Impossible de passer à côté du phénomène GirlBoss. Ce terme, popularisé par Sophia Amoruso via sa marque Nasty Gal lancée en 2014 puis la la série du même nom en 2017, s'immisce depuis sur nos murs, nos smartphones et nos représentations au point d'être devenu une sorte d'imago en soi (image figée construite comme une représentation conceptuelle).
Des super héroïnes du capitalisme boostées au devperso
Qui n'a pas sa girlboss en tête ? De Beyoncé à Bree VanderKamp en passant par les entrepreneuses à succès sur internet, la girlboss semble avoir le vent en poupe, à l'instar du site Bonnes Soeurs qui, dès sa page d'accueil, annonce la couleur dans l'onglet initial intitulé Girlboss justement :
"Nous sommes Constance et Mathilde et avons décidé de défier ces stéréotypes pour créer notre propre voie vers le succès, malgré les pressions de la société."
Sorte de princesse des temps modernes, elles cassent les codes comme les stéréotypes en se hissant tout en haut de l'échelle social. Pour ce faire, elles utilisent leur super pouvoir : être une femme qui ose, qui défi la norme et se lance dans le grand bain du capitalisme. N'écoutant que leur courage, elles nagent au milieu des requins et des loups de Wall Street, sans craindre les coups. Femmes fortes et puissantes, leur mission sur terre est de vous "inspirer". Parce que "si elles ont réussi, vous aussi" (parce que vous le valez bien, bien sûr) comme l'évoque Melody Madar dans une interview à Welcome to the Jungle en janvier 2024 :` "femme qui a des rêves, des projets, des ambitions, et qui met tout en œuvre pour les réaliser. […] C’est un état d’esprit plutôt qu’un statut. Cela passe d’abord par la confiance en soi, puis en affirmant ses ambitions. »
Très inspiré du développement personnel, les méthodes pour en être, vous invitent à
- "dépasser vos peurs" en osant là où vous avez été conditionnée à renoncer. Autrement dit, à vous surpasser et à prendre le risque de tout perdre.
- "identifier vos freins" à savoir, ce qui en vous serait des "pensées limitantes" grâce au soutien des "formatrices". Autrement dit, à leur faire une confiance aveugle sous prétexte qu'elles ont "réussi".
- vous défaire de vos "obstacles" dont votre entourage ferait parti puisque si vous vous sentez limitée, c'est forcément un peu leur faute. Autrement dit, ne faites confiance qu'à vos coachs qui vous connaissent mieux que les vôtres.
- admettre que vous vous donner des "fausses excuses" comme ci-dessous. Autrement dit, les injonctions du capitalisme ne sont pas des fatalités, mais de choix individuels.

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Les injonctions du devperso se suffisent même à elles mêmes, à croire l'onglet "programme de la formation" intitulé "3 MOIS POUR CRÉER VOTRE ENTREPRISE DE A À Z AVEC UN PLAN D'ACTION EN BÉTON. SUCCÈS GARANTI !" dont les objectifs du premier module de formation sont :
"Adopter le mindset entrepreneur.
Développer son leadership et son assertivité.
Briser les plafonds de verre : apprendre à surmonter le syndrome de l’imposteur et des pensées limitantes."
A croire le site, la formation de 3 mois suffit à lever toutes ces limites. Que ce soit leur rapport à l'argent, au pouvoir ou à la prise de parole en public, tout peut être balayé d'un revers de veste de tailleur bien ajustée. Nul besoin de travail au long cours en psychothérapie ou d'études fines sur les effets du patriarcat, la formation est dispensée par des femmes sans qu'il ne soit jamais fait mention de leur formation. C'est leur mindset qu'elles transmettent (état d'esprit, mais ça fait souvent mieux en anglais), le tout pour la modique somme de 1000 euros (hors promotion) minimum.
Derrière la percée du plafond de verre : des confusions au service de l'individualisme néolibéral
Cet état d'esprit consiste à croire que nous sommes au centre de tout (et notamment de l'univers) et qu'une formulation positive, une détermination sans faille et un focus total sur ses objectifs suffisent à faire advenir un résultat positif, comme par magie. En effet, puisque ça a marché pour certaines (sans que rien ne viennent en faire la démonstration sérieuse), alors ça peut marcher pour d'autres. L'objectif est donc d'inspirer les autres (pour ne pas dire influencer ou manipuler).
