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Billet de blog 26 septembre 2023

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Macron s’engagerait-il à se désolidariser du marché européen de l’électricité ?

Dans ces déclarations télévisées du 25/09/2023, le président de la république dit que l’Etat allait «reprendre le contrôle du prix de notre électricité», et en même temps, il a évoqué une probable augmentation de 10% en janvier 2024. Macron veut nous faire croire qu’il agit sur le prix de l’électricité, alors qu’il s’alignera sur la proposition de la CRE....

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Malheureusement la loi Nome a pénalisé EDF, avec l’ouverture à la concurrence. Il est grand temps qu’Emmanuel Macron montre les dents vis à vis de la commission européenne, d’autant que le mécanisme ARENH prend fin en 2024.
EDF étant re-nationalisé, la France n’a plus à subir les dictats de la commission européenne sur le marché de l’électricité. La France, avec son parc nucléaire dont le prix de revient est de 60 € / MWh, dispose d’un atout majeur vis à vie des autres pays européens.

 En référence à mon article « Pourquoi la France doit quitter le marché européen de l’électricité. », l’évolution du TRV (Tarif Réglementé de Vente) au 1er Janvier 2024, compte tenu de la méthodologie dite « par empilement des coûts » devrait être en retrait par rapport à la proposition de la CRE en janvier 2023 (environ 340 € / MWh).

L’évolution du TRV entre août 2021 et janvier 2022 est principalement dû a l’augmentation des coups d’approvisionnement sur le marché (qui est passé de 50 à plus de 110 € / MWh). La méthode par empilement met sur le même pied d’égalité EDF (qui a des moyens de production) et les Fournisseurs Alternatifs qui pour la plupart n’ont pas de moyens de production d’électricité. C’est la raison pour laquelle la CRE a augmenté le TRV, pour maintenir à flot les Fournisseurs Alternatifs.

 Au 1er janvier 2024, le contexte du marché de l’électricité aura changé, puisque le prix du marché Spot a largement baissé. De plus selon la publication CRE du 29/09/2023, la demande corrigée d’ARENH pour 2024 serait de 110 TWh, ainsi il n’y aurait plus que 10 TWh a approvisionner sur le marché Spot, ce qui devrait participer à diminuer le coût du complément d’approvisionnement en énergie, consécutif de l’écrêtement de l’ARENH.

Le prix moyen du produit BaseLoad 2024 sur la période d’approvisionnement qui s’étend du 1er octobre 2023 au 23 décembre 2023 (3 mois au lieu de 2 mois pour le BaseLoad 2023) devrait être plus bas que pour l’année 2023 (410 € / MWh), au regard de l’évolution du prix BaseLoad 2024 ci-dessous (courbe supérieure) :

Illustration 1

En faisant l’hypothèse que le prix moyen du BaseLoad 2024 soit de 150 € / MWh, le coup d’approvisionnement sur le marché devrait être de 86 € / MWh ( 237 x 150 /410).
Ainsi, au 1er janvier 2024, la CRE devrait proposer un prix du TRV suivant la méthode par empilement des coûts suivants :
- Rattrapage : 15,5
- Turpe : 61,5
- Energie + frais : 86
- Capacité : 8,9
- Coût de commercialisation : 13,5
- Marge : 3,5 
, soit un total de 189 € / MWh.

Illustration 2

Au 1er août 2023, la CRE proposait un TRV à 340 € / MWh, et le gouvernement avait décider de limiter la hausse à environ 180 € / MWh.

En limitant la hausse de l’électricité à 10% au 1er janvier 2024, Macron veut nous faire croire qu’il agit sur le prix de l’électricité, alors qu’il s’alignera sur la proposition de la CRE, et par la même occasion va dans le même sens qu’EDF qui demande une revalorisation du TRV, pour amortir le bouclier tarifaire. En effet les 2/3 du bouclier tarifaire est à la charge d’EDF : la taxe originale CSPE de 22,5 € / MWh (qui sert à financer les énergies renouvelable) a été réduite à 1 € / MWh par le gouvernement.
Reste à la charge du gouvernement les taxes d’acheminement finale d’électricité des communes et des départements (environ 10  € / MWh), qui ont été intégrées à la taxe CSPE par le gouvernement.

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