À l'unanimité, la 1re chambre du Tribunal suprême fédéral (STF) a condamné cinq des sept anciens membres de la direction de la police militaire du district fédéral (PMDF) dénoncés par le bureau du procureur général (PGR) pour omission dans l'exercice de leurs fonctions, ce qui a permis l'invasion et la déprédation des bâtiments de la Praça dos Três Poderes lors des actes antidémocratiques du 8 janvier 2023.
Le procès s'est tenu lors de la session virtuelle qui s'est terminée vendredi 5 décembre 2025. Le collège a suivi le vote du rapporteur, le ministre Alexandre de Moraes.
Les colonels Fábio Augusto Vieira, alors commandant général de la PMDF, Klépter Rosa Gonçalves, alors sous-commandant général de la PMDF, Jorge Eduardo Naime Barreto, ancien chef du département des opérations, Paulo José Ferreira de Sousa Bezerra et Marcelo Casimiro Vasconcelos ont été condamnés à 16 ans de prison.
Tous ont été dénoncés pour les crimes de tentative d'abolition violente de l'État de droit démocratique, de coup d'État, de dommages qualifiés par la violence et de menace grave contre le patrimoine de l'Union, avec des dommages considérables pour la victime et la détérioration du patrimoine classé.
En raison de l'insuffisance de preuves, le collège de juges du STF a acquitté le major Flávio Silvestre de Alencar et le lieutenant Rafael Pereira Martins.
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Dans son vote, le rapporteur, le ministre Alexandre de Moraes a conclu que l'accusation a clairement décrit les omissions des accusés, en raison de leur position de garants de l'ordre public. Selon le ministre, la performance de la PMDF dans les événements du 8 janvier 2023 ne peut pas être comprise comme le résultat de défaillances ponctuelles ou d'imprévus opérationnels. Selon lui, les faits montrent une action omissive, intentionnelle et structurée, qui a commencé avant le second tour des élections présidentielles de 2022 et qui a duré jusqu'à l'invasion et la déprédation des bâtiments des Trois Pouvoirs [le palais du Congrès national, le palais présidentiel du Planalto et le Tribunal suprême fédéral].
Toujours selon l'évaluation du ministre Alexandre de Moraes, le Plan d'Action Intégré 02/2023, préparé par la PM-DF, était insuffisant, puisqu'il désignait des recrues en formation – des nouveaux venus dans la corporation, avec un faible degré de formation et d'expérience – pour agir sur le terrain. Le ministre a vérifié que l'omission opérationnelle s'est manifestée de multiples manières : emploi de personnel insuffisant, absence de troupes de confinement spécialisées, non-installation de barrières efficaces, utilisation de policiers en formation et absence des commandants eux-mêmes dans les zones critiques pendant les attaques.
Selon Moraes, il a été prouvé que le commandement de la police militaire a approuvé une structure de sécurité réduite et inefficace. Le contenu des messages analysés montre que le colonel Klépter Rosa Gonçalves, tout en admettant la possibilité concrète d'une confrontation physique, a proposé un dispositif logistique avec l'utilisation de recrues en formation en première ligne et de troupes spécialisées à l'arrière. Le colonel Fábio Augusto Vieira, pour sa part, a accepté et approuvé la proposition. En outre, présent au Congrès national au moment des actes antidémocratiques, il a mis 90 minutes à mobiliser la Troupe de choc - un bataillon spécialisé de la PM-DF - à la demande du directeur de la police législative fédérale (DEPOL). L’adhésion des deux personnes au mouvement de contestation du résultat des élections de 2022 a également été prouvée, par le biais de communications privées et de partage de contenu numérique avec un parti pris ouvertement antidémocratique.
En ce qui concerne Jorge Eduardo Naime Barreto et Paulo José Ferreira de Sousa Bezerra, responsables de l’exécution des actions de police ostensibles et de l’élaboration et de l’exécution du Plan d’action intégré (PAI) de la PM-DF pour le 8/1/2023, le rapporteur Alexandre de Moraes a conclu que les omissions des colonels n’étaient pas simplement administratives ou négligentes, mais intentionnelles, avec une adhésion claire au résultat visé par le mouvement antidémocratique. « Le modèle de planification adopté n’était pas le résultat d’une erreur ou d’une improvisation, mais d’une option consciente de restreindre les actions de la PMDF, en ligne avec les objectifs de la foule extrémiste », a conclu Moraes.
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Sources : divers et STF