C'est un «joli» pied de nez que les grecs ont fait avec éclat en décidant un référendum, comme arme politique pour les autoriser à essayer de «sauver» ce qui était possible face à la négociation avec leurs créanciers.
Une autre majorité l'avait évoqué, on s'en souvient, en novembre 2011. Cela n'a duré qu'une journée, « les 24 heures de Papandréou». L'opposition déterminée des banquiers et des politiques européens (Sarkozy l'a qualifié de « fou et dépressif ») a eu raison de cette tentative de «rendre la voix au peuple» par son vote.
On connaît la limite de l'exercice, le référendum peut s'apparenter à un acte démagogique réduisant un problème complexe à une réponse binaire. Cependant, c'est toujours une façon de remettre en jeu la légitimité des responsables politiques.
Cette fois-ci, le premier-ministre grec a osé, a persisté et a gagné. Pas la bataille mais la légitimité de poursuivre sa trajectoire.
Et en politique les trajectoires ne sont pas linéaires -comme dans la vraie vie d'ailleurs- et il faut composer, négocier, parfois le fameux un pas en avant, deux pas en arrière.
La bataille est âpre, l'enjeu déterminant, l'issue incertaine. Tsipras a conclu ce qui lui paraissait le moins pire même si c'est "mauvais". Il aura maintenant beaucoup à faire avec son propre parti, mais surtout -et c'est le plus important- avec le devenir du peuple grec.
mojmir mihatov
Croatie in PortoCartoon
En attendant, la clameur des « sachants démocrates » en France notamment, s'érige en juge et ne se prive pas de dire ce qui est bon ou ce qui serait bien pour la démocratie et contre l'austérité en Grèce. Souhaitent même que le Parlement en France dise tout le mal que les élus de gauche -la vraie- doivent penser du compromis de Tsipras et de son équipe. Hollande fait savoir que son action a été comme un bouclier face à Merkel ; Sarkozy a même eu un de ses acolytes qui a clamé la part déterminante de son action dans cet accord UE-Grèce. Laurent du PCF a dit qu'il voterait pour, Buffet du PCF a dit qu'elle voterait contre. Ce que cette crise permet d'attraper pour sa propre chapelle, de distribuer des certificats de «vraie gauche» ou de «traître» (certains commentaires s'y aventurent déjà pour qualifier ainsi Tsipras).
Ce n'est pas la première fois, en tant qu métèque, que je constate en France cette façon de faire la leçon, de donner des conseils d'autorité, enfin d'opiner sans nuance ce qui est bon pour les autres (même s'il ne serait pas inutile d'être plus éclairés dans la propre vie politique française).
La voie grecque peut et nous servira d'exemple, comme une leçon pour nous, et laissons les conduire comme ils peuvent ou savent leur combat. Soutenir leur lutte ce n'est pas, à mon avis, imposer notre vision des choses comme la ligne à suivre... pour les soutenir! Soyons attentifs, «en toute modestie», mot qui ne fait pas partie du vocabulaire des "sachants démocrates" mais ça peut aider quand on est sincèrement dans la recherche d'une voie non sectaire!
* * http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/021111/la-voie-grecque