Si manipulation il y a, c'est que cette perception ("si tu veux, tu peux") confond vouloir et pouvoir. En entretenant ainsi l'illusion qu'il suffit de vouloir pour pouvoir et en faisant fi de toutes les études qui précisément disent le contraire comme le rappelle Samah Karaki dans Le talent est une fiction paru aux éditions JC Lattès en janvier 2023.la confusion revêt une fonction précise : culpabiliser la personne de ne pas parvenir à ses fins par elle-même afin de la rendre poreuse et malléable à se "donner les moyens" d'y parvenir.
Puisque tout n'est qu'une question de volonté alors la responsabilité individuelle est partout engagée (et le "je" domine tout au long du site) et les facteurs environnementaux se résument alors à "se méfier de son entourage". L'individualisme ainsi renforcé et le carriérisme compétitif mis en branle, deviennent lors des sources d'inspiration pour ces pauvres femmes en mal de guides pour naviguer dans les eaux du capitalisme sauvage et débridé.

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Cette inspiration ne vaut d'ailleurs qu'à condition d'être au clair sur les attendus sociaux parce qu'il ne faudrait pas briser l'ensemble des stéréotypes qui font tenir la société capitaliste surtout, comme le rappelle Nadia Shehadeh dans « Anti-Girlboss » (ed. Ullstein, en allemand, non traduit) via l'interview donnée à Welcome to the Jungle le 1er mars 2024.
"La « Girlboss » vient d’un idéal néolibéral : une femme accomplie qui a le travail de ses rêves, qui est arrivée là grâce à son ambition, sa volonté. En général, elle a autour de 40-50 ans, est hétérosexuelle." C'est donc tout d'abord une question de pouvoir. "Boss" signifie "patron.ne" en anglais et comme l'anglais ne genre pas comme nous, on peut s'étonner de l'ajout de "girl", comme le fait Malia Kounkou dans cet article paru dans les pages d' Urbania en avril 2022. En français, les ajouts d'adjectif derrière un nom, induisent que le concept inhérent au nom est a priori exclusif de l'adjectif. Or, en anglais, le rajout n'a plus de sens. Alors pourquoi le faire si ce n'est pour signifier et renforcer l'idée qu'a priori, les femmes ne seraient pas légitimes à exercer des postes de pouvoir ?
"Et la preuve se trouve dans l’essence du mot « girlboss », qui, en lui-même, se contredit. Car si le but est ici de réclamer une place de pouvoir à laquelle tous les genres peuvent briguer, et pas juste celui masculin, pourquoi mettre un « girl » juste devant ?"
La girlboss est donc une femme de pouvoir. Une "femme puissante" comme disent à la fois Léa Salamé et Mybetterself devenue Louise Aubéry une fois sa "puissance accomplie". C'est une femme, une femme souvent mûre ou mature, qualifiée de "girl"- ce qui correspond davantage à jeune fille, voire jeune fille en fleur - histoire de bien renforcer l'idée que les femmes qui vieillissent, c 'est mal.
Une reconduction des injonctions et des inégalités de genre pour mieux nous culpabiliser
En somme, le terme lui même pose question. Non seulement, il suppose un archétype féminin qui serait totalement en dehors de toute forme de pouvoir à vouloir absolument préciser sa dimension girly, mais il renforce aussi l'idée que les femmes doivent rester jeunes, belles et attractives même quand il s'agit de leurs compétences professionnelles. Bref, passons sur cet agisme à la peau très dure qui ne semble pas choquer grand monde et revenons à la girlboss qui "pour être au top à tous les niveaux" comme l'exprime explicitement cet article de Glowria paru en mars 2023 doit l'être autant dans la sphère professionnelle que privée. Et les injonctions vont elles aussi bon train à cette occasion :
"Il n’y a pas que dans la vie professionnelle qu’il faut prendre les choses en main. Pour être totalement épanouie, votre vie personnelle est primordiale. Pensez bien que c’est votre vie, et pas celle de quelqu’un d’autre. Alors, n’ayez pas peur de dire ce que vous pensez, de dire non quand une situation ne vous convient pas, ou encore d’oser prendre les devants sur des situations. Vous êtes complément maitre de votre vie, c’est la vôtre. N’oubliez pas de faire des choses qui vous font plaisir avant tout. C’est important d’être altruiste et de faire en sorte de faire plaisir à son entourage, mais sans jamais s’oublier pour autant dans l’équation."
