
La campagne électorale de 2024 , à Belo Horizonte comme dans les grandes capitales, est utilisée par les entreprises brésiliennes comme un moyen de renforcer leurs liens avec les pouvoirs exécutifs de ces Etats. Bien que les dons des entreprises soient interdits depuis les élections de 2016, les plus grands donateurs de la campagne ont leurs numéros de cadastre de personne physique (CPF) liés à de grands numéros de cadastre de personne morale (CNPJ) de divers secteurs de l'économie. Tous ces dons sont légaux et ont été déclarés au tribunal supérieur électoral (TSE).
En tête de liste des donateurs, au Brésil comme au Minas Gerais, figure Rubens Ometto, propriétaire de Cosan - conglomérat d'entreprises qui actuent dans les secteurs du sucre, de l'ethanol, de l'alcool, de l'énergie, des lubrifiants et et de la logistique. Ometto a donné en 2024 plus de 17 millions de R$ (3,1 millions US$) à 177 partis et candidats, y compris aux bureaux nationaux des partis PSD (droite dure), du MDB (droite), de l'União Brasil (extrême droite) et du PSB (centre droit). Le candidat qui a reçu le plus de fonds de monsieur Ometto est l'actuel maire et candidat à la réélection de Belo Horizonte, Fuad Noman (PSD).
En 2023, Ometto a annoncé de nouveaux investissements d'environ 100 millions de R$ (18,2 millions US$) dans le Minas Gerais, y compris un projet d'installation de chargeurs à grande vitesse pour les voitures électriques, à Belo Horizonte, dans un premier temps. En avril 2023, l'entreprise Raízen, qui gère les services d'énergies renouvelables de Cosan, a également signé un accord avec le gouvernement du Minas Gerais, Etat dirigé par le bolsonariste Romeu Zema.
Ricardo Valadares Gontijo, PDG de Direcional Construtora, du secteur de la construction civile, a fait un don de 1 million de R$ (180.000 US$), réparti entre tous les bureaux nationaux, dont celui du Minas Gerais, des trois partis PSD (droite dure), PDT (socialiste) et Solidariedade (droite).
Ricardo Annes Guimarães, milliardaire et président de la Banco BMG, banque impliquée dans des dizaines de scandales depuis plusieurs décennies, a fait un don de 906.000 R$ (165.000 US$) aux candidats de Belo Horizonte, dont 333.000 R$ (61.000 US$) à la campagne de Bruno Engler (PL, bolsonariste). Quatre directeurs de ce Banco BMG, dont Ricardo Annes Guimarães, ont été condamnés, en 2016, pour gestion frauduleuse. Le candidat Bruno Engler, dorénavant présent au second tour du 27 octobre 2024, soutenu par Jair Bolsonaro, a également reçu 290.000 R$ (52.800 US$) de l'un des actionnaires du constructeur civil MRV Engenharia, le multimillionaire Eduardo Fischer Teixeira de Souza.
Rubens Menin, propriétaire de MRV Engenharia, Rádio Itatiaia et CNN Brasil, qui a toujours fait partie du noyau dur de l'élite qui a "ovationné", des années durant, Jair Bolsonaro, a également donné 500.000 R$ (90.800 US$) à la campagne de Fuad Noman, et 200.000 R$ (36.500 US$) à Fernanda Pereira Altoé, candidate et élue le dimanche 6 octobre 2024, au poste de conseillère municipale pour le Partido Novo (droite de droite). Le fils de Ruben, Rafael Menin, PDG de MRV Engenharia, a fait don de 477.000 R$ (86.700 US$) supplémentaires à d'autres candidats au conseil municipal de Belo Horizonte. A Belo Horizonte, le stade de l'équipe de football professionnel Clube Atlético Mineiro se nomme ... "Arena MRV".
Pour Guilherme France, responsable de la recherche et du plaidoyer à Transparência Internacional Brasil, l'on constate « que les donateurs individuels disposant de revenus élevés sont toujours en mesure de donner, même dans la limite de 10 % du revenu de l'année précédente, des montants capables de déséquilibrer les conflits politiques. Concrètement, dans une course municipale, c'est très plausible. Ce sont des gens qui ont des revenus tout à fait considérables, des millionnaires, qui sont capables de financer 50, 60, 70 % d'une campagne municipale dans une ville petite ou moyenne, et donc de l'emporter sur les autres candidats, ce qui déséquilibre la compétition».
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Sources : divers, Transparência Internacional Brasil, Brasil de Fato.