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La CPT dénonce : les pesticides tombent du ciel sur des familles entières, tandis que les autorités ferment les yeux. L'augmentation des plaintes ne fait que révéler ce qui était déjà une réalité : un Brésil rural en état d'urgence agro-toxique.
Le Maranhão est devenu l'épicentre des conflits agraires au Brésil en 2024, selon ce rapport annuel de la Commission pastorale de la terre (CPT), publié mercredi 23 avril 2025*. De plus, cet État concentre 21,6 % de tous les incidents de violence contre les occupations de terres dans le pays - 363 des 1 768 cas enregistrés au niveau national - et le pourcentage alarmant de 83,5 % des cas de contamination par les pesticides (228 sur 276).
Alors qu'entre 2015 et 2023, la moyenne nationale de contaminations était de 24 cas par an, le Maranhão en a enregistré 228 pour la seule année 2024, soit une augmentation de 838 % par rapport à la moyenne historique. La CPT attribue ce phénomène à l'expansion non réglementée de l'agro-industrie et à la pulvérisation aérienne à proximité des communautés traditionnelles.

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Au niveau national, le nombre d'incidents liés à la contamination par les pesticides a été le plus élevé de la décennie (276), avec 17.027 familles touchées, soit une augmentation de 763 % du nombre de conflits et de 582 % du nombre de familles.
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Le rapport de la CPT fait également état de 47 menaces de mort dans le Maranhão, ce qui s'inscrit dans le record national de 272 cas en 2024. « Il s'agit d'un schéma d'intimidation visant à saper la résistance des communautés paysannes », prévient le coordinateur régional de la CPT, João Pedro Gonçalves.
Les taux les plus élevés de violence, d'abus et de conflits fonciers en 2024 ont été aussi enregistrés dans l'État de Maranhão, avec environ 360 incidents, suivi des États du Pará, avec 234 enregistrements, de Bahia, avec 135, et du Rondônia, avec 119.
Le nombre de conflits liés à l'eau est le plus élevé dans l'État du Pará, avec 65 occurrences, suivi du Maranhão, avec 45, Minas Gerais, avec 30, et Bahia, avec 22. Ces données représentent le troisième nombre le plus élevé en cinq ans, et par rapport aux chiffres de 2023, cela correspond à une hausse de 16 %.
La Comissão Pastoral da Terra (CPT), liée à l'Eglise catholique, organise et publie des études et analyses sur le monde rural depuis 1985.
Le 31 décembre 2024, le rapport « Territoires directement victimes de l'épandage aérien de pesticides dans le Maranhão », élaboré par le Réseau agroécologique du Maranhão (RAMA) avait été envoyé au rapporteur spécial des Nations unies sur les substances toxiques et les droits de l'homme, Marcos Orellana.
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(*) Pas disponible en entier, sauf après une demande formelle individuelle écrite aux attachés de presse. Nous avons donc décidé de ne pas les solliciter.