un groupe de rock des années 90-2000. On peut carrément utiliser le terme de logo car c'est ce que c'est. Désolé de casser le rêve des fans nostalgiques de leur adolescence mais appelons un chat un chat. Ce logo a été créé en 2000 par Alan Forbes pour l'album Conspiracy of the One du groupe The Offsprings. Jusqu'ici vous me direz donc que cet agent des forces de l'ordre est un ancien fan qui porte sur lui les séquelles de sa jeunesse mouvementée. Fin de l'histoire. Effectivement on pourrait conclure à cela et passer sereinement à un autre buzz car tout l’intérêt du buzz c'est que les gens ne se posent jamais. Si on se pose quelques instants on risque de réfléchir un peu plus loin que la première explication logique qui nous vient en tête.

Ce que je vais écrire ici ne préjuge en rien de qui est la personne qui porte ce tatouage. Je suis moi-même tatouée de partout et je ne viens donc pas faire la mère la morale sur ce point. Cette personne est certainement une personne très bien mais elle a posé, malgré elle, des questions de société que je vais développer dans ce texte.

Donc ce logo de The Offspring a été volontairement créé et conçu de telle façon a être tatoué. La peau devient un support de communication permanent. C'est intéressant car on considère qu'Offspring serait un groupe très à gauche mais il suffit de gratter un peu pour se rendre compte que les valeurs sont plutôt celles du capitalisme le plus cynique du moment où votre corps devient un panneau publicitaire. Si le policier me lit ou tout autre personne tamponnée avec le dit logo me lit, je m'excuse de vous casser vos rêves. J'utilise le terme de tamponné car cela me renvoie vers les festivals qui vous collent un gros tampon sur le dos de la main.

D'ailleurs cette notion de logo encré dans la peau vous la trouvez dans un clip d'un autre musicien, feu Avicii avec Wake me up.

Avicii - Wake Me Up (Official Video) © AviciiOfficialVEVO

Pour revenir à notre logo tatoué sur la main de l'agent des forces de l'ordre, le débat a été lancé par une personne qui y a vu Punisher. D'ailleurs c'est la première chose qui vient en tête à beaucoup, y compris chez moi. On pourrait bêtement en rire tel Vincent Flibustier dont le fonds de commerce est de se foutre de la gueule du monde. Le mien ne se situant pas à ce niveau, on va analyser ensemble une réaction très intéressante dans le contexte actuel.

Illustration 3
Tweet de Vincent Flibustier

On va d'abord résumer l'histoire : « un citoyen se fait arrêter pour un contrôle et il prend peur en voyant la main du policier qui affiche un crâne en flamme à l'allure menaçante. Il fait une photo pour alerter et se fait bad buzzer par tous les petits malins premiers de la classe en partant par le fond qui hurlent en meute : "Hou hou hou espèce d'idiot tu connais pas OfffffSprrrrinnnnguueuuuh" »

Déjà ce n'est pas une obligation de connaître The Offspring et ses logos. Ce n'est pas un indispensable pour vivre. Un nombre incalculable de Français n'ont jamais lu Albert Camus et personne ne vient les shamer. Et j'ose croire qu'Albert Camus et plus indispensable à l'humain que The Offspring. Soit, vous direz que j'ai un mépris culturel et patati et patata. Je remets juste l'église au centre du village et l'ordre de priorités intellectuels. Bref, on peut avoir oublié Offspring parce qu'on n'est plus vraiment ado et que ce dessin date d'il y a 24 ans quand même.

C'est là qu'intervient un autre questionnement : ce visuel n'est pas un visuel universel par contre ce qu'il apporte en part d'universalité c'est l'agressivité. Ce n'est pas un tatouage gentil, qu'on le veuille ou non. La première impression de tout individu normalement constitué c'est d'avoir un mouvement de recul face à une main d'agent des forces de l'ordre tatouée avec un crâne démoniaque. Imaginez, vous avez votre gosse à l'arrière de la voiture, l'agent passe sa main par la fenêtre pour vous demander vos papiers. Votre gosse de 5 ans ne connait pas Offffspringueuuuuh mais voit le crâne en feu. Sorry les gars, mais non ça ne le fait pas. Pas du tout même. C'est là que se pose la question éthique. Les tatouages dans la police sont acceptés sauf s'ils sont d'ordre religieux, politique, etc. Mais quid du crâne ? Le message qui est renvoyé quand c'est sur une main n'est pas d'emblée un message rassurant. Offffspringueuuuuh ou pas car je me répète : connaître le logo de ce groupe n'est pas quelque chose d'universel. Ce n'est pas au citoyen de connaître une référence mais bien à l'agent représentant les forces de l'ordre de rassurer le citoyen. Je ne pense pas qu'une imagerie agressive rassure quiconque à part les masculinistes d'extrême-droite. Et dans le fond, je me fiche de savoir si The Offspring est de gauche, de droite ou neutre. J'analyse l'image car l'image est mon métier. Si une image a besoin d'une référence pour être décryptée différemment de ce qu'elle renvoie c'est que de facto, il y a un problème. Donc pour moi, savoir que c'est l'emblème d'Offspring ne change en rien le questionnement qui est justifié car il a occasionné une réaction de peur chez quelqu'un.

