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Billet de blog 2 décembre 2024

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Notre-Dame-des-Landes... les gendarmes en embuscade ?

Pendant trois jours, du 26 au 28 novembre, des gendarmes de la compagnie de Châteaubriand ont investit une ferme abandonnée qui a été démolit par des entreprises du BTP, sous escorte militaire de la gendarmerie aidée par un drone. Opération ‘‘sensible et exceptionnelle’’ selon la Préfecture, car ce corps de ferme était situé sur un des rares sites de la Zad resté propriété de l’État.

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Le site de la Freusière, un corps de ferme qui n’était plus occupé depuis plusieurs années, un incendie en 2020 ayant provoqué des dégâts dans un bâtiment déjà en mauvais état et la toiture a été en partie détruite. Sous prétexte de sécurité et de salubrité, la préfecture en a profité et le mardi 26 novembre 2024 a mis à terre le vieux bâtiment, avec enlèvement de l’amiante, et a été définitivement démoli jeudi. Plus précisément, comme le soulignait Thibaud Grasland dans l’Ouest-France du 29 novembre, ‘‘Objectif ? Nettoyer ce lieu qui conservait les traces de la contestation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.’’

Le préfet, Fabrice Rigoulet-Roze, à l’origine de l’opération s’était déplacé en personne dans la semaine. La préfecture, a déclaré dans un communiqué préparer cette démolition depuis l’été, avec un long travail de surveillance et de renseignement ‘‘nous avions une fenêtre pour intervenir’’.

Mais c’est quoi cette opération de destruction sur la Zad ?

Les résidents de la Zad se posent la question et les interprétations sont diverses et, probablement, dans un futur proche on comprendra mieux les véritables objectifs de l’État qui reste opposé à l’existence, quelque soit leur projet ou le motif de leur présence sur les terrains conquis par la lutte contre l’aéroport. Le lourd dispositif mis en place pour cette démolition, que la Préfecture considère ‘‘discret’’, est bien la preuve qu’une menace plane sur les activités à Notre-Dame-des-Landes.

"En treillis et en civil, des militaires de la compagnie de gendarmerie de Châteaubriand ont discrètement pris position autour de la ferme dans la nuit du lundi à mardi, équipés d'un drone pour surveiller toute potentielle intrusion ou action de protestation des zadistes, dont certains vivent à quelques centaines de mètres de là." Et, ajoute l'Ouest-France, "Des renforts de gendarmerie des compagnies voisines se tenaient prêts à débouler en cas de débordement''.

Il n'est peut-être pas qu’une coïncidence la proximité de deux dates. Le 29 octobre la député RN du Var, Julie Lechanteux a déposé une question écrite d’alerte pour le ministre de l’intérieur ‘‘sur la dégradation de la situation sécuritaire provoquée par la régularisation de la cabanisation de Notre-Dame-des-Landes’’. Le ministre n’aurait pas encore répondu à la question écrite de la députée, mais ses services sous les ordres du Préfet sont rentrés en action, un mois après, du 26 au 28 novembre, sans discours mais eficaces. Soulignons que le Conseil Départemental n'a pas été informé de cette opération.

La députée faisait référence à la ‘‘décision du Conseil Départemental de Loire-Atlantique (propriétaire de la majorité des terrains dans le périmètre du projet de l’aéroport) de régulariser la situation de certains zadistes’’ (cité dans l’article de l’Ouest-France). Deux maires des communes limitrophes de Notre-Dame-des-Landes et de Vigneux-de-Bretagne, s’opposent à cette régularisation ainsi que l’opposition de droite du Département.

La ministre de la consommation, Laurence Garnier (LR), qui a été conseillère municipale à la mairie de Nantes, soutient les opposants à la décision de la majorité départementale et est contre le maintien des activités de la Zad.

In Ouest-France fév 2016  * Bruno Retailleau lance une pétition pour l'évacuation de la Zad

Retailleau : ‘‘L’erreur de la part du gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes’’

Il y a deux jours, dans un billet sur le film Direct Action, qui vient de sortir en salle, je soulignais l’intérêt de ce documentaire sur la qualité de l’engagement des résidents de la Zad. Le Préfet avec ses gendarmes, donc le gouvernement, sans le dire tout en démontrant sa force semble se mobiliser pour répondre par l’affirmative à la question écrite du Rassemblement Nationale.

Le ministre de la police, Bruno Retailleau, sénateur LR en 2018, critiquait ouvertement Macron pour avoir abandonné la construction de l’aéroport de ND-des-Landes. Il avait déclaré alors «C'est une erreur de la part du gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes» (Le Figaro 17 avril 2018).

Aujourd’hui qu’il a la main sur les affaires de la police et de la gendarmerie, il paraît évident ‘‘qu’il ne commettra pas l’erreur de discuter avec les zadistes’’. La démolition sans trop de bruit (si on peut dire), est passée presque inaperçue dans la presse nationale, sauf dans le Figaro du 29 nov, et dans la presse régionale l’Ouest-France y a consacré un article (déjà cité). Restons alertes à ce nouveau front car, là aussi, le gouvernement sait pouvoir compter sur le soutien de l’extrême-droite et le ministre n'a pas oublié sa pétition de 2016...

**  Sur le film-documentaire Direct Action lire ici... /notre-dame-des-landes-la-creativite-de-la-zad

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