Entre l'individualisme revendiqué et le contrôle assumé, dur de ne pas y voir une to do list en mode devperso quasi impossible à réaliser vu l'importance des injonctions paradoxales : "sois épanouie" et "deviens ton propre maître". En filigrane, c'est surtout les injonctions faites à la féminité qui se dessinent en creux de ces mantras pour devenir la meilleure version de soi même.

En effet, pour être une vraie, la Girlboss doit donc remplir plusieurs conditions :
- Etre une femme cis (sinon ça marche pas puisque tout l'argumentaire se base sur la socialisation des femmes entre syndrome de l'imposteur et altruisme trop marqué)
- Réussir sa vie professionnelle (au sens capitaliste du terme : métier/passion, réussite financière pour satisfaire les besoins de consommation, reconnaissance sociale et admiration de l'entourage)
- Avoir une vie de famille épanouie (qui reste à définir mais se concentre sur la famille nucléaire et les besoins de chacun.e)
- Ne pas montrer de signe de vieillesse, de fatigue ou de vulnérabilité (sans quoi elle prend le risque de se retrouver sur le carreau)
- S'octroyer ainsi des pouvoirs spécifiques dont d'autres pourraient "bénéficier" (et qu'on peut vendre à prix d'or parce que l'inspiration n'a pas de prix).
Sorte de modèle de réussite 2.0, la girlboss ne viendrait elle pas davantage nous culpabiliser que nous inspirer positivement ? Telle est la question que pose aussi Malia Kounkou lorsqu'elle affirme :
"Sur papier, cette figure emblématique se doit d’inspirer d’autres femmes en leur montrant par ses propres accomplissements qu’il est possible de rêver en grand et d’atteindre le niveau qu’elle-même a atteint. Dans les faits, la girlboss n’a jamais été faite pour être imitée."
Plutôt une surface de projection et de fantasme la girlboss qu'une femme réelle ? C'est ce que laisse entendre l'article.Son objectif reste de se distinguer, tant sur les réseaux que dans la vraie vie. Sorte de piédestal capitaliste où la queen règne du haut de sa pyramide sur la plèbe et le troupeau de femmes moins "puissantes" ou "ambitieuses" qu'elles (entendre : racisées, précaires, entravées par leur environnement, leur situation de santé, etc.).
Une distinction qui maintient la domination bourgeoise, blanche et patriarcale
Parce que si ces femmes "puissantes" (selon qui et quels critères ?), le sont, c'est bien précisément, parce qu'elles ne sont pas comme nous, mais "supérieures" à nous. Si elles nous "inspirent", c'est en vertu de cette supériorité à laquelle nous aspirerions toutes. Ce qui est alors démontré, c'est surtout une manière de se distinguer de la masse (en mode bourgeoisie selon Bourdieu) plus que d'être une girlnextdoor (une fille comme tout le monde) et c'est bien là que le bât blesse comme le démontrait aussi Armistory dans une vidéo à l'automne 2024.
