
[…] Les avocats de la défense n'en revenaient pas. Sous sa barbe, Me Salellas esquissait même un sourire en voyant comment le procureur s'engageait tout seul dans une impasse. De l'autre côté de la salle, les accusations avaient l'air très mécontentes. En particulier les deux avocats de Vox [extrême droite], gominés, secs, l'air sévère, réduits au silence toute la journée car personne ne veut entendre leur voix. Javier Ortega Smith a les yeux rivés sur l'écran de son téléphone portable ou sur ses papiers, la tête appuyée sur sa main gauche, exhibant le bracelet avec le drapeau espagnol. L'une des rares fois où il a relevé la tête, c'est quand Raül Romeva a dénoncé devant le tribunal le paradoxe suivant qui est une véritable honte : comment est-il possible que quelqu'un comme lui ou comme l'ensemble des autres accusés, défenseurs des droits de l'homme et des valeurs européennes, ayant toujours soutenu un militantisme politique pacifique et non violent, se trouvent sur le banc des accusés pendant que ce système judiciaire permet qu'un parti politique porteur d'idées totalement à l'opposé des leurs, niant le droit à la différence et peu préoccupé de défendre les droits civils des citoyens et les valeurs européennes se trouve, lui, sur le banc de l'accusation. L'énumération par Romeva de sa trajectoire personnelle, de son engagement dans des mouvements sociaux et dans une politique en faveur de la paix et des droits humains a donné des frissons au public. Nous ressentions tous des frissons à l'entendre parler là, tout en sachant que depuis un an il est emprisonné, accusé d'avoir fomenté un soulèvement violent inexistant. L'article intégral
Note : lu sur FB
Sur le mode "retournement de situation"

La décapante émission satirique "Polònia", habituellement en catalan mais faisant cette fois exception en faveur de l'espagnol, a, dans son numéro consacré au procès politique du moment, procédé à un divertissant renversement de situation : à vos zygomatiques en demandant pardon aux non-hispanocomprenant-es. Il était par ailleurs important que tout-e "Espagnol-e" ait été invité-e à "se fendre la poire" sur un tel sujet sensible !
Retenons que cette pochade n'en retranscrit pas moins la pantalonnade que constitue ce procès : par-delà la gravité de l'attaque qu'il induit contre les libertés, il importe de souligner, comme le fait à sa façon cette émission, la grande incompétence, reconnue par nombre d'espagnolistes catastrophés, des chargé-es de porter l'accusation !
http://vertele.eldiario.es/noticias/Polonia-giro-guion-juicio_2_2097710210.html
Le titre signifie : "Le sketch viral de "Polònia" sur le procès : 'On se paye sacrément notre tête !'" ou encore "La grosse blague !", "Méga loufoque !".
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"Des maladresses du Parquet se sont produites dans cette phase initiale du procès, mais les cartes maîtresses de la violence et de la rébellion ne seront posées que plus tardivement.
Aujourd'hui la procureur Consuelo Madrigal a criminalisé la dissidence politique et la mobilisation sociale, et commis plusieurs erreurs inexplicables pour quelqu’un qui a été procureur général de l'État et qui gère l’accusation dans ce procès de gros calibre. Elle n’a pas fait de distinction entre la feuille de route des partis qui forment le gouvernement et celle publiée par l’association ANC (Assemblea Nacional Catalana); Elle ne connaît pas la composition du Bureau du Parlement Catalan, et a manipulé de façon flagrante les propos tenus par Josep Rull lors d’une interview à propos de sa détermination de mener le référendum du premier Octobre 2017, afin de pouvoir l’ériger en infraction pénale. Ce que nous a montré aujourd’hui Madrigal est identique à ce que nous a montré hier le procureur Jaime Moreno et la semaine dernière Fidel Cadena. Il est quelque peu déconcertant de voir une accusation en apparence tellement peu préparée qu’elle s’aventure sur des terrains qui ne sont pas les siens, se trompant constamment, et niant l'exercice de droits fondamentaux. Le parquet se comporte de façon identique aux avocats généraux de l’Etat, comme par exemple Rosa Maria Seoane, qui a le plus grand mal à faire comprendre non seulement au public mais aussi au Président Marchena le sens de ses questions. Rosa Maria Seoane a essayé d’être incisive concernant les accusations de détournement de fonds, mais n’a pas semblé savoir comment étayer les accusations de sédition, et semble ne pas croire elle-même ce de quoi elle accuse les inculpés. Et Vox est inexistante : 0 pointé à droite… jusqu’à la semaine prochaine. Les accusations sont-elles vraiment débordées de toutes parts, les défenses sont-elles en train de gagner? Non, en aucun cas. Le Parquet sait ce qu'il fait, parce qu'il joue dans son propre camp et l’arbitre fait partie de l’équipe." Lire l'intégralité de l'article
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