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Billet de blog 27 janvier 2025

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Au Maranhão (Brésil), santé nulle part, glyphosate partout

Après 11 ans d'interdiction, la justice fédérale autorise la pulvérisation aérienne de l'herbicide glyphosate au Maranhão. La demande avait été suspendue en 2013 à la demande du ministère public fédéral. Les données obtenues par Repórter Brasil montrent que 228 communautés dans 35 municipalités de l'État ont signalé une contamination, via drones, par les pesticides entre janvier et octobre 2024.

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Illustration 1
© DR

Après onze ans d'interdiction, la justice fédérale du Maranhão a autorisé la pulvérisation aérienne de glyphosate dans l'Etat homonyme, qui est l'Etat le moins urbanisé du Nordeste, peuplé de 7,1 millions de Maranhenses, et l'un des quatre Etats les plus pauvres du pays.
  
Cette décision effarante vient quelques semaines après celle aussi dommageable prise par le gouverneneur du Ceará, du parti PT, qui a autorisé le 19/12/24 l'utilisation de drones pour l'épandage de pesticides.
 
Au Maranhão, l'application de l'herbicide avait été suspendue en 2013 à la demande du ministère public fédéral (MPF), qui estimait que le gouvernement du Maranhão ne surveillait pas l'utilisation incontrôlée et irrégulière de la substance. 
 
Le gouverneur du Maranhão est Carlos Brandão, du parti PSB (centre droit), réélu et réinvesti pour quatre ans depuis 2023.
 
Le glyphosate, un herbicide utilisé pour tuer les mauvaises herbes, est le pesticide le plus utilisé dans le pays. Des pays comme le Mexique et l'Allemagne interdisent son utilisation en raison des risques pour l'environnement et la santé humaine, tels que le développement du cancer, de la maladie d'Alzheimer et de celle de Parkinson. Au Brésil, cependant, l'Anvisa (l’Agence sanitaire fédérale) a décidé de le maintenir sur le marché.
 
Dans une nouvelle décision, datée du 21 janvier 2025 (ci-dessous, en PDF de 6 pages), le juge fédéral Paulo César Moy Anaisse a estimé que le MPF n'avait pas réussi à prouver l'existence d'irrégularités dans la pratique de l'épandage aérien, « se limitant à des allégations qui ne se traduisent pas par un risque avéré». 
 

Decisao da Justica federal do Maranhao 21 01 2025 © DR (pdf, 2.0 MB)


 
« Bien que le principe de précaution, qui régit le droit de l'environnement, autorise l'adoption de mesures préventives pour protéger l'environnement, il est nécessaire que le plaignant présente au moins des preuves minimales d'un dommage matériel ou d'une menace concrète », a déclaré le juge dans son arrêt.

Pour Diogo Cabral, avocat de la Fetaema (Fédération des travailleurs ruraux, des agriculteurs et des agriculteurs familiaux de l'État du Maranhão), la décision de la justice fédérale constitue un revers environnemental et sanitaire : « L'injonction préliminaire interdisant la pulvérisation aérienne de glyphosate constituait une barrière de protection contre la contamination du sol et de l'eau  (...) en outre, l'interdiction de la pulvérisation aérienne de glyphosate sur les terres du Maranhão était un moyen évident de protéger la santé humaine, en particulier dans les communautés rurales qui ont toujours été victimes des pulvérisations aériennes et terrestres de pesticides ».

Selon l'avocat, le MPF a présenté plusieurs éléments de preuve attestant de l'utilisation abusive de la substance. M. Cabral cite en exemple une étude montrant l'application de 30 litres de glyphosate par hectare dans le Maranhão, alors que la limite recommandée par l'Agence de défense agricole de l'État est de 6 litres maximum par hectare.

Gabriel Colle, directeur exécutif du Sindag (Syndicat national des entreprises d'aviation agricole), s'est réjoui de cette victoire. « Il était clair qu'il n'y avait aucune preuve de contamination par le glyphosate, et il était également clair qu'il n'y avait aucune omission de la part de l'inspection concernant l'utilisation du produit, ou même dans l'autorisation des cultures qui utilisent le produit », a déclaré M. Colle. 
 

Sindag, qui agit en tant qu'« amicus curiae »* dans l'affaire, en fournissant des informations techniques, a envoyé plusieurs déclarations demandant que la pulvérisation de glyphosate soit autorisée dans le Maranhão.

Le ministère public fédéral (MPF) a fait appel de la décision, arguant d'une erreur dans l'analyse des preuves présentées par le Sindag.
 

Des données non publiées obtenues par le site Repórter Brasil, début janvier 2025, montrent que 228 communautés dans 35 municipalités de l'État ont signalé une contamination par les pesticides entre janvier et octobre 2024. Sur ce total, 214 cas (94 %) correspondent à des épandages  par des drones. 

Les données ont été recueillies par la Fetaema (Fédération des travailleurs ruraux, des agriculteurs et des agriculteurs familiaux de l'État du Maranhão), le Rama (Réseau agroécologique du Maranhão) et le Laboratoire de vulgarisation, de recherche et d'enseignement de la géographie de l'Université fédérale du Maranhão. 

Les plaintes vont d'empoisonnements humains à des dommages environnementaux, tels que la pollution des rivières et la mort d'animaux.
 

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(*) En droit, un amicus curiae [ami de la cour] est une personnalité ou un organisme, non directement lié aux protagonistes d'une affaire judiciaire, qui propose au tribunal de lui présenter des informations ou des opinions pouvant l'aider à trancher l'affaire, sous la forme d'un mémoire (un amicus brief), d'un témoignage non sollicité par une des parties, ou d'un document traitant d'un sujet en rapport avec le cas. La décision sur l'opportunité d'admettre le dépôt de ces informations ou de ces opinions est à la discrétion du tribunal.
 

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