Derrière les strass et les paillettes affichés sur insta, c'est souvent une autre réalité qui se dévoile et cette réalité porte un nom : le capitalisme blanc et patriarcal. Ce que Racha Belmehdi nomme "le blanpatriacapitalisme" dans Rivalité : Nom féminin paru aux éditions Fabre en 2021. Comme on le dit souvent : "le féminisme, sans lutte des classes, c'est du devperso". Avec ce concept de la girlboss, on saute à pieds joints dedans comme l'évoque aussi Lou Janssens en mars 2025 dans les colonnes de RTBF Actus :
"Loin du féminisme intersectionnel, qui prend en compte toutes les discriminations que peut subir une femme dans nos sociétés, le début des années 2010 est marqué par la montée en puissance du féminisme "corporate", libéral. On assiste à une résurgence de l’intérêt pour les questions de féminisme et d’égalité, dans une société où #MeToo n’a pas encore eu lieu et où les femmes sont d’ailleurs largement sous-représentées dans les postes de pouvoir. La figure de la 'girl boss' apparaît alors comme une réponse inspirante. Ambitieuses, stratégiques, autoritaires : les femmes peuvent enfin réussir "comme les hommes". Ce modèle s’impose et semble progressiste, parce qu’il brise en apparence l’image d’une société sexiste, où les femmes étaient cantonnées aux rôles traditionnels et domestiques."
Sauf que ce "progressisme" affiché, n'est autre qu'une pure et simple reproduction des inégalités de race et de classe. Il ne questionne pas les angles morts du système et forme un pansement sur une jambe de bois, comme le rappelle Mel Mougas dans Stylist :
"La girlboss, dans sa splendeur solitaire, incarnée par des icônes comme Sheryl Sandberg ou Marissa Mayer, semble être le pendant glamour du self-made man. Un artifice d'émancipation avec la notion de profit au coeur de son fonctionnement. Surtout lorsqu’on retrouve cette expression imprimée sur des mugs et des t-shirts roses fabriqués par des femmes, dans des pays où elles sont probablement sous-payées."
Un concept finalement très antiféministe
Autrement dit, la girlboss, tant qu'elle fait du profit, ne s'embarrasse pas vraiment d'une éthique suffisante à lui garantir un karma de qualité. Et c'est d'ailleurs totalement contre productif en matière de féminisme, puisqu'elle donne surtout matière aux détracteurs qui voient dans ses dérives racistes, capitalistes, validistes voire même sexistes la preuve irréfutable de la nullité du féminisme dans son ensemble. C'est en ce sens que cet archétype n'a plus rien de vraiment féministe mais tout d'une manière de maintenir les injonctions faites aux femmes comme le titrait justement l'article de la RTBF écrit par Lou Janssens : "La girlboss, un mythe pas si féministe". C'est aussi ce que la youtubeuse @lasabz_ dénonçait déjà en 2022 dans cette vidéo :
De nombreuses affaires ont d'ailleurs pointé le bout de leur nez ces dernières années, démontrant que le système capitaliste comporte en son sein les graines de la "matrice globale de domination" dont nous parlait déjà Maria Lugonès. Loin d'être un totem d'immunité, être une femme suppose de déconstruire son rapport à la blanchité d'une part et au capitalisme d'autre part afin d'observer les privilèges dont on bénéficie et comment notre domination s'exerce sur autrui. Le management toxique, les affaires de détournement d'argent, le harcèlement ou toute autre forme de violence exercée dans le cadre du travail n'a pas de genre en soi. Ils s'immiscent à partir du moment où compétition, enjeux de pouvoir et individualisme se mêlent (les enjeux propres au capitalisme) dans un système qui exploite les plus faibles, dévalorise la vulnérabilité et donc l'humanité et cherche à faire de l'individu une entreprise à gérer.
Alexandra Pizzuto, dans un article pour Marie Claire, affirme pour sa part que : "Le mythe de la Girlboss repose sur le même schéma de domination que celui de toute entreprise capitaliste." Même causes générant les mêmes conséquences, les femmes qui se revendiquent être des girlbosses se révèlent souvent être aussi des harceleuses, des patronnes voyous et autres joyeusetés capitalistes aux USA comme en France. Pas très féministes, mais très capitalistes, le féminisme washing a le vent en poupe.

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L'article poursuit d'ailleurs en interrogeant la volonté beauvoirienne que les femmes soient "des hommes comme les autres".
"À croire que pour se faire l’égal de l’homme, il faudrait en imiter les codes et les stéréotypes, jusque dans l’attitude destructrice, alors même que ce mimétisme comportemental sera finalement plus durement jugé par le reste de la société."
