Il y a un peu plus d'un mois un jeune de 12 ans avait eu les "faveurs" de la presse du Limousin la terreur de Limoges. Depuis janvier 2012 que ce jeune cumule les bêtises qui se sont transformées en actes de délinquance, en violences (billet du 21 janvier 2014 http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/210114/13-ans-lappelle-la-terreur-de-limoges)
Jugé début février, à 13 ans (né en février 2001), après une période d'incarcération, il a été placé en Centre Éducatif Fermé et envoyé dans le Val de Marne à Arcueil. Comme les fois précédentes il fugue et dans la grande "métropole des tentations", il est arrêté à la gare de leste à Paris, après avoir agressé un voyageur dans le métro pour lui prendre son téléphone portable. Retour à Limoges où «son juge» l'a re-confié au même CEF en attendant un départ au Maroc, pour un séjour de rupture.

Je ne sais pas si ce jeune est originaire ou a de la famille au Maroc. On ne sait pas non plus si le Centre fermé en région parisienne a été choisi pour le rapprocher de quelqu'un de sa famille. On sait cependant que quand il fugue il revient toujours à Limoges, où il est né. Il a fait de nombreux placements, est issu d'une famille en grande difficulté sociale, milieu toxicomane, une fratrie de cinq enfants, trois pères différents et pas de liens structurés. D'après les policiers, c'est «un cas désespéré qu’on ne voit que rarement … ce jeune est hors statistiques». Selon les éducateurs «Il est issu d’un milieu social très défavorisé et n’a jamais pu construire sa personnalité dans le rapport à l’autre ou à l’autorité» […] «Il a une forme d’intelligence de la rue, instinctive. […] Il voit dans l’autre ce qu’il peut lui apporter, et pas qui il est.»
C'est toujours difficile de commenter ces affaires, et pourtant il est nécessaire de les connaître, de les comprendre pour ne pas rentrer dans les visions simplistes des faits-divers du JT de 20 heures. Il y a souvent le risque de se perdre en conjectures sur les «actes éducatifs et judiciaires» posés par les professionnels, concernant la jeunesse délinquante. Parfois la tentation est d'aborder ces questions sur le versant sécuritaire ou celui du mineur victime d'un société de plus en plus inégalitaire génératrice de laissés pour compte.
On peut néanmoins, cherchant à mieux cerner le sens d'une mesure d'éloignement, s'interroger sur son orientation vers un lieu aussi dense et aussi peu propice à une mise à distance du milieu urbain comme c'est la ville d'Arcueil. Par ailleurs, la police qui lui court après depuis de nombreux mois, est particulièrement opposée à son «expédition en stage au Maroc».

Un mineur qui a suscité une soixantaine de procédures au pénal entre janvier de 2012 et janvier de 2013, soulève la question de son suivi socio-éducatif, sachant que les parents semblent dans l'impossibilité de le faire (il leur avait été retiré par décision de justice). Très légitimement on peut se demander s'il n'y a pas un besoin de soins pour un jeune aussi désemparé et dans le passage à l'acte ?
L'envoyer à l'étranger c'est s'en débarrasser, abandonner encore une fois (pour quelque temps), ou trouver une solution à tout prix et la première qui se présente est la bonne, ou c'est la tentative de le mater par une famille dite traditionnelle (qu'il ne semble pas connaître)?
C'est une situation qui s'invite dans cette période d'élections municipales. La loi de mars 2007, relative à la prévention de la délinquance, positionne le maire comme le personnage central du dispositif. La campagne qui se déroule actuellement concerne aussi les aspects de la protection de l'enfance dans la commune avec le Conseil Général.
Le candidat Hollande, le 4 avril 2012 réitérait sa volonté de créer "un grand ministère d’État (qui) consacrera cette ambition [les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012]", la jeunesse comme seule priorité. En quelque sorte la cause du quinquennat. Ce n'est pas en termes de promesse que la question se pose pour moi. C'est en termes de volonté politique, d'engagement politique que ceci me paraît avoir du sens. Presque deux ans après, et cet engagement n'a jamais été assumé comme la cause de l’alternance. C'est cependant ce que nous avons défendu et ce pourquoi nous avons voté.