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Billet de blog 12 avril 2022

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Votants de Mélenchon, encore un effort ...

Il serait bon que la déception compréhensible de ceux qui ont cru en cette démarche insoumise refuse l'intoxication du ressentiment et de la chasse au bouc émissaire et, ainsi, se réoxygène à la réflexion politique raisonnablement critique mais aussi autocritique. Histoire de donner corps à l'antifascisme anticapitaliste dont nous aurons besoin après le second tour !

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Mélenchoniens, libérez-vous de la soumission aux impasses politiques et organisationnelles de la campagne Mélenchon qui sont la cause première de votre déception !

Suite au troisième échec de Jean-Luc Mélenchon d'arriver au second tour de la présidentielle, certains de ses partisans et quelques ralliés à sa candidature enragent d'être passés cette fois si près de la qualification. Et, n'en pouvant plus, s'adonnent aux facilités inquiétantes de la chasse au bouc émissaire responsable de cet échec. Inquiétantes facilités de par ce que s'y signifie une dépolitisation ou sous-politisation se donnant à voir paradoxalement, autre facilité, cette fois-ci assez ridicule, comme surpolitisation donneuse de leçons et distributrice des mauvais points . Ce travers en dit long sur l'habitus politique mélenchonien du verticalisme de pensée et d'organisation qui, comme l'a très bien analysé le sociologue Manuel Cervera-Marzal (référence à trouver dans le billet dont je donne l'extrait ci-dessous), réserve au Chef insoumis et à son petit noyau de fidèles, le privilège exclusif de donner le cap de l'orientation et des choix politiques que ceux qui le suivent n'ont d'autre choix que d'adouber et de relayer ... sans aucune discussion.

Ce caractère foncièrement antidémocratique du mélenchonisme et de son outil "gazeux" qu'est LFI disqualifie la prétention à faire la leçon aux "irresponsables" qui ont refusé précisément ce à quoi les adhérents et votants insoumis...se soumettent : leur suivisme quant à la définition des choix politiques qu'ils ne sont que conviés à approuver, suivisme qui est au coeur du ralliement auquel conviait le "vote utile". Par où il se découvre que la campagne électorale de Jean-Luc Mélenchon a été foncièrement électoraliste, au sens le plus détestable de ce que la Ve République induit, à savoir l'hyper-personnalisation du politique dans l'autre paradoxe d'être une hyper-dépolitisation. Ce qui, paradoxe dans le paradoxe, déconstruit la citoyenneté tant revendiquée par LFI du ... citoyen, radicalement éloigné qu'il est de fait du pouvoir de peser sur le pouvoir à l'oeuvre dans la campagne électorale. Toutes choses qui reproduisent les mécanismes systémiques d'assujettissement que l'on prétend combattre.

Dans les lignes qui suivent, extraites du billet de mon blog de Mediapart, sur la nécessité de rejeter le vote utile auquel il nous était fait injonction de nous plier, j'aborde ce qui, dans tout ce que je viens d'énoncer, se vérifie dans la responsabilité essentielle qu'a assumée Jean-Luc Mélenchon, prisonnier de ses choix stratégiques, de ne pas travailler à l'avènement d'une unité, conçue démocratique, qui aurait été un atout maître pour élargir sa base électorale à la hauteur du défi et de la menace d'un second tour l'excluant à nouveau.

Le piège du personnalisme et du refus de composer sur son programme et la conduite de la campagne avec de potentiels alliés (et non des ralliés), pour vraiment défendre une politique de rupture faisant envie du côté des abstentionnistes, s'est refermé sur lui. Le positionnement mégalomaniaque de celui qui s'est postulé comme l'Utile Unique à rallier porte la principale responsabilité irrécusable d'un échec inscrit dans le gagne-petit stratégique qui se nichait dans la démesure de l'égocentrisme politicien.

Il serait bon que la déception compréhensible de ceux qui ont cru en cette démarche refuse l'intoxication du ressentiment et de la chasse au bouc émissaire et, ainsi, se réoxygène à la réflexion politique raisonnablement critique mais aussi autocritique. Histoire de commencer à rompre avec les mauvaises habitudes acquises dans les pratiques non démocratiques de l'insoumission mélenchonienne. Seul moyen de donner corps à l'antifascisme anticapitaliste dont nous aurons besoin, dans l'unité retrouvée, pour lutter contre un Macron fascisant son appareil policier ou une Le Pen s'alignant en la radicalisant sur cette propension liberticide En Marche.

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Extrait tiré de De la déraison de « voter utile » pour Mélenchon au premier tour

"Ce qui rend problématique l’appel au vote utile, ce n’est pas l’appel en lui-même : c’est qu’il vienne à apparaître dans l’évitement de ce qui aurait pu l’amener à être légitime, en l’occurrence, la construction d’une logique unitaire, discutée à ciel ouvert entre partis mais aussi dans des comités démocratiques de campagne, sans attendre l’urgence des derniers instants de ladite campagne, et cherchant sincèrement à rassembler au maximum, en prenant le temps nécessaire pour ce faire, autour d’une candidature commune afin de favoriser une dynamique populaire se traduisant par la présence au second tour d’un candidat de gauche représentatif de cette dynamique populaire-unitaire ! Ce schéma n’aurait pas été inéluctablement voué à déboucher sur une candidature unique, il est même fort probable, sinon inévitable, qu’il aurait buté sur nombre d’obstacles programmatiques ou d’action et, in fine, échoué. A ceci près qu’il aurait pu servir à politiser publiquement sur les convergences et les divergences et acter une impossibilité mais pacifiée et raisonnée d’unité pouvant, à défaut de plus et de mieux, préparer une convergence forte de second tour, renforcée par le pluralisme maintenu du premier tour. Et cela en écartant qu’une éventuelle élimination du premier tour soit imputable à tel ou tel autre que soi. Car dans la situation d’urgence qui justifie la frénésie des hérauts du « vote utile pour Mélenchon », ce que ceux-ci éludent est la responsabilité qu’a prise en pleine conscience le Chef insoumis de refuser toute démarche unitaire négociée qui l’aurait obligé à faire des concessions programmatiques, et plus largement politiques, à ses possibles partenaires de la rupture, essentiellement de la gauche anticapitaliste, voire de l’écologie au syndrome rupturiste peu assuré. Le mélenchonisme, cela saute aux yeux, confirme une nouvelle fois qu’il n’est nullement enclin à faire les concessions nécessaires pour élargir son assise électorale ; le modus operandi du Chef insoumis, après qu’il eut tiré le bilan de l’échec d’un Front de Gauche corsetant sa propension au cavalier seul, prend toute sa signification à partir de ce qu’est organisationnellement une LFI ayant permis au leader insoumis de se défaire même de toute dépendance de ce qui fut la matrice de son décollage électoral, le Parti de Gauche."

"Croire, comme font quelques anticapitalistes se décidant à être votants utiles, que mécaniquement une victoire de Mélenchon au second tour laisserait toute possibilité qu'un mouvement social enthousiasmé se lance dans une mobilisation pour ses revendications sans concession aucune à toute tentation mélenchoniste d'en rabattre sur son programme et de rejouer la politique du reniement très mitterrandienne relève d'une politique de l'autruche. En cela que l'idée d'un remake des grèves de 1936 forçant la main d'un gouvernement de Front Populaire timoré bute sur un double écueil : le poids de l'échec cumulé des précédentes mobilisations sous le sarkozysme, le hollando-vallsisme et maintenant le macronisme et la crise, concomitante à cet échec, des organisations de gauche pouvant aider à la relance de ces mobilisations. Deux écueils dont, au demeurant, LFI porte une part de responsabilité, de par ses choix, organisationnel et stratégique, axés totalement à surmajorer les logiques institutionnelles au détriment des logiques extra-institutionnelles que l'hommage mélenchonien aux luttes ne saurait masquer. Logique politique qui a beaucoup à voir avec la coupure théorisée et mise en pratique en interne de LFI elle-même permettant de dégager un petit noyau dirigeant de toute pression de la rue et des lieux de travail, coupure dont on peut craindre qu'une arrivée au pouvoir favorise la tentation de faire jouer tous les ressorts de l'Etat pour contenir toute dynamique d'autonomisation du social et la dynamique politique antiétatique qu'elle pourrait amorcer. Raison pour laquelle il faut à tout prix échapper aux illusions du ralliement à l'aveugle à une candidature mélenchonienne qui aurait pour effet de renforcer l'emprise démobilisatrice du système sur les résistances populaires. Ce qui n'exclut pas qu'un appel à voter pour Mélenchon au second tour puisse avoir sa légitimité pour autant qu'il repose sur l'expression d'une défiance politique basée sur une indépendance de fond vis-à-vis de l'institutionnalisme verticaliste de LFI."

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