Benjamin GADRAT

Abonné·e de Mediapart

17 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 avril 2023

Benjamin GADRAT

Abonné·e de Mediapart

Déclaration du 2 avril 2023, journée internationale de l'autisme

Aujourd'hui, en cette journée mondiale de l'autisme, je souhaitais m'afficher en faveur de la solidarité entre les personnes autistes. Cela commence par dire que je le suis moi-même.

Benjamin GADRAT

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En juin 2016, une personne en cours de diagnostic d'autisme aujourd'hui diagnostiquée m'a fait remarqué que je suis potentiellement concerné aussi. Depuis, j'ai remarqué que plusieurs personnes me considèrent comme étant autiste, y compris des personnes avec qui je n'avais jamais évoqué ce sujet. Je me suis donc fait à l'idée que j'étais autiste à partir de fin 2016 et que je n'ai pas à en avoir honte, et que j'en savais suffisamment sur moi pour ne pas avoir à m'engager dans une démarche diagnostique. Néanmoins, des éléments m'ont conduit récemment à réfléchir à aller vers une démarche diagnostique. Je me souviens néanmoins avoir vu des psychiatres et psychologues scolaires lors de mon enfance et en conséquence ait interrogé mes parents pour savoir si un diagnostic avait été posé. Par conséquent, j'ai appris que j'avais vu un pédopsychiatre dont je ne me souviens pas lorsque j'étais à l'école maternelle, suite aux recommandations de l'institutrice qui avait remarqué que j'allais peu vers les autres mais qui pensait que j'avais une horloge dans l'estomac alors que je savais lire l'heure à ce moment, ce qui l'avait beaucoup surprise. Ce pédopsychiatre m'a fait faire des dessins alors que je n'aimais pas dessiner. A un moment, il a dit à ma mère que j'avais des traits autistiques. Ma mère a alors demandé ce qu'elle pouvait faire mais le pédopsychiatre a dit qu'il n'y avait rien à faire et a dit « Vous avez de la chance : il parle ». Cela a alors fait pleuré ma mère à l'époque. Par la suite, nous avons vu une autre psychiatre dont je me souviens connaissance professionnelle de mon père. Cette psychiatre a quant à elle parlé de « dysharmonie du développement » et avait souligné que je surinvestissais le domaine intellectuel par rapport d'autres domaines comme le domaine moteur, mais elle a rassuré mes parents en leur adressant plusieurs recommandations me concernant dont celle d'aller voir une psychomotricienne. Je me suis renseigné sur la dysharmonie, et il s'avère que ce diagnostic n'existe pas dans le DSM mais que cela relevait à l'époque des TED (Troubles Envahissants du Développement), devenus depuis TSA (Troubles du Spectre Autistique). Compte-tenu de ces éléments, je considère avoir été diagnostiqué autiste pendant l'enfance.

Le DSM-5 définit les TSA par une dyade autistique avec des « déficits de la communication et des interactions sociales » et un « caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités ». Je ne vais pas détailler le sujet étant donné qu'il y a beaucoup de contenus venant de personnes autistes, mais le caractère hautement péjoratif de la description et peu précis pose de très lourds problèmes car d'un côté beaucoup de personnes autistes ne veulent pas se reconnaître dans ces qualificatifs, et de l'autre cela contribue à une vision erronée de l'autisme par la société et est la source de nombreuses malveillance. Ce sujet fait l'objet d'un article sur mon blog Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/benjamin-gadrat/blog/020423/pourquoi-la-definition-officielle-de-lautisme-pose-probleme. Je vous recommande aussi le visionnage de cette vidéo sur les mots à utiliser pour parler d'autisme : https://www.youtube.com/watch?v=Pe3OTaL7rts

Le spectre autistique étant très large, les difficultés sont très variables d'une personne autiste à une autre. En revanche, il y a une difficulté commune à la plupart des personnes autistes : il s'agit de la malveillance subie, qui s'attaque également aux proches des personnes autistes. Il y a à mon avis 2 types de malveillance que subissent les personnes autistes : la malveillance de rejet et la malveillance de manipulation et les 2 se nourrissent l'une de l'autre. La malveillance peut se référer directement ou non à l'autisme, et peut être le fait d'institutions comme d'individus ordinaires. Ce sujet fait également l'objet d'un article détaillé sur mon blog Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/benjamin-gadrat/blog/020423/la-malveillance-face-lautisme. Pour lutter contre cette malveillance, il nous faut une solidarité entre personnes autistes ainsi qu'une visibilité accrue de ces personnes, et cela nécessite au préalable qu'un maximum de personnes autistes s'identifient comme telles et donc qu'elles aient conscience d'être autistes. Cela nous amène alors au sujet suivant de cette déclaration.

J'ai beaucoup entendu « pourquoi vous vous collez une étiquette ? » et j'ai beaucoup à dire sur le sujet. Il faut alors s'interroger sur ce qu'il se passerait s'il n'y avait pas de mot pour définir notre caractéristique neurodéveloppementale. D'une part, la société continuerait à nous coller des étiquettes comme celles de « bizarre » « imbu.e de lui/elle-même », « prend tout au pied de la lettre » et à exclure les autistes et d'autre part il n'y aurait rien pour se reconnaître entre nous et exercer une solidarité pour lutter contre la malveillance. Il convient donc de cesser de faire cette remarque maladroite, que j'ai sans doute utilisé en 2016 au moment où j'ai commencé à comprendre que je suis autiste. A ce titre, je vous recommande le visionnage de cette vidéo sur le fait de « se coller une étiquette » : https://www.youtube.com/watch?v=1Punu_cG_OE

Je termine cette déclaration en invitant un maximum de personnes autistes à témoigner sur les réseaux sociaux et en remerciant toutes les personnes autistes ayant publié du contenu.

Enfin, je vous invite à ne pas relayer les appels « Tous en bleu pour l'autisme » ou à relayer les pièces de puzzle, qui sont à l'initiative d'organisations de charlatan.e.s qui cherchent à guérir l'autisme et qui ne représentent absolument pas les personnes autistes.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les contenus suivants :

Bien sûr, ces contenus sont loin d'être exhaustifs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.