Le chapô du billet de Mérôme Jardin, (il s’agit d’un communiqué de presse daté du 29 jan 2022 de l’Observatoire de la Transparence dans les politiques du médicament dont il est un des cofondateurs) ouvre une question essentielle sur les objectifs du président ‘‘Emmanuel Macron ne s'est pas encore déclaré officiellement candidat, mais l'annonce par le Premier ministre d'un « plan massif de réinvestissement de Sanofi en France » vaut tous les programmes électoraux en matière de politiques du médicament. A trois mois des élections, Emmanuel Macron veut-il laisser en héritage la dilapidation de l'argent public au seul bénéfice des actionnaires d'une multinationale qui conduit une stratégie de R & D (Recherche et Développement) désastreuse ?’’
Son développement, à lire ici, Sanofi : pourquoi Macron veut-il remplir le tonneau des Danaïdes ?, me paraît un apport important pour comprendre comment le pouvoir utilise l’argent public.
Serge, ‘‘grand-frère protecteur ?’’
Dans les éléments ‘‘à la marge’’ de la bienfaisance du premier-ministre, exécutant les directives de Macron lors de sa prestation en Alsace le 28 janvier dernier, pour un plan massif de réinvestissement de Sanofi en France, peut-être que les liens de complicité entre Macron et son ami Serge y ont un petit peu contribué.
En effet Serge Weinberg, président du conseil d'administration de Sanofi depuis mai 2010, ayant été nommé PDG temporairement fin 2014, dont les performances à la tête du grand laboratoire sont plutôt moyennes, énarque, ancien de la Commission Attali, a fait entrer le jeune Emmanuel Macron à la Banque Rothschild, où il était administrateur.
D’ailleurs ce proche de Fabius a réussi à faire nommer comme directeur de son cabinet à Bercy, un cadre dirigeant de Pinault, au moment des investigations sur la situation fiscale de François Pinault, où l’ami Serge avait fait une grande partie de sa carrière. Il aide vraiment les chercheurs-de-job ‘‘à traverser la rue’’...
‘‘Une poupée gigogne de scandales”
Rappelons que le président en juillet 2020 lui a remis les insignes de commandeur de la Légion d’honneur. Ce qui a indigné le député François Ruffin, car il avait dénoncé déjà deux ans plutôt les relations de connivence avec le Laboratoire notamment sur la Dépakine : ‘‘Une poupée gigogne de scandales”, avait-il ainsi qualifié au Grand Palais, à Paris, lors de l’ouverture de l’exposition coorganisée par Sanofi et placée “sous le haut patronage” de l’Élysée. “Premièrement Sanofi savait et pendant 30 ans on a filé de la Dépakine aux mères enceintes, créant entre 16.000 et 30.000 enfants autistes. Deuxièmement, aujourd’hui Sanofi refuse de payer. Troisièmement, L’État se fait complice de Sanofi, puisqu’il ne fait rien et ne met pas Sanofi sous contrainte pour payer”, selon les Inrockuptibles du 22 novembre 2018.
Dans le livre enquête co-écrit avec Cyril Pocréaux, Un député et son collab’ chez Big Pharma, il souligne l’attitude complaisante de l’État : “Normalement l’intérêt général doit passer par-dessus celui des multinationales. Les ministres, le président de la République, doivent nous défendre, venir s’interposer entre les intérêts des multinationales et le public. Or c’est l’inverse qui se passe : l’intérêt des multinationales passe nettement au-dessus de l’intérêt général”.
Et Ruffin, député, a aussi fait du journalisme en retenant, comme l’écrit Matthieu Dejean dans les Inrocks, “quelques étapes de cette complicité”. Il y a la déclaration d’Édouard Philippe en 2017 à l’Assemblée, à propos de Sanofi : “On ne doit pas dénigrer une entreprise française qui fonctionne bien”. Celle, quasi-jumelle, de Christophe Castaner qui s’était rendu sur un site de Sanofi : “On ne peut pas critiquer une entreprise qui réussit”. ‘‘Ou encore le satisfecit donné par l’Élysée à Sanofi lors du Dolder (réunion du gotha de la pharmacie mondiale) le 9 juillet 2018, alors que la veille, Mediapart et France Info révélaient que l’usine Sanofi de Mourenx a émis 190 000 fois plus que le maximum autorisé d’une substance cancérigène’’.
On sait que la justice a reconnu Sanofi responsable dans l’ffaire de la Dépakine. Pour les Magistrats, Sanofi a « commis une faute en manquant à son obligation de vigilance et à son obligation d’information ».
L’ami Serge du Président qui devait partir à la retraite du fait de son âge (71 ans) a obtenu du conseil d’administration de rester jusqu’en 2023.
‘‘L’invariant président” selon le Canard
Un savoureux portrait de l’artiste publié dans les ‘‘Prises de Bec’’ du Canard Enchaîné par Anne-Sophie Mercier mérite la lecture (29 déc 2021).
Et on ne peut que conclure sur le ‘‘mauvais esprit’’ de ce billet, car comme l’a dit le premier-ministre, vendredi dernier en Alsace, ‘‘La question est de savoir si celles et ceux qui sont au pouvoir et c'est mon cas prennent les décisions qu'il faut. Je pense que tous les Français ont été traumatisés par l'abaissement des moyens depuis 30 ans sur l'innovation et la recherche dans la santé qui abouti à ce qu'on ne fasse pas de vaccin français contre le covid’’... ‘‘J'annoncerai dans la deuxième quinzaine de février un plan massif de réinvestissement de Sanofi en France, parce qu'il faut repartir de l'avant’’. La condamnation de Sanofi ne semblant pas interpeller d'aucune façon le premier-ministre. Et puisque le Laboratoire a fait appel, ‘‘tout baigne!’’
Oui ‘‘Le tonneau est percé’’...
Vu les résultats et la politique de Sanofi, Mérôme Jardin a raison d'associer l'annonce de Castex et le sort des ‘‘filles de Danaos, condamnées à l'enfer après leur mort, contraintes de remplir à l'infini un tonneau dont le fond était percé.’’ Percé certes mais pas pour tout le monde, ni les actionnaires, 4 milliards distribués en 2020 ni le directeur général qui, déjà en 2013, gagnait 508 fois le SMIC, selon Cash Investigation d’Élise Ducet, cette autre ‘‘Emmerdeuse’’ de l'information.
Bien sûr tout ceci est légal et Anticor n'a pas à y chercher des indices de ‘‘Corruption’’. En revanche il paraît limpide que l'éthique en politique n'est vraiment pas la nature de ce quinquennat. Et peut-être qu'associer le lien des copains Serge (Weinberg) et Emmanuel (Macron) n'est qu'un parti-pris électoral... et n'a rien à voir avec un renvoi d'ascenseur!

merci Box pour ce dessin!
In ‘‘la lutte des Sanofi pour les nuls’’, document qui est le fruit du travail d’un collectif de salariés issus de la branche «Recherche & Développement» du groupe SANOFI. (Collectif des salariés en lutte Anti-Sanofric)