La victoire, en nombre d’élus revient à la droite, une coalition de centre droit Alliance démocratique (AD) avec 31,2 % des suffrages (trois points de plus qu’en 2024) et 86 députés (+ 6).
Le PS avec 23,4 % des voix, fait 4 points de moins qu’en 2024 et obtient 58 députés, perdant vingt sièges. Le parti d’extrême-droite Chega arrive en troisième avec aussi 58 sièges (22,6 % des voix, + 8 points). Il est probable que les votes de l’immigration soient favorables à Chega. Ce sera, c'est déjà, une nouvelle victoire pour ce parti, crée en 2019, avec un élu, qui six ans plus tard obtient 58 élus, devenant ainsi la deuxième force politique du pays et le premier parti de l’opposition.
Le PC Portugais avec 3,03% compte 3 élus, Livre (éco-socialiste) avec 4,20 % a obtenu 6 élus (2 nouveaux) et le Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche) avec 3,03 % ne garde qu’une place sur quatre à l’Assemblée. C’est en effet une déroute électorale pour les forces se présentant de gauche.
Le président du parti Chega a crié victoire disant que ce résultat montre qu’il a réussi à briser le bipartisme entre la droite classique et la gauche.
Rapporté par le journal Expresso : "Aujourd'hui, nous pouvons officiellement déclarer, devant tout le pays et avec certitude, que le bipartisme est fini. Nous n'avons pas gagné ces élections, mais nous sommes entrés dans l'histoire parce que nous avons mis fin à tout ce qui s'est passé dans ce pays ces dernières années. Rien ne sera plus jamais comme avant au Portugal. Nous sommes presque sur le point de gouverner", a déclaré André Ventura, le chef du parti d'extrême droite Chega, sous les applaudissements de ses partisans.
Outre le thème préféré de Ventura, qui est la dénonciation des "ciganos", il se déclare anti-système, défend une sécurité accrue et répressive, le combat permanent contre l’immigration et la corruption. Ce discours n’empêche pas que dans son parti il y ait neuf députés poursuivis en justice pour des différents délits comme vol de valises à l’aéroport de Lisbonne, corruption ou une affaire de prostitution impliquant des mineurs, notamment un garçon de 15 ans.
Un autre cheval de bataille d'André Ventura, ce sont les anciens combattants de la guerre coloniale. Opposé à toute évocation qui puisse souligner la révolution des œillets, et en particulier le fait que le Portugal a perdu son Empire colonial : ‘‘Nous avons apporté le monde au monde entier, si aujourd’hui l’âme portugaise vit aux quatre coins du globe, si aujourd’hui on loue notre langue dans le monde entier’’ (discours à l’Assemblée le 25 avril 1974) et c’est grâce à ces militaires envoyés dans les colonies ‘‘et qui ont du se rendre en 75’’ suite à la décolonisation. Il souligne ainsi la nostalgie du ‘‘Estado Novo’’ de Salazar et de l’Empire’’ défendu armes à la main par ces ‘‘bons Portugais méprisés et abandonnés depuis le 25 avril 74’’.
André Ventura en mai 2024 à Coimbra "Limpar Portugal" (nettoyer Portugal)
Même si Portugal est un pays d’émigration depuis très longtemps, Ventura, distille dans un discours xénophobe et raciste, des campagnes permanentes de stigmatisation et pour l’expulsion des immigrés. Selon un rapport officiel de déc 2023 les principales nationalités d’immigrants sont brésilienne (29,3%), cap-verdienne (4,9%), italienne (4,4%), indienne (4,3%), roumaine (4,1%). On compte aussi une nombreuse communauté d’origine ukrainienne antérieure à l’agression russe.
L’Alentejo, une des régions majeures de la lutte anti-fasciste en milieu rural sous Salazar, a voté largement pour Chega et dans la ville de Grândola, berceau de la chanson qui a donné le signal pour le soulèvement du 25 avril 1974, l’extrême-droite sort renforcée !
Sans doute grâce aux qualités de communicant de cet ancien commentateur de match de football, fan du Sport Lisboa e Benfica, grand club de la capitale, ce professeur de droit s’est lancé dans la politique, fervent catholique, estimant avoir une ‘‘mission divine’’, admirateur de Trump et de Bolsonaro, ayant bâti un parti très personnalisé autour de son ‘‘destin’’.
Mais ce n’est pas suffisant comme explication. Les erreurs de la gauche notamment la démission d’António Costa, (devenu Président du Conseil Européen) alors que le PS avait la majorité absolue, a créé une situation d’instabilité favorisant la démagogie et le populisme d’un parti comme Chega... qui se trouve finalement en ‘‘bonne voie’’ pour s'approcher du pouvoir (arriver?), sauf si un sursaut de « fascisme nunca mais » s’impose au Portugal au-delà du slogan...
"Fascisme plus jamais"
Heureusement que ce même dimanche, les électeurs Roumains ont fait front à l’extrême-droite en élisant ‘‘le maire de Bucarest, un indépendant pro-européen et libéral, a déjoué les attentes en Roumanie : il s’est imposé dimanche 18 mai au second tour de la présidentielle, porté par une participation massive de citoyens qui se sont déplacés pour faire barrage à l’extrême droite’’.
* ...à lire l’analyse de Fabien Escola de la rédaction de Mediapart, /au-portugal-l-extreme-droite-franchit-un-nouveau-seuil-electoral
* * ...et si vous pouvez ne ratez pas ‘‘La Fleur au Fusil’’ de et par Lionel Cecilio, ce vendredi 23 mai aux Gémeaux Parisiens... /ici/la-fleur-au-fusil-c-est-un-oeillet