Ce n’est pas un hasard que la gauche ait disparu un peu plus chaque jour du radar citoyen. Au prétexte de gestion, et qu’elle veuille gérer le pays est parfaitement compris des gens, elle a, en fait depuis 1983, fait allégeance aux banquiers ultralibéraux de France et du monde, (ils le sont tous, à l’exception de deux ou trois, comme Claude Alphandéry ou les dirigeants du Crédit Coopératif), s’empêchant ainsi toute possibilité de porter ce qui la différenciait de la droite : la défense du progrès social, de la solidarité, de la justice, en bref, une alternative aux politiques conservatrices de l’argent roi. L’argent du 0,01% ultra-riche de la population mondiale, l’argent de la banque et de la finance.
Banque et banquiers.
Car pour les banquiers il n’y a pas d’alternative au libéralisme. Je ne parle pas du libéralisme livresque, mais du libéralisme réel, le plus extrême, qui n’est que la liberté du plus fort d’imposer ce qui le sert, l’enrichit, le maintient.
C’est pourquoi il est temps d’arrêter à gauche ou dans le monde intellectuel ces discussions, pourtant des plus intéressantes, sur le sexe des anges, (les anges de gauche bien entendu), l’existence ou non de la notion de peuple, l’Etat, la France d’ici et la France d’ailleurs, les invisibles, les fractures, l’indignation, la révolte*…
Car une seule lutte conditionne la possibilité de changer de système, la lutte contre les banques et la finance.
Car en elles, en cette finance dévoyée, est tout le problème. Un problème évoqué à la frange de nos débats médiatiques, abordé en quelques occasions, souvent comme un fait divers, mais jamais disséqué comme il mériterait de l’être. Chaque jour.
Car aux banques et à la finance sont associés les plaies les plus vives de nos démocraties. Elles ont nom, « corruption », « blanchiment », « argent de la drogue et du crime », « paradis fiscaux », « évasion fiscale », « élites délinquantes » « verrou de Bercy », « Emmanuel Macron », etc.
Car par elles est empêché tout programme de réformes en France. Car à cause d’elles est irréalisable la construction d’une Europe unifiée. Car par elles est rendue impossible la solidarité entre Etats européens. Car à cause d’elles la construction d’une économie équilibrée ne sera jamais réalisée. Car à cause d’elles le financement de l’économie réelle que constituent les PME et l’activité artisanale est toujours reporté.
Banquiers et Etat. Frères consanguins.
Ainsi, à peine élu, Hollande oublie les promesses faites et noie le PS. Par peur des banques. Par une écoute coupable de ses conseillers, experts ventriloques des lieux communs ressassés au Medef, (Gattaz exige 100 milliards de baisse des prélèvements), ressassés à l’AFEP (Lobby des grandes entreprises françaises). Ventriloques de la loi du marché, qui n’est en fait rien d’autres que la loi des plus forts à piper les règles, à tromper le consommateur, à déstabiliser l’Etat.
Ce marché dont tout économiste sait qu’il est inefficace comme nous l’avait enseigné Bernard Maris dans sa « Lettre aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles »** publiée en 1999. Avant la crise de la bulle Internet, bien avant la crise de la bulle des subprimes de 2008. Bernard Maris, qui écrira 13 ans plus tard, en 2012 « Plaidoyer (impossible) pour les socialistes ».
Quelques pierres encore à jeter aux banques françaises et à ceux qui les servent ; Cette pseudo réforme bancaire à la sauce hollandaise, par exemple, à laquelle nos députés n’ont même pas tenter de donner la moindre couleur de véracité. A la grande satisfaction du président de la Fédération bancaire française qui n’a pas hésité à dire que « ce texte de résolution bancaire nous paraît équilibré ». De la satisfaction du patron de la Société Générale allant jusqu’à avouer que la filialisation annoncée par le projet de loi ne concernerait que 0,5 à 2% des actifs bancaires. (Auditions en Commission parlementaire).
Des pierres encore pour les banques, je pourrais en remplir votre cageot. Je me contenterai de vous mette quelques noms de livres utiles si vous souhaitez convaincre quelques uns de vos amis qui pourraient se monter sceptiques***.
On ne peut terminer sur les banques sans parler de la porosité de l’Etat avec celles ci. Porosité qui fonctionne dans les deux sens. Il quitte Rothschild pour devenir Ministre de l'économie. Appelez le Emmanuel Macron. Il quitte le ministère pour la banque. Appelez le David Azema. Ils sont nombreux.
J’oubliais encore. Depuis des années on nous dit que ça y est. Oui, enfin ! Quoi ? Que la taxe sur les transactions financières va être adoptée par l’Europe. Et on apprend qu’un mauvais jojo met des bâtons dans les roues du projet. Son nom. Michel Sapin, ministre des finances de la France. La cause ? « Associations et ONG l’accusent de se faire l’avocat des banques » comme nous l’apprend Libération du 6 novembre 2014. Confirmé par le Figaro du 15 janvier 2015 : « La fédération bancaire française a formulé son désaccord profond sur le projet ».
Respectabilité. Le masque.
Si vous êtes indulgent, vous vous direz : jusqu’ici rien d’anormal, les banques défendent leurs intérêts, comme tout un chacun le fait dans notre monde d’égoïsmes. Fort bien. Mais grattons un peu la peau des banques.
Que trouvons nous sous le verni de la respectabilité ? Les purulences de la tricherie, du mensonge, des magouilles, des tricheries, de la corruption, de la criminalité en col blanc, la présence dans les paradis fiscaux.
Et là, nous sommes obligés d’élargir le spectre luminescent de notre lampe. Car en cette matière, pas une banque française, pas une banque européenne, pas une banque dans le monde, n’échappe à la mise en lumière.
Et ce mal, bien entendu a gangrené le monde politique et les Etats.
En terme de respectabilité, d’exemplarité, on nous rabâche à longueur de journées. L’Allemagne, l’Allemagne, l’Allemagne. Un peu moins drôle que la réplique de de Gaulle en 1965 à Michel Droit « L’Europe, l’Europe, l’Europe ! ».
Allons y voir. Derrière l’intransigeance de madame Merkel face à la Grèce, qui est à la manœuvre ? Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui fait la morale à Tsipras et Varoufakis.
Respectable le ministre ? Rappelons qu’Il dut démissionner de ses postes à la fin des années 90 pour avoir reçu un don non déclaré de 100 000 DM, de la part du marchand d’arme Schreiber. Mais il est revenu. Acceptable ?
Respectable l’Allemagne qui fait la morale à la Grèce et la France ? A d’autres ! Allez lire Charles Wyplosz, Professeur à L’Institut des hautes études internationales et du développement, à Genève, dans le Figaro du 24 mars****. Résumons le. « La dette allemande a été effacée entièrement en 1953 ». « Quid de la Grèce en 2015 ? Curieux, les allemands ignorent leur passé »… « L'Allemagne a commis des erreurs gravissimes, (1914/18, 1940/45), et on a passé l'éponge. La Grèce a commis des erreurs, moins graves. L'Allemagne s'honorerait à être le premier pays à proposer de réduire la dette grecque ».
D’autant plus que cette dette n’a jamais bénéficié aux citoyens grecs, mais aux vendeurs d’armes, américains sous la dictature des colonels, français et allemands ensuite. Avec à la clef de gros scandales de corruption. Scandale Siemens et scandale des sous-marins allemands vendus à la Grèce en 2007. (D’une valeur de 5 milliards).
La banque dans l’Europe.
Respectables banquiers on vous dit. Je vous présente le premier d’entre eux, Mario Draghi, Président de la BCE. Fils de banquier, ancien Vice-président lui même de Goldman-Sachs pour l’Europe, la banque qui avait aidé la Grèce à camoufler sa dette, et parié en même temps sur sa faillite, conseillant à ses clients d’en faire autant. Il a, avec la Troïka, fait en sorte que la dette grecque n’empoisonne plus les bilans des banques européennes en la faisant reprendre par les Etats. Payée par les citoyens. Les banques avaient empoché les bénéfices. Les peuples paient les pertes. Merci pour eux.
