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Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a déclaré jeudi 7 novembre qu'il existait une "corruption institutionnalisée" dans l'Etat de Rio de Janeiro, le crime organisé influençant la politique et le système judiciaire.
" Le trafic de drogue n'est pas seulement un problème de drogue. Il s'agit d'un problème de corruption au sein de la police, des parquets et du système judiciaire. Au minimum, la corruption par omission. Et la corruption dans les assemblées législatives et les gouvernements des États. Personne ici ne pense qu'il est possible que le trafic de drogue, prenons l'État de Rio de Janeiro, les milices, le crime organisé se développent autant, s'il n'y a pas de corruption institutionnalisée, s'il n'y a pas l'avancée du crime organisé dans cette corruption."
M. Moraes participait le 7 novembre à un événement organisé au parquet fédéral (MPF) pour la "Journée internationale contre la corruption", qui sera célébrée samedi 9 novembre.
Par ailleurs, Alexandre Moraes a souligné que d'autres États, comme São Paulo, connaissent également une forte criminalité organisée, mais que la situation est différente de celle de Rio de Janeiro ; "São Paulo a une forte criminalité organisée, avec l'organisation criminelle PCC. Mais quelle est la grande différence entre São Paulo et d'autres États et la criminalité organisée dans l'État de Rio de Janeiro ? C'est que le crime organisé est institutionnellement infiltré dans divers organismes. C'est cela la véritable corruption", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Comment tant de fusils ont-ils pu être utilisés dans l'État de Rio de Janeiro ? - Comment autant de fusils* ont-ils pu atteindre le sommet d'une colline à Rio de Janeiro s'il n'y a pas de corruption ? C'est absolument impossible."
Pour M. Moraes, les techniques d'enquête utilisées pour lutter contre la corruption devraient l'être également pour lutter contre le trafic de drogue, les milices et les délits liés aux jeux d'argent : " Pourquoi ne pas utiliser les mécanismes utilisés pour lutter contre la corruption, qui est devenue systémique dans les entreprises publiques, pourquoi ne pas utiliser ces mêmes mécanismes juridiques, cette même vision de l'enquête, en ce qui concerne le trafic de drogue, les milices, le jeu de hasard "jogo du bicho" ? Le "jogo do bicho" est un crime organisé qui a des centaines de meurtres à son actif."
Le ministre a toutefois souligné et rajouté qu'il était nécessaire de renforcer la sécurité des membres du ministère public et du pouvoir judiciaire, car la réaction de la criminalité organisée est violente.
Mais le ministre du STF a surtout voulu détacher l'ampleur du problème et rappelé que "nous sommes arrivés à un point où la corruption ne sent absolument aucune gêne pour agir dans le monde politique. Et la lutte, tous les systèmes de prévention ont échoué, la lutte contre la corruption a fini par créer un très grand vide et ce vide a généré la polarisation, la haine et l'émergence, pas seulement au Brésil, d'une extrême droite sanguinaire [“extrema direita com sangue nos olhos”] et antidémocratique."
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(*) En 2023, les polices ont saisi, dans l'Etat de Rio de Janeiro, 500 fusils de guerre. Dans la seule deuxième semaine d'octobre 2023, 60 fusils de guerre ont été saisis, dont 47 dans une seule maison du quartier huppé de Barra da Tijuca (quartier où demeurent les Bolsonaro).