Tout en restant plus durement jugées que ces messieurs pour les mêmes types de comportements puisqu'en tant que femmes, elles devraient en être immunisées à la naissance (mais bien sûr), ces femmes exercent leur pourvoir selon le modèle patriarcal. Pas si étonnant finalement que, pour arriver à des postes de pouvoir dans un système où écraser l'autre est la base, elles finissent par adopter les mêmes stratégies. Comme le déplore Amandine Gay interrogée par Khadidja Zerouali pour Médiapart à propos de son expérience dans une entreprise de podcast montée par une femme :
"Les personnes qui montent les studios de podcasts sont toutes des personnes blanches, issues de la classe moyenne supérieure ou de la bourgeoisie. Elles ont des stratégies, elles savent combien elles peuvent vendre un livre et elles réussissent à capitaliser sur le travail des franges les plus précaires des milieux féministes, antiracistes, handicapés et queer".
La domination et les inégalités de genre, de race et de classe sont totalement reconduites et ces femmes entrepreneuses sont portées aux nues malgré les "déboires". Elles continuent de bénéficier de soutiens financiers et d'opportunités sans qu'aucun ne remette en question leur méthode et leur agissement. Par leur validation du système capitaliste, elles réaffirment le patriarcat et la blanchité qui en sont les corollaires. En somme, ce n'est pas parce que des femmes se fraient un chemin dans un monde d'homme comme l'est l'entreprenariat qu'elles sont féministes, loin de là en fait. D'autant qu'à ces initiatives plus que douteuses s'ajoutent de véritables affaires de management toxiques comme l'évoquait Malia Kounkou :
"Les multiples révélations d’environnements toxiques perpétrés au sein ces compagnies nous prouvent une dernière chose : mis en action, le girlbossing est voué à trahir ses propres principes. Adieu la sororité, le désir d’égalité et la soif de justice. Bonjour le capitalisme. Le girl power est ici la carotte qui fait avancer les femmes jusqu’au burnout, le tout en leur faisant miroiter que si elles le veulent, alors elles le peuvent. Et si échec il y a, c’est qu’elles n’ont pas assez souhaité leur propre succès. Qu’elles ne se sont pas suffisamment tuées à la tâche. Tout ceci est un peu cruel."
Le capitalisme blanc patriarcal nous incite à croire que tout est une question d'individu pour détourner le regard du système dans lesquels ces derniers sont pris. Si vice il y a, c'est dans la psyché de l'individu et dans sa volonté ou ses intentions qu'il faut chercher la solution, surtout pas dans des facteurs systémiques et environnementaux. Tout devient donc une question de mindset, de vision à 360° et non de compréhension des structures de domination qui nous entourent.

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Ce n'est pas le patriarcat qui freine, mais vos pensées limitantes. Ce n'est plus la blanchité qui discrimine, mais votre vision du monde. Ce n'est pas le capitalisme qui vous déprime, mais votre incapacité à oser. La réussite serait donc à porter de sac à main pour tout à chacune. Facile d'être prems, comme pour les soldes, il suffit de se battre pour y arriver (quitte à s'entraîner avec une coach privée bien sûr). C'est à celle qui le comprendra le plus vite et deviendra ainsi la meilleure, la hit girl de la cour du collège (et la femme prétexte du monde capitaliste). Rien de bien féministe là dedans, bien au contraire.
Cette course effrénée à la réussite à tous les niveaux, dans toutes les sphères de la vie n'est autre qu'une nouvelle injonction faite au féminin : devenir toujours plus productive et valider toujours plus le capitalisme dévorant jusqu'à nos aspirations légitimes d'émancipation. Le tout en étant prioritairement blanche, jeune, mère de famille hétéro, cis et surtout aisée. Parce que, rappelons le, avoir le temps, le loisir et la capacité à pouvoir se réinventer, se lancer dans l'entreprenariat et viser des postes de pouvoir capitalistes, c'est plus facile quand on a les moyens de le penser et de s'y projeter. N'est ce pas ?
Alors soyons fières de ne pas être des girlbosses et surtout cessons de les encenser partout. Les pauvres, elles ne savent pas ce qu'elles font ;-)