Illustration 4
Boucles de ceintures vendues en lot

On peut aussi discuter sur la Svatiska en disant que la sénestrogyre est un symbole positif indien et que c'est la dextrogyre qui est un symbole maléfique nazi. On s'en fout d'avoir la référence car la réalité c'est que quand vous voyez une svatiska qu'elle soit sénestrogyre ou dextrogyre votre perception vous renvoie une seule et unique image, un symbole de mort. Donc il faut bien comprendre et intégrer cela :

  • Une référence est une chose limitée à quelques initiés à un instant t (qui se rappellera ce dessin dans encore 25 ans ? Qui se rappelle le symbole indien de base ? etc.)
  • Une image avec ou sans la référence va distiller un message et ce qui compte au final ce n'est pas la référence mais bien le message perçu par le plus grand nombre. Ce message est intimement lié à un imaginaire collectif et/ou à des faits marquants au niveau de l'humanité. La tête de mort n'a jamais été un symbole positif. Il y a peu de chance qu'elle le soit un jour.
  • Une interprétation de message est liée au contexte. Quand le crâne est sur un représentant de l'autorité cela génère plus de peur que sur un employé BNP Paribas.
  • Le lieu de représentation de l'image est important. Ici c'est sur la main, ladite main est à proximité d'une arme à feu. Vous avez un combo gagnant.

Maintenant on va parler un peu de la confusion qui est faite avec The Punisher. Si on colle les deux images côte à côte on se rend compte que visuellement nous sommes très proche. Rappelons le contexte : le logo est créée en 2000, nous sommes en 2024. Que s'est-il passé durant ces 24 années ? Un tas de choses et pas forcément des plus agréables ni pour le citoyen ni pour la police.

Illustration 5
Même un enfant de 5 ans pourrait reconnaître le gentil du méchant tellement c'est flagrant, non ?

Rappelons aussi qui est The Punisher car là aussi, il n'y a aucune obligation légale à connaître l'univers Marvel. The Punisher est un anti-héros qui incarne l'esprit de vengeance et la justice personnelle. Il dispose d'un arsenal impressionnant et préfère torturer et/ou exécuter ses victimes plutôt que de les remettre à la justice. C'est pas très beau et c'est assez flippant quand on sait que les forces de l'ordre, d'abord aux US (vers 2010) avant de se propager ailleurs, décident d'intégrer ce personnage comme emblème. Le mouvement "Blue Lives Matter" se créé en 2014 dans la foulée des émeutes de Ferguson liées à la mort de Michael Brown, un jeune homme noir de 18 ans abattu par un policier. Suite à cela, deux policiers ont eux aussi perdu la vie à Brooklyn quelques mois plus tard.

  • 09 août 2014 : mort de Michael Brown
  • Août 2014 : Premières émeutes de Ferguson avec une police très violente qui tire sur des médias et des journalistes
  • Décembre 2014 : un afro-américain tue deux policiers à Brooklyn, New York, afin de venger la mort de Michael Brown et d’Eric Garner, tué en juillet 2014 par la police.

Cet article du Monde en dit plus.

C'est donc une loi du talion qui s'est appliquée. Un mort civil pour un mort dans la police. Les policiers de New York lancent donc le mouvement "Blue Lives Matter" qui reprend le visuel de la "Thin Blue Line" qui est elle-même un dérive de la "Thin Red Line" faisant référence à une bataille en 1854. Ce symbole à été repris par l'extrême-droite depuis. Vous pouvez en savoir plus ici. La "Thin Blue Line" est devenue un symbole d'extrême-droite depuis sa reprise par Trump et Qanon.

Pour rappel, le général Alain Pidoux s'est adressé aux encadrants de la Gendarmerie :

« En février 2021, j’avais été amené, en qualité de référent déontologue, à émettre un avis sur le port, sur les tenues de service, de l’emblème du mouvement “the thin blue line”, écrit le patron de l’IGGN dans un message également rapporté par l’Essor de la gendarmerie. J’attire aujourd’hui votre attention sur le fait que cet avis demeure totalement d’actualité, et qu’il n’est pas inutile de faire les rappels nécessaires et, éventuellement, de relever les manquements consécutifs à la fois au port d’un insigne non réglementaire sur la tenue, mais aussi à la violation du devoir de réserve et de neutralité. »

Retrouvez les articles de Libé ici et ici.

Illustration 6

La "Thin Blue Line" entre donc dans l'imagerie de l'ED et pour masquer cela, on va se trouver avec un tas de petits tatouages gentils. On voit via ces images de petit cœur ou de Mickey que se cache derrière une idéologie de vengeance et d'Extrême-droite. Donc là aussi c'est trompeur car tout symbole de l'ED n'est pas forcément un symbole agressif de premier abord. Tout symbole même le plus gentil peut devenir un signe de reconnaissance pour une idéologie moins gentil.

Illustration 7

D'ailleurs, on voit aussi dans la photo ci-dessous le personnage de l'Etrange Noël de Mr Jack accolé au logo du mouvement "Blue Lives Matter".

Illustration 8

Vincent Flibustier rit de Mickey ou du logo de Pearl Jam mais cette démarche, à part prendre les gens pour des cons, ne les fait pas vraiment réfléchir. Non Vincent, on ne voit pas l'ED partout par contre l'ED utilise beaucoup de référence de la culture pop afin de passer pépouze son idéologie.

Donc pour revenir à notre histoire, le principal emblème du mouvement "Blue Lives Matter", en plus de la "Thin Blue Line", c'est le Punisher. Aujourd'hui quand on voit un Punisher sur un tatouage, on aurait surtout envie de prendre ses jambes à son cou car oui ça fait peur et oui on ne se sent pas en sécurité. Clairement.

Illustration 9
Patch vendu sur un site d'équipement de police

L'image du Punisher est grillé au niveau mondial car il y a eu un tas d'articles sur le sujet. En voici un sur le Huffington Post.

Le Punisher c'est clairement foutu dans l'imaginaire collectif malgré le fait que le créateur du personnage a tout fait pour récupérer son personnage qui à la base n'a absolument aucune connotation d'extrême-droite étant donné que c'est un personnage de comics.

C'est aussi le cas de Pepe the Frog, devenue un symbole de l'extrême droite. Là aussi son créateur a essayé de récupérer en vain son personnage et finalement comme il n'a pas pu le faire, il a décidé de le tuer symboliquement en 2017. On voit donc clairement que l'origine des symboles et leur utilisation par l'extrême-droite divergent. Mickey peut devenir un symbole de l'ED comme Pepe the Frog. Nul n'est à l'abri. Tout symbole peut être dévoyé. C'est ce qui floute les repères.

Illustration 10
Mème de Pepe the Frog utilisé par l'ED

C'est là où l'on va s'interroger de nouveau sur le logo de The Offspring. Sa proximité visuelle avec le Punisher en fait un bon candidat pour une reprise par l'ED. Sous couvert de musique, on peut en toute objectivité avoir le droit de se poser la question de savoir si on est face à une reprise par l'ED d'une imagerie issue de la culture pop. Je ne dis pas que c'est le cas mais c'est une hypothèse qui existe et qui est loin d'être farfelue. Ridiculiser ce questionnement n'apporte absolument rien de positif. C'est là où il faudrait suivre avec attention si brusquement nous avons un regain de passion pour The Offspring au sein de la police US et du reste du monde. Car soyons honnête, plus personne ne s'est tatoué ce genre de logo depuis plus de 10 ans, surtout que c'est le modèle premier de 2000 qui a été ensuite remplacé par un autre modèle. L'extrême-droite a dévoyé tous les symboles. C'est comme l'image AI. Nous sommes toujours dans l'insécurité à devoir démêler le vrai du faux.

Mais pour sortir de suppositions, il serait intéressant de connaître l'histoire réelle de ce tatouage. Le problème posé dans le cadre d'une telle situation, c'est que nous sommes face à un fait mais que nous ne pouvons pas vraiment établir l'intention ni dater le tatouage. D'où l'importance que j'accorde non pas à la référence mais au sens du visuel et son interprétation par des tierces personnes. C'est là où doit se situer le débat. Nous ne devons pas accuser le policier mais nous ne devons pas sous-estimer l'impact de ce visuel sur ceux qui le voient.

C'est évident aussi que l'image du RN s'impose à nous de facto dans cette situation. Le vote RN au sein de la police n'est un secret pour personne. C'est une réalité. Inquiétante car au-delà de l'analyse du racisme qui en est une composante, il y a aujourd'hui un vrai blocage entre les autorités, le gouvernement et le citoyen et ce n'est pas en faisant semblant que ça n'existe pas que ça réglera le problème. On est face à une police de plus en plus sollicitée avec de moins en moins de moyens, on est face à une paupérisation de la population, une partie des gens sont abandonnés à eux-mêmes sans aucune perspective d'avenir. Il n'y a plus de rêves ni d'avenir. Et c'est ce que fait le RN qui vend un modèle de France glorieuse et fictive, la France béret-baguette. Le gros du vote est là. Les policiers se rêvent digne dans leur statut et leur uniforme et le citoyen se rêve impliqué dans un projet national. Leurs rêves ne sont pas mauvais en soit mais le chemin d'accès qui le promeut, le RN, n'est qu'une chimère, une boîte de Pandore, l’espérance en moins. La population a besoin de retrouver du sens dans ce qu'elle fait. Malheureusement, cela n'est pas près d'arriver car nous sommes sur un marché mondial capitaliste qui tend à remplacer l'humain par la machine. Un jour la police sera remplacé par des drones et des chiens robots comme cela commence déjà à être le cas ailleurs. Et entretenir la haine ne fait qu’accélérer ce processus. Au lieu de donner des moyens humains, on durcira l'autorité via la machine. Tout le monde sera berné.

Pour finir nous allons nous intéresser à ce que dit la loi. C'est une circulaire émise par la DGPN le 12 janvier 2018 qui apporte un début de réponse :

«  Les tatouages, qu'ils soient permanents ou provisoires, ne sauraient être admis dès lors qu'ils constituent un signe manifeste d'appartenance à une organisation politique, syndicale, confessionnelle ou associative ou s'il porte atteinte aux valeurs fondamentales de la Nation (…).

Les tatouages visibles du public qui n'entrent pas dans la catégorie précédente ne doivent pas dénaturer ou compromettre la relation du policier avec les usagers. Le cas échéant, ce tatouage sera masqué quelle que soit sa tenue lorsque le policier est en contact avec le public ou lorsqu'il est en tenue d'uniforme. »

Illustration 11

La question est de savoir si ce tatouage est d'ordre à dénaturer la relation de l'agent avec les usagers.

Ceux qui connaissent Offspring, riront grassement et se moqueront des usagers qui eux n'ont pas la référence du tout ou pas sur le coup. Qu'est ce qui prime ici ? La référence ou le message universel du dessin ?

Le citoyen n'a pas l'obligation de connaître les références musicales de l'agent et le visuel est agressif qu'on le veuille ou non. Se retrouver face à un crâne en flamme avec un sourire maléfique ne provoque pas confiance. La majorité des jeunes aujourd'hui n'ont pas connu Offspring et ne voient que le crâne qu'ils interprètent comme une menace et ce à raison car ils ont la référence du Punisher en tête.

Je ne remets aucunement en question le travail de cet agent qui est certainement très sympathique et qui doit faire face à plein de difficultés au quotidien. Toutefois je ne sais pas s'il est conscient ou pas que son tatouage peut générer de la peur et de l'appréhension au sein des personnes qu'il peut interpeller, même pour un simple contrôle de routine. Ce n'est ni la faute de l'agent ni celle des usagers. C'est la faute d'un manquement politique et d'une situation dégradée. C'est ici que l'on se rend compte à quel point les temps changent car en 2000, quand ce dessin est apparu, personne n'aurait imaginé en arriver là. 2000-2024, 24 ans qui n'ont fait que dégrader le rapport de confiance entre le citoyen et la police et entre la police et le citoyen. Vu de chaque côté, chacun a peur de l'autre. Et là c'est le rôle du gouvernement ou des institutions de prendre des mesures afin de rétablir la relation de confiance aussi bien pour la sécurité de ses agents que des citoyens. Il n'y a que de cette façon qu'on empêchera l'extrême-droite de venir semer les graines de la haine entre chacun. Mais c'est mal barré.

Ces 24 ans de dégradation ne sont pas dû au wokisme comme diront certains, wokisme qui cancellerait Offspring. C'est la conséquence d'une société qui vit dans la violence permanente depuis bien trop longtemps. Cette société aujourd'hui ne supporte plus cet état de faits. L'imagerie violente est associée intimement à la peur. Cet événement pas aussi anodin que ça est révélateur de l'état catastrophique où l'on se situe. Et tout ce qu'on nous propose c'est plus d'autorité, plus de sévérité mais jamais du dialogue, jamais de la réflexion. On préfère jeter de l'huile sur le feu car la peur ramène du vote. La peur du policier de se faire tuer, la peur du citoyen de se faire tuer, la peur que le RN soit au pouvoir, la peur partout. Nous sommes gouvernés par la peur. Alors oui, je le dis on s'en contrefout d'Offspring. Le sage montre les étoiles et l'imbécile regarde le doigt.

Concernant le tatouage sur le doigt, je ne me prononcerai pas vu que je ne discerne pas clairement de quoi il s'agit.

Chaque buzz merdique de X cache souvent un sujet plus profond qui mérite de s'interroger quelques instants car si on veut un monde plus apaisé nous devons perpétuellement remettre les choses en question.

Sur ce à bientôt pour d'autres analyses!

NB : On me précise que l'agent de police en question intervenait sur un accident ce qui, dans le fond, ne change rien. Mais je le rajoute pour ne que l'on dise que je travestisse l'histoire. 🙂

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