ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

838 Billets

2 Éditions

Billet de blog 13 mai 2024

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

L’Europe bien sûr… pour qui ? pour quoi faire ?

Quand on est né quelque part en Europe, enfin dans un coin sur la carte, vous savez le petit rectangle là, en bas, à gauche, coincé entre un grand pays et l’océan, la dimension de l’Europe est un peu en pointillé. Si ensuite une dictature vous oblige à quitter le pays, traverser les Pyrénées et débarquer, à pied, dans un hexagone, quel horizon...

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et penser, en ce mois de mai, aux élections européennes, qui se dérouleront dans un mois, le 9 juin (nous serons près de 450 millions appelés aux urnes, ça fait du monde) on est, je suis bien interpelé par la complexité de la tâche !

Certes on peut toujours se rappeler de la phrase du général de Gaulle en décembre 1965, « on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. » C’est vrai qu’il avait évoqué aussi en 1959 « l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural... » sans qu’on sache précisément ce qu’il voulait exprimer en pleine guerre-froide EU-URSS.

Depuis, beaucoup de changements dont un Parlement, élu par les citoyens européens, passant par la création d’une monnaie commune, voire une Commission Européenne qui dicte, ordonne, s’arrange parfois avec des intérêts et des règlements loin des populations. Sachant que les commissaires, un par pays, y sont par la volonté et désignation des gouvernements que nous avons élu, ou un “Conseil des ministres de l’Union européenne”, qui réunit les ministres des États membres par domaine d’activité. C’est bien le résultat, en quelque sorte, des démocraties des États membres en Europe dont l’Italie ou la Hongrie... On comprend que nous soyons des eurosceptiques et à peine 52% de Français trouvent de l'intérêt à ces élections (70% moyenne dans l'ensemble de l'UE, les Espagnols sont même à 73%).

D’où la question, l’Europe bien sûr… pour qui et pour quoi faire? Il y a en effet une méfiance envers l’Europe ‘‘institutionnelle’’ et Anne Muxel, sociologue, le décrit bien : « Depuis des décennies, gouvernements et hommes politiques de tous bords ont volontiers rejeté la faute, dans tout ce qui n’allait pas, sur l’UE, ses directives et ses contraintes... pour bon nombre de politiciens français, c’est un excellent bouc émissaire pour se défausser de leurs propres responsabilités ou de leurs difficultés à mettre en œuvre ou à imposer certaines politiques nationales, notamment lorsqu’elles ne correspondent pas aux attentes des citoyens » [in le1 du 7 mai 2024].

Mais aujourd’hui, en 2024, dans un contexte si bouleversé, où une guerre meurtrière en Europe par l’invasion de la Russie à l’Ukraine (mais ils ne votent pas) ou le massacre du peuple palestinien notamment à Gaza par le gouvernement d’Israël en riposte à la barbarie du Hamas contre les civils juifs du 7 octobre 2023, on peut s’interroger, et je me dis comment peut-on ainsi assister en spectateurs à ces violences en Europe et ailleurs. Et on pourrait y ajouter le Monde, du Soudan, à l’Éthiopie ou Haïti, l’Argentine...

‘‘Patriote Européen ?’’

Du coup, mon esprit "patriote", quoique possédant deux nationalités Européennes (pouvant presque voter dans deux endroits en même temps), est peu national ou continental d’autant que, dans mes vertes années, années 60/70, j’étais plutôt tricontinental

Juin 2024 : qui dit mieux ?

Nous sommes donc aujourd’hui confrontés, en France, pour le moment à 21 listes (en 2019 il y en avait 34) pour élire 81 Français eurodéputés sur les 720 des vingt-sept pays concernés. La plupart des têtes de liste sont des eurodéputés sortants.

‌Les partis dits de gouvernement droite-gauche y vont, ceux qui aimeraient qu’on les intitule ainsi y vont aussi, celui qui y est y va également et, dès le président jusqu’à ses sous-ministres, on constate qu’ils ne pensent qu’à ça et font campagne pendant les heures de travail aux frais du contribuable... L’extrême droite a trois listes, sans compter les chasseurs de l’Alliance Rurale. Les écolos affichent trois listes qui s’en réclament du nom écologie. Les radicaux manifestement de gauche sont deux, France Insoumise et Lutte Ouvrière. Si on se souvient des précédentes élections, les ‘‘gilets jaunes’’ ne sont plus sur ‘‘ce front’’.

Le thème de l’Europe, qui est l’objectif, est traité selon le miroir où chaque groupe se regarde, plus au moins intéressé par la question mais tous à l’affut des voix qui ça peut leur rapporter. La liste ‘‘officielle’’ du pouvoir n’a de cesse de dire combien l’Europe a progressé grâce à la politique Macron, ‘‘même si l’Europe peut mourir...’’ (dixit le même, ‘mais je suis là’ se dit-il). D’autres, dont la France Insoumise tellement engagés, à juste titre, contre le massacre à Gaza, qui semblent passer à côté de cette élection pour les questions européennes, en suivant les instructions du chef qui cherche à gagner des voix par sa stratégie dans le 9.3, pour plus tard ? Et sa tête de liste, qui a des choses à dire sur l’Europe vu son dynamisme reconnu à Strasbourg, peine à être vue et entendue ! Et dans tout ça, l’Europe sociale et ouverte à l’environnement et aux autres peuples n’est vraiment pas en tête des affiches !

Quatre semaines pour...

Il reste encore quatre semaines et, bien sûr, les choses sont autrement complexes que ce bref rappel (forcément subjectif). Mais quatre semaines pour quoi faire, entendre, ausculter, trier ?

Une voisine (née au Vietnam) est tentée par Glucksmann. C’est qu’elle a croisé, de loin, son père André Glucksmann en 68 à la Gauche prolétarienne, et en 1979 il lance ‘‘un bateau pour le Vietnam’’... et ça, elle ne l’oublie pas. L’ancien gardien de mon immeuble, devenu un ami, qui vendait l’Humanité-dimanche dans le marché dominical, est tenté par le jeune communiste d’Amiens qu’il trouve prometteur... Dans la famille, mes petits-enfants, entre autres se partagent les Verts et la France Insoumise (même si l’affaire Quatennens a du mal à passer).

Et moi dans tout ça ? Oui je me demande. S’il y a un thème qui me paraît essentiel, parmi tout le reste c’est bien la question de l’environnement, du dérèglement climatique, de la destruction de la biodiversité. Bref je voterais bien pour un mot, l’écologie, mais je ne trouve pas de liste ‘‘à ma portée’’.

Oui, le souvenir de René Dumont, qui a fait campagne au printemps 1974, c'était premier candidat écologiste sur des thèmes qui seraient toujours d’actualité en 2024. L'année de la révolution des œillets, mais en France c'est Giscard qui est passé !

En tout cas, pour le moment, à part des ‘‘paroles verbales’’ de toute part, je n’entends pas d’engagement prioritaire pour une Europe sociale, engagée sur l’environnement voulant promouvoir une Europe solidaire et protectrice des droits humaines...  [Sans doute, à suivre... 1]

Sans oublier que, selon les sondages (Public Senat 30/04/2024), les trois listes d'extrême droite en France totaliseraient 39%...! Bardela-Le Pen 32%, Zemmour-Maréchal Le Pen 5,5%, Patriotes-Philippot 1,5%.

Merci  Rodrigo Cartoon   pour ce dessin!

*  *  En mai 2022, ce n’étaient pas les européennes, et je me demandais... 9 mai * Journée de l'Europe, laquelle ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.