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La police fédérale (PF) a arrêté mardi 16 décembre au matin à Rio de Janeiro le juge Macário Ramos Júdice Neto, rapporteur dans l'affaire de l'ancien député Thiego Raimundo dos Santos (Thiego Raimundo dos Santos Silva (PL, bolsonariste), dit "TH Joias", emprisonné depuis le 3/9/2025 pour ses liens avec la faction criminelle internationale Comando Vermelho. Selon la plainte déposée par le parquet fédéral (MPF) auprès du TRF-2, "TH Joias" faisait partie du noyau politique de la tentaculaire organisation criminelle.
L'arrestation a eu lieu dans le cadre de l'opération judicio-policière "Unha e Carne 2", qui enquête sur la fuite d'informations confidentielles à des membres du Comando Vermelho. Cette même enquête a conduit à l'arrestation de l'ancien président de l'Alerj, Rodrigo Bacellar, le 3 décembre 2025.
La décision d'arrêter le magistrat a été prise par le ministre Alexandre de Moