Tout ou presque a été dit sur le scandale de Bétharram et le comportement criminel de certains (un grand nombre) enseignants, religieux, personnel de cette école privée catholique. Cela a permis aussi à beaucoup d’autres voix de victimes d’établissements scolaires privés d’orientation catholique et c’est un progrès cette libération de la parole.
Le premier-ministre a, dès le départ, dit qu’il n’était pas au courant et progressivement modulé ses dénégations qui, à partir de l’enquête journalistique de Mediapart, de nombreux témoignages et des faits prouvés ont démontré que François Bayrou était au courant et avait, sous de diverses formes, usé de son influence politique ou de ses interventions pour défendre Bétharram sans questionner ses méthodes, ses pratiques, son rôle éducatif et social.
Peut-être que le propos de sa fille « Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime », peut être entendu comme une couverture confirmant que son père ‘‘ne savait pas’’.
Mais les déclarations sur son ‘‘silence’’, me paraissent surtout confirmer l’absence de protection par les parents Bayrou dont leur fille, pendant trente ans, ne s’est pas sentie autorisée de dire, au point de s’imposer le silence sur les violences subies.
Il ne s’agit pas d’établir ici une attestation de ‘‘bonne ou mauvaise parentalité’’ mais de souligner, au-delà de l’affaire politique, l’inhumanité de ce pouvoir, en haut lieu. Il révèle son éloignement des réalités vécues par les citoyens.ennes et de la responsabilité de ces élites qui font perdurer ces systèmes de violence et de mensonge où leurs intérêts-personnels-politiques amènent à tout couvrir, tout disculper voire poursuivre celles et ceux qui les dévoilent.
Comment établir la confiance et le respect dans la vie publique, quand un premier-ministre persiste et signe dans des fausses réponses, des détournements de la vérité, des arguments biaisés dans une affaire qui concerne autant la vie privée que publique.
On comprend par ailleurs la légèreté et le peu d’empressement des gouvernements successifs à prendre en compte dans son ensemble la question de la protection de l’enfance dont les quinquennats Macron ont contribué au dépérissement, dénoncé par les magistrats, les professionnels de l’enfance, du secteur éducatif, psychologues et psychiatres des Centres Médico-Psychologique, ...
Peut-être que les révélations de la fille-Bayrou permettront à son père de se rendre compte que même quand /les-faits-sont-prescrits-pas-les-consequences (ici)! qui restent toujours vivaces et traumatiques dans le corps et les têtes des victimes.
Et merci Coco pour ce pertinent trait, publié dans Libération du 24 avril 2025 :
* C’est un point important pour la démocratie, outre l’enquête judiciaire, la création d’une commission parlementaire le 19 février à la suite des révélations de violences morales, physiques et sexuelles au sein de l’établissement Notre-Dame de Bétharram. dans les Pyrénées-Atlantiques. Au cours de sa réunion du mercredi 5 mars, la commission des affaires culturelles a désigné les députés Paul Vannier et Violette Spillebout rapporteurs. Il me paraît important que le rapporteur P. Vannier garde une certaine discrétion en tant que membre de la commission, car ses accusations répétés contre Bayrou me paraissent peu conformes avec le rôle qui lui a été attribué.
Une autre commission a été annoncée à l'occasion d'un colloque sur les violences sexuelles, organisée par l'Institut Louis-Joinet, une ONG, à la faculté de droit de Bayonne. Commission d’enquête indépendante, sera présidée par Jean-Pierre Massias, président de l'institut Joinet et professeur de droit à l'Université de Pau-Pays de l'Adour. Elle sera composée de dix commissaires, de trois représentants du Collectif des victimes de Bétharram (Alain Esquerre, Olivier Bunel et Alexandre Pérez), ainsi que de quatre membres d'un comité d'éthique parmi lesquels Jean-Marc Sauvé, qui avait présidé la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).
Comme la rédaction de Médiapart l’a déjà évoqué, il serait urgent un audit national sur les établissements privés des différentes obédiences religieuses.