L’éolien offshore est au devant de la scène politique en ce début Septembre, avec le démarrage des travaux du parc éolien dans la baie de Saint-Brieuc dans les côtes d’Armor.
Ce projet de Saint-Brieuc fait partie de l’appel d’offres n°2011/S 126-208873, lancé par le gouvernement en Janvier 2012 qui comprenait cinq sites :
Agrandissement : Illustration 1
En Avril 2012, Ailes Marines SAS remporte l’appel d’offre du lot n°4 (Saint-Brieuc), avec un prix de rachat compris entre 130 € / MWh et 190 € / MWh.
En Mars 2020 Iberdrola (siège social à Bilbao au pays basque Espagnole), qui possédait déjà 70% du capital du consortium Aliles Marines SAS, a racheté les 30% de parts restantes à Avel Vor (RES – Renewable Energy Systems et Banque des Territoires – Groupe Caisse des Dépôts), après avoir reçu le feu vert du ministre de l’Économie et des Finances français.
En Avril 2012, le choix de la société Ailes Marines a été jugé « irrégulier » par le Conseil d’Etat, suite au désaccord entre la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et les ministres de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, et de l’Industrie François Baroin.
Entre Août et Septembre 2016, une enquête publique a été menée sur l’ensemble des 28 communes concernées par le parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc.
Les résultats de l’enquête publique sur le projet du parc de 62 éoliennes en baie de Saint-Brieuc sont les suivants : 64,4% défavorable, 4,4% non exprimés et 31,2% favorable.
Et pourtant le projet n’a pas été abandonné, cela rappel le référendum de 2005 sur le traité de Rome établissant une constitution pour l’Europe.
En Juillet 2019, la commission européenne valide les tarifs d'achat de l'électricité produite par les futurs parcs éoliens français en mer, ainsi que des compensations financières.
Pour le site de Saint-Brieuc, le prix de rachat par EDF a été fixé à 155 € / MWh sur 20 ans, et la compensation financière a été fixée à 4,69 milliards d’euros. Ce soutien financier élevé par rapport à ceux pratiqués en mer du Nord ou en Baltique se justifient par deux particularités des côtes françaises, explique la Commission : des vents plus faibles et une nature de sol plus complexe (sols rocheux carbonatés au lieu de sols sableux ou argileux).
Ce soutien financier est financé par le budget de l’Etat au travers du CAS « Transition énergétique », qui est alimenté principalement par les taxes intérieures de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).
Donc nous finançons une implantation d’un parc éolien offshore dans la baie de Saint-Brieuc, sur lequel les vents ne sont pas suffisants, par les taxes à la pompe.
D’un autre coté la taxe CSPE (Contribution au service public de l’électricité), que nous payons tous sur notre facture d’électricité, sert à financer les coûts imputables aux charges de service public de l’électricité imposées aux opérateurs du marché tels que le fournisseur historique d’électricité EDF.
En d’autre terme le cout de rachat exorbitant de 155 € / MWh imposé par la commission Européenne est payé partiellement par le consommateur au travers de la CSPE (25 € HT / MWh).
Aspect technique du projet en baie de Saint-Brieuc
Dans l’appel d’offre le parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc prévoyait 62 éoliennes AREVA M5000-135 de 5 MW, soit un total de 310 MW de puissance installée.
Aujourd’hui le projet a accrue sa puissance installée à 496 MW, en choisissant des éoliennes Siemens Gamesa de 8 MW [4] (SG 8.0-167 DD à axe horizontal).
Au passage, les promesses de création d’emplois en France se sont évanouies en Allemagne.
Les dernières données (Juillet 2019 de la commission Européenne) font état d’une production annelle de 1,75 TWh, ce qui correspond à un facteur de charge de 40%.
Or en se basant sur la production d’électricité en 2018 fournie par Allemagne Energies [1], le facteur de charge de la filière éolien offshore est de 33,7%.
Alors, compte tenu des remarques de la commission européenne sur la faiblesse des vents dans la baie de Saint-Brieuc par rapport à la mer baltique, la production annuelle serait au mieux de 1,46 TWh, soit 16,5% de moins.
Cette production ne prend pas en compte les pertes capacitives de 33 kms de 2 câbles sous-marin tripolaire 225 kV [3] (entre le poste de raccordement RTE à terre et le transformateur élévateur 33 kV / 225 kV en mer) et les compensations imposées par le Grid Code [2] de 120 MVar (voir appel d’offre), qui représente 20% de la puissance active installée.
Bien souvent dans les grands parc éolien, une ou deux machines synchrone sont utilisées pour ne produire que du réactif, pour compenser les pertes capacitives des câbles de raccordement.
En conclusion la production annuelle du parc éolien de Saint-Brieuc a été très largement sur-estimée.
[1]: Bilan production d’électricité en 2018 fournie par Allemagne Energies
[2] : Grid Code parc éolien