Et il en rajoute le banquier Mario Draghi, qui au delà de ce qui vient d’être rapporté ci dessus, n’hésite pas à demander aux banques grecques de ne plus acheter de bons du trésor grec, histoire de faire plier à Athènes ceux qui pourraient être un mauvais exemple de démocratie en Europe. Après avoir arrêté début février d’accepter de la part des banques leurs obligations grecques comme garantie de ses prêts. *****
Pour ce qui en est des plaies les plus vives faites par les banques à nos démocraties, « corruption », blanchiment de l’argent de la drogue », « paradis fiscaux », « évasion fiscale », « élites délinquantes » « verrou de Bercy », j’en ai déjà parlé auparavant. Je me contente de mettre quelques liens vers de l’information complémentaire si vous êtes intéressé******.
Vraisemblablement, un autre billet sera utile pour finir ce tour rapide de la question.
Il aurait aussi fallu parler du rôle néfaste des banques sur les moyens monétaires des Etats. Je mets en lien vers le blog sur Mediapart de DanYves pour un article intéressant sur le sujet*******
Enfin, je ne saurais passer sous silence les propositions en train de s’élaborer au sein de Nouvelle Donne. Tant en matière de lutte contre la finance, qu’en matière de création monétaire pour échapper à la dominance des banques. ********
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Livres à lire pour nourrir le moyen terme, mais qui nous éloignent de l’urgence à maitriser la banque et la finance. Donc à lire après le combat à mener contre celles ci.
Stop au mirage de la croissance, de Jean-Pierre Brovelli et Claude Simon. (Collectif Roosevelt).
Petit manuel de désobéissance citoyenne, de William Bourdon. (JC lattes).
La gauche et le peuple, de Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa. (Flammarion).
Changer l’Europe, par les économistes atterrés. (Babel)
Modeste proposition pour résoudre la crise de la zone euro, par James K ; Galbraith, Stuart Holland, Yanis Varoufakis. (Les Petits matins).
L’ère du peuple, de Jean-Luc Mélenchon. (Fayard).
La gauche ne doit pas mourir, de Liêm Hoang-Ngoc, Philippe Marlière (Les Liens qui libèrent).
La France périphérique, de Christophe Guilluy. (Flammarion).
Qu’ont-ils fait de nos espoirs ? de Mediapart sous la direction de Edwy Plenel (Don Quichotte).
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Bernard Maris. Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles. (Points)
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Livres à lire pour nourrir le court terme.
Stop à la dérive des banques de Claude Simon, (Collectif Roosevelt)
Kit anti requins. (ATTAC).
Le dernier des juges, de Roberto Scarpinato. (Editions La Contre Allée).
Séverine Tessier ; Lutter contre la corruption. (Editions François Bourin).
Antoine Peillon. Corruption (Seuil)
Jean de Maillard. L’arnaque (Folio actuel)
Pierre Lascoumes. Une démocratie corruptible ‘Seuil° et Sociologie des élites délinquantes (Arman Colin)
La capture, de Christian Chavagneux et Thierry Philipponnat. (La découverte).
Mon ami c’est la finance, de Adrien de Tricornot, Mathias Thépot, Franc Dedieu. (Bayard)
Crise financière, de Jean-Michel Naulot. (Deuil).
Le capitalisme hors la loi, de Marc Roche. (Albin Michel).
Sociologie des élites délinquantes ? Criminalité en col blanc et corruption politique, de Pierre Lascoumes et Carla Nagels. (Armand Colin).
Illusion financière ; Gaël Giraud. (Editions de l’Atelier)
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http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque
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http://blogs.mediapart.fr/blog/danyves/150315/l-histoire-des-banquiers-qui-ruinent-le-monde
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http://www.nouvelledonne.fr/une-nd-pour-reguler-la-finance
http://www.nouvelledonne.fr/wp-content/uploads/2014/04/LEuroFrancEn16Points_NouvelleDonne.pdf