Le Musée de l'Histoire de l'Immigration se trouve à la Porte Dorée (Paris) et il y a deux bonnes raisons pour s'y rendre : l'exposition Albums – Bande dessinée et immigration (1913-2013) qui se termine le 27 avril 2014 et la réouverture de la Galerie des Dons, «trace» matérielle des parcours individuels des immigrés en France.

* Albums et Bulles d'exil
L'exposition nous conduit de 1913 jusqu'à nos jours, montrant bien que dès l'origine le "9ème art" témoigne de l'histoire des migrations, en quelque sorte deux parcours qui s'entremêlent. Quelques planches du début du XXème siècle venues des États Unis, contribuent à comprendre des trajectoires migratoires particulières au service de l'élaboration d'une mémoire de l'immigration.
Plus proches de nous Gosciny et Uderzo, créateurs d'Astérix, l'un d'origine Polonaise l'autre Italienne. José Munoz et Carlos Sampayo, venus d'Argentine ou Baru, d'Italie, apportent dans leurs singularités respectives des images d'ici et d'ailleurs qui vont marquer le sillon de la bande dessinée des années 60. Les émouvantes planches de Baru sur sa famille et le monde des mines lorraines. Enki Bilal, Marjane Satrapi, Boudjellal, Youpongon, Zeina du Liban, Pdrosa, Clément Baloup et ses références à Hanoi et Saigon et d'autres, se terminant par Shaun Tan, auteur et illustrateur australien qui a eu le prix d'Angoulême 2008 pour son magnifique album (sans paroles) Là où vont nos pères.
Un des commissaires de l'exposition, Vincent Marie auteur et Antoine Chosson, réalisateur, ont fait un documentaire sur certains des artistes exposés, Bulles d'exil, [contact: www.bullesdexil.com].
Pressez-vous, il ne reste plus que quinze jours pour l'apprécier et partager ce monde de la bande dessinée et de bon nombre de nos voisins dans les villes, les entreprises, Pôle emploi, dans les banlieues...!
A lire aussi l'article de Dominique Bry, dans l'édition papier bulles, http://blogs.mediapart.fr/edition/papiers-bulles/article/151013/bande-dessinee-et-immigration-bien-plus-qu-une-exposition-une-proposition
* * Réouverture de la Galerie des dons

La photographie de famille d'Abdeslam Lahbil
La galerie des dons, après des travaux scénographiques pour améliorer la présentation a été ré-ouverte au public, ce début avril, avec des nouvelles vitrines et des récits toujours aussi passionnants qu'émouvants.
Un de mes amis, avant de "monter" à Paris se demandait «qu'est-ce qu'un musée de l'immigration peut bien montrer?». Et là je pense qu'il peut y trouver un des éléments de réponse. C'est un musée de l'histoire de l'immigration qui dans son exposition permanente donne à voir (à comprendre et à apprendre) par la photo, les coupures de presse, les vidéos, les objets, les textes, les mouvements de population, l'arrivée de différents groupes d'immigrés en contextualisant leurs activités dans la vie politique et économique du pays dit d'accueil. C'est toujours une démarche individuelle qui s'insère dans un mouvement collectif. Nous pouvons donc nous attarder devant les différentes vitrines qui aident à appréhender l'histoire et la contribution de ces populations à construire la France.
La galerie des dons, dans la vision des flux migratoires de milliers de personnes, est le lieu de la singularité, là où les destinées individuelles ont participé -et participent toujours- à cette «aventure collective». Des courts récits de vie accompagnent des objets, des photographies, des cartes syndicales ou d'autorisation de travail. Souvent avec des explications des descendants, les petits-enfants, voire les arrières petits-enfants qui ont découvert, au fond d'une malle une robe, une nappe, ou la théière, cadeau de la grand-mère à sa petite fille avant le départ, autant de repères, de signes qui à un moment donné ont marqué le parcours de leurs ancêtres qui, en effet ne sont pas tous des gaulois.
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* Pour y aller : Musée de l'histoire de l'immigration – Palais de la Porte Dorée [293 avenue Daumesnil * 75012 Paris * le métro ligne 8, le bus 46 et maintenant le tramway 3a].
* * Par ailleurs, jusqu'à la fin mai, à côté, se déroule la Foire du Trône, qui réunit tous les jours beaucoup de jeunes, dont bon nombre d'enfants d'immigrés...
* * * Rappelons que le Palais de la Porte Dorée a été construit pour l'exposition coloniale de 1931. Ce n'est pas anodin que sa destinée se prolonge pour abriter l'histoire de l'immigration!
http://www.histoire-immigration.fr/musee/expositions-temporaires