Le 10 novembre 2025, à Belém do Pará, s'est tenue la première journée de la 30e édition de la Conférence des Parties (COP30), une réunion sur le changement climatique organisée par l'ONU, à laquelle participent jusqu'à présent 148 pays.
Ce sera la quatrième fois que cet événement se tiendra en Amérique du Sud, et la première fois au Brésil. Annoncée en grande pompe par les gouvernements Lula (PT)/Alckmin (PSB) et Helder Barbalho (MDB) [gouverneur de l'État du Pará depuis le 1er janvier 2019], la «conquête» consistant à faire venir la COP dans la région amazonienne (au Brésil) a été vendue comme la garantie de nombreux héritages qu'elle laissera.
GOUVERNER POUR L'EXPLOITATION MINIÈRE
Le gouvernement fédéral/étatique soutient une image de lutte contre la crise environnementale, mais dès le premier méandre du fleuve, les faits démentent cette image. Voyons quelques-uns de ces héritages.
En 2021, Helder Barbalho a signé un « protocole d'intention » avec six sociétés minières, dont la société canadienne Belo Sun, qui a acheté de manière irrégulière des terres issues de la réforme agraire dans la municipalité de Senador José Porfírio, dans l'État du Pará, pour le controversé « Projeto Volta Grande » [PDF 40 PAGES], qui pourrait devenir la plus grande mine d'or à ciel ouvert du Brésil.
CADRE TEMPOREL ET EXPLOITATION MINIÈRE
Les politiques néolibérales adoptées par les gouvernements des États, le gouvernement fédéral et le Congrès [pouvoir législatif de l'État, composé de la Chambre des députés et du Sénat fédéral] n'ont fait qu'aggraver la question environnementale.
Le cadre temporel des terres des peuples autochtones en est un exemple explicite, qui culmine aujourd'hui dans le projet de loi réglementant la recherche et l'exploitation minière sur ces terres (PL 1.331/2022), un plan associé à une main-d'œuvre abondante, car le chômage et les faibles revenus qui touchent les municipalités incitent les jeunes à chercher leur subsistance dans les mines et les scieries de la région.
La privatisation des services d'eau et d'assainissement dans tout le Brésil via le cadre de l'assainissement, en particulier dans la région amazonienne qui en fait l'expérience dans plusieurs villes, se traduit par l'octroi ou la mise en place de concessions importantes à des entreprises privées, principalement Aegea Saneamento.
La privatisation des trois fleuves amazoniens (Madeira, Tocantins, Tapajós) dans le cadre du Programme national de privatisation (PND) pour la concession de leur utilisation pour la construction de voies navigables menace la vie et les territoires des peuples autochtones, quilombolas et traditionnels qui dépendent des fleuves pour leur subsistance.
INCENDIES ET SÉCHERESSE
L'exemple le plus proche est la destruction du Pedral do Lourenço [une formation rocheuse située entre Marabá (Pará) et Tucuruí (Pará), qui impacte la navigabilité du bassin Tocantins-Araguaia] pour la mise en place de la voie navigable Tocantins-Araguaia, qui prévoit au moins deux ans et demi d'explosions, détruisant ainsi l'habitat de plusieurs espèces de poissons, ce qui aura des conséquences mortelles pour plusieurs communautés.
En 2023, les villes du nord et certaines du centre-ouest ont souffert de la fumée provenant des incendies en Amazonie. Manaus a enregistré la deuxième pire qualité de l'air au monde, en plus d'être confrontée à une grave sécheresse qui a touché plusieurs municipalités de toute la région amazonienne.
FAIM, SOIF ET AIR INSALUBRE
Cette sécheresse a entraîné une insécurité alimentaire et des problèmes de santé dus à la consommation d'eau non potable par les communautés riveraines, les quilombolas et les peuples autochtones de la région. Ce scénario s'est répété avec plus de force en 2024.
Orchestrée par l'"AGROBUSINESS POP"*, principalement dans les municipalités de l'"arc de la déforestation**", la région a enregistré un nombre record de foyers d'incendies, dont la fumée s'est propagée jusqu'aux villes du centre-sud et du sud du pays, intensifiant le processus de pollution de l'air et provoquant diverses maladies respiratoires au sein de la population.
L'AMAZONIE EXPLOITÉE PAR L'ÉLITE
Plus récemment, l'autorisation d'exploiter le pétrole à l'embouchure de l'Amazone coûtera la vie à des écosystèmes uniques et essentiels pour la planète, tels que les mangroves et les récifs qui s'y trouvent.
Le risque de marée noire est très élevé, et les répercussions sur la sécurité alimentaire et économique des communautés traditionnelles et de pêcheurs ne feront que renforcer la position de l'Amazonie en tant que région d'exploitation commanditée par les élites nationales soumises au capitalisme fossile, aggravant la famine et la misère dans la région et exacerbant la crise environnementale mondiale.
ANTICAPITALISME, AVANT QUE LES RICHES NE BRÛLENT LE MONDE !
Ne nous laissons pas berner par le conte du capitalisme vert largement défendu par les dirigeants des États-nations, nous savons bien que la catastrophe climatique est un phénomène politique et économique, car c'est grâce au système capitaliste international, allié aux intérêts économiques des États-nations et de leurs élites locales, que l'extractivisme prédateur et l'agro-industrie enfoncent leurs griffes dans les territoires pour en sucer jusqu'au dernier centime qu'ils peuvent arracher à la terre.
C'est pourquoi nous crions QUE LES RICHES PAYENT POUR LA CRISE CLIMATIQUE, car ce sont leurs entreprises qui envahissent et exploitent la terre, dévastent les forêts et polluent les eaux.
Que les riches paient pour la destruction qu'ils ont provoquée afin de maintenir leur parasitisme, leurs caprices, la concentration du pouvoir, des biens et du capital entre leurs mains. Que nous puissions les arracher à leur confort face à la fin du monde qu'ils nous ont imposée !
par Coordination anarchiste brésilienne (CAB)
(10/11/2025)
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(*) Note du traducteur : Il y a eu les images colorées et modernes de la campagne « Agro é pop » (L'agriculture, c'est pop), diffusée sur la chaîne de TV mainstream Globo depuis 2016, qui présente l'agro-industrie comme le moteur du pays : la « richesse du Brésil ».
En opposition à ce discours rabâché qui cherche à construire cette scandaleuse fausse réalité, l'étude « L'agro n'est pas tech, l'agro n'est pas pop et encore moins tout » ("O Agro não é tech, o Agro não é pop e muito menos tudo") de l'Association brésilienne pour la réforme agraire (ABRA) en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert (FES Brasil) a été publiée (PDF, 40 pages) en octobre 2021. Les auteurs, Marco Antônio Mitidiero Júnior et Yamila Goldfarb, démontrent que l'agro-industrie non seulement n'apporte pas de nourriture à la population brésilienne, mais cette dernière ne voit que le besoin alarmant de nourriture augmenter.
(**) L'"Arco do desmatamento" est la région où la frontière agricole progresse vers la forêt et où l'on trouve également les taux de déforestation les plus élevés de l'Amazonie. Il s'agit de 500.000 km² de terres qui s'étendent de l'est et du sud du Pará vers l'ouest, en passant par le Mato Grosso, Rondônia et l'Acre.
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