J’avais déjà posté un billet à ce sujet, mais là je ne pouvais pas rester sans redire ma colère.
Ils sont épuisés, pourtant soupçonnés — ceux et celles qui tiennent encore ce pays debout sous les coups répétés d'une politique austère et ravagée. Au nom de la dette, on gomme deux jours fériés, on gèle les allocations, on rogne dans la santé, tout en laissant les grands groupes engranger des profits records. Franchement, à quel moment ce gouvernement cessera-t-il de mépriser ceux qui travaillent, peinent, soignent, élèvent, éduquent ?
Le mythe du « travailler plus »
« Travailler plus » est devenu un mantra creux. Peu importe que la France soit déjà l’un des pays les plus durs en matière d’absences au travail, de semaines chargées et de burnout généralisés. Bayrou et ses collègues ressassent le même dogme : deux jours fériés en moins pour « produire plus » — comme si cette mesure symbolique allait résoudre le déficit abyssal de 163 milliards d’euros en 2024. Au passage, on sacrifie le temps de vivre, sans jamais toucher aux vrais coupables.
L’austérité pour les pauvres, la prospérité pour les riches
Pendant ce temps, les géants du CAC 40 battent des records. En 2023, leurs profits ont atteint 153,6 milliards d’euros, accompagnés de 67,8 milliards de dividendes et 30,1 milliards de rachats d’actions. Malheureusement, toute cette manne passe toujours sous un radars — trop occupé à désigner les plus précaires comme bouc émissaire. Rien pour les classes populaires, tout pour les actionnaires.
Une politique de classe
Le discours gouvernemental sur la « responsabilité individuelle » et la « fraude sociale » (estimée souvent à de grands chiffres incertains) n'est qu’un écran de fumée. Le vrai problème, c’est l’évasion fiscale, les fortunes placées offshore, les niches qui siphonnent l’impôt — jamais mis à contribution. Pourtant, ce serait là un vrai levier budgétaire, pas les jours fériés qu'on supprime.
Le mépris des corps épuisés
Ce sont ces mêmes ouvrières, infirmières, enseignants, caissiers, profs, agents territoriaux qui ont maintenu le pays à flot pendant la pandémie. Ce sont leurs corps épuisés qu’on stigmatise aujourd’hui. Ce n’est pas qu’ils ne travaillent pas assez : c’est qu’ils travaillent trop, trop longtemps, trop dur. Et ça fait du burn-out, des arrêts maladie, de la fatigue chronique. Mais pas d’indignation de la part des élites.
Contre l’austérité, une autre politique est possible
Il y a une piste claire : imposer les super‑profits des entreprises, plutôt que de faire les poches des plus faibles. Comme le soulignait récemment un groupe parlementaire, une part des profits durablement supérieure à 39‑40 % de la valeur ajoutée constitue une rente à fiscaliser. Ce serait un vrai choix de justice sociale.
Ce n’est plus de simples mesures d’économie dont il s’agit, mais d’un choix idéologique : taper sur les vulnérables pour préserver les riches. Ce modèle-là est cassé — et la résistance doit venir de partout. La solidarité, le partage des richesses, l’impôt progressif sur les supérénormes profits — voilà le chemin d’un pays qui réinvestit dans ses services publics, dans sa vie collective, dans sa dignité.
Sources : LeMonde