Une réflexion qui m'a été faite à propos de mon billet d'hier me fait penser que je n'ai peut-être pas été assez clair — ou même pas clair du tout — sur la différence que je fais entre "croire" et "avoir foi". L'occasion m'en étant donnée aujourd'hui, je vais donc essayer de préciser ces points.
Généralement, et grosso modo, on appelle croyants les gens qui pensent que la mort n'est pas la fin de la personne. Cette croyance peut prendre diverses formes. Les monothéismes héritiers du judaïsme croient en une âme distincte du corps, qui lui survit à sa mort, et qui vivra alors éternellement dans une sorte de félicité sans limites. D'autres croient que cette âme reviendra d'abord de nombreuses fois dans d'autres corps, avant d'avoir droit à cette même félicité, plus vue alors comme une sorte de fusion avec "Dieu", comme un fleuve qui viendrait s'unir à la mer. Assez proches de ces derniers, mais sans les cycles successifs de réincarnation, les animistes croient que l'âme vient se fondre dans la grande âme de l'univers, tout en en restant en partie distincte.
Il s'agit bien sûr de croyances, en ce sens que nul ne sait avec certitude ce qu'il se passe lorsque nous mourons. Et puisque nul ne sait avec certitude ce qu'il en est, affirmer que lorsqu'on meurt on disparaît complètement, point final, c'est donc bien aussi une croyance, la croyance de l'athéisme, exactement au même titre que les autres croyances, qu'on peut appeler les croyances religieuses.
Avoir foi, c'est presque l'inverse des croyances. Quand on adhère à une croyance, c'est précisément parce qu'on ne supporte pas cette incertitude : est-ce que mes proches, ceux que j'ai tant aimés dans ma vie, qui ont tellement compté pour moi, disparaissent définitivement lorsqu'ils meurent ? ou pas ? et moi-même, vais-je aussi subir ce même sort ? ou non ? Alors, comme on n'arrive pas à rester dans le doute, on choisit une des deux options — un peu au hasard, et en fonction des influences culturelles dont on a hérité — et on s'y tient comme à une certitude.
Mais "avoir foi", ce n'est pas du tout ça. Avoir foi, c'est précisément, face à l'inconnu, d'accepter de ne pas faire ce choix arbitraire du croyant athée ou religieux, mais tout en restant dans la confiance. Car c'est ce que veut dire le mot "foi" : faire confiance. Et c'est sûrement bien plus difficile que de croire :
« Voici, celui-ci est posé
pour la chute et pour le relèvement
de beaucoup en Israël :
pour signe de contestation.
Et toi, ton âme sera transpercée d'un glaive
– afin que soient révélées
chez beaucoup les réflexions des cœurs. »

Et quand sont accomplis les jours de leur purification,
– selon la Loi de Moïse, –
ils l'amènent en haut, à Iérousalem,
pour le présenter au Seigneur,
– comme il est écrit dans la Loi du Seigneur :
tout mâle ouvrant la matrice
sera appelé saint pour le Seigneur, –
et pour donner en sacrifice,
– selon ce qui est dit dans la Loi du Seigneur –
une paire de tourterelles ou deux poussins de colombes.
Et voici : il était un homme à Iérousalem
du nom de Syméon.
Cet homme juste et fervent
attendait la consolation d'Israël,
et l'Esprit saint était sur lui.
Il avait été averti par l'Esprit saint
qu'il ne verrait pas la mort
avant d'avoir vu le Messie du Seigneur.
Il vient dans l'Esprit au temple,
juste comme les parents font entrer le petit enfant Jésus
pour faire selon la pratique de la loi sur lui.
Et lui le prend dans le creux de ses bras,
il bénit Dieu et dit :
« Maintenant tu délies ton serviteur,
Maître, selon ton mot, en paix.
Parce que mes yeux ont vu ton salut
que tu as préparé à la face de tous les peuples :
lumière pour une révélation aux nations
et gloire de ton peuple Israël. »
Son père et sa mère
sont étonnés de ce qui est dit de lui.
Syméon les bénit
et dit à Marie sa mère :
« Voici, celui-ci est posé
pour la chute et pour le relèvement
de beaucoup en Israël :
pour signe de contestation.
Et toi, ton âme sera transpercée d'un glaive
– afin que soient révélées
chez beaucoup les réflexions des cœurs. »
Et il y avait Anne, prophétesse !
Fille de Phanouël, de la tribu d'Aser,
elle est avancée en jours nombreux,
ayant vécu avec son mari
sept ans après sa virginité,
puis, veuve, jusqu'à quatre-vingt-quatre ans.
Elle ne s'écarte pas du temple,
dans les jeûnes et implorations,
adorant nuit et jour.
À cette heure même elle se présente,
à son tour elle louange Dieu,
et parle de lui
à tous ceux qui attendent
la délivrance de Iérousalem.
Et quand ils ont tout accompli
selon la loi du Seigneur,
ils reviennent en Galilée dans leur ville, Nazareth.
Le petit enfant croissait, se fortifiait,
empli de sagesse.
Et la grâce de Dieu était sur lui.
(Luc 2, 22-40)