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Billet de blog 16 janvier 2024

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Un chercheur engagé, Albano Cordeiro.

Il aurait aimé fêter les 50 ans de la ‘‘révolution des œillets’’ (le 25 avril), et nous aussi avec lui... mais Albano Cordeiro nous a quitté et nous lui avons dit ‘‘adieu’’ ce lundi au Père Lachaise !

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C’était un ami, un camarade, un compagnon, un aimant, un père, un frère, enfin chacune et chacun y trouvera ce que Albano nous a apporté, comme citoyen et comme intellectuel. Notamment son engagement en France auprès de l’immigration portugaise mais aussi de la lutte sociale dans ce pays qu’il a su observer, étudier et contribuer à tant de combats -et études- associatifs et politiques.

Albano Cordeiro, est décédé le 30 décembre 2023, à Paris. Il avait 85 ans (né en 1937 à Pombal, ayant vécu aussi au Mozambique et en Italie, son premier pays d'exil), était un spécialiste de l’immigration et du mouvement associatif portugais. Économiste-sociologue, chercheur au CNRS, à l’Université de Grenoble puis à l’Université Denis Diderot – Paris VII, engagé dans de nombreuses associations, il a pris une part active au comité de rédaction de la revue Hommes & Migrations.

Soulignons, entre autres son [Parcours d’un chercheur engagé, site de Persée] Entretien avec Albano Cordeiro (Hommes et Migrations n° 1263/ 2005)

Le fil conducteur des recherches de Albano est significatif de l'implication politique des sciences sociales dans le débat sur la société civile. ‘‘Son intérêt pour les relations entre les communautés immigrées et le monde du travail s’est doublé d’une volonté de faire connaître l’immigration portugaise en France. Avec ses quatre décennies de recherche, il porte un regard critique sur les politiques restrictives en matière d’immigration.’’ (In hommage à Albano Cordeiro par le Musée National de l’Histoire de l’Immigration).

Nous nous sommes rencontrés dans les années 70, au moment du ‘‘25 avril du MFA’’. C’était sa période Grenobloise et, lors de ses venues à Paris, il s’installait dans mon petit appartement rue de Patay dans le XIIIème. Et nous partagions alors nos questions, nos engagements, notre volonté de contribuer à la reconnaissance du rôle de l’immigration dans la société française. Toujours cette idée, notamment avec le grand nombre de jeunes portugais ayant refusé la guerre coloniale pour des convictions politiques ou raisons économiques, mais tous arrivant en France ‘‘prêts à travailler’’ sans que leur formation, éducation, santé, aient été à la charge de la France. Hier, comme aujourd’hui, le coût de ces migrants est plutôt dans la colonne bénéfice et pas dans celle des charges comme la droite l’affirme et le diffuse auprès des médias...

Son travail sur les différents aspects de l’immigration portugaise est bien décrit dans son article publié dans Hommes & Migrations, n° 1123, 1989 [Paradoxe immigration portugaise site de Persée]

‘‘En l’espace d’une quinzaine d’années, cette population est passée de 50 000 à plus de 800 000 personnes, installées dans toute la France. Certaines fausses images comme celle d’une immigration bien intégrée, qui ne fait pas parler d’elle, voire qui est sans histoire pèsent sur la communauté portugaise. Les ressorts de l’intégration des Portugais en France doivent être préciser. La création des associations portugaises, depuis le milieu des années 1970, exprime une forte cohésion identitaire, mais représente également l’angle mort d’un racisme anti-portugais dont les traces ne manquent pas dès les années 1960. L’attachement à la culture portugaise stimule un va-et-vient entre les deux espaces, la France et le Portugal, entre lesquels les émigrés/immigrés appréhendent leur devenir. Si la transmission du patrimoine culturel a bénéficié du développement des cours de langue portugaise, rien ne garantit que les jeunes d’origine portugaise nés en France continueront de vivre leur identité entre les deux pays.’’

A lire également un article sur Les Portugais et les marches de 1983 et 1984 et l’analyse sur ‘‘Les dessous de la manipulation raciste de l’opinion publique distinguant des commu-nautés “visibles” et “invisibles”, dans Migrations Société 2015/3-4 (N° 159-160), pages 171/190.

Et, comme un bien modeste hommage personnel, à lui avec qui j'ai fais des manifs, je dédie à Albano ma participation à celles des 14 et 21 janvier contre la loi-immigration, qui exclue, stigmatise et nous concerne tous, notamment les ‘‘Français de papier’’ comme moi : /immigration-l-inhumain-inscrit-dans-la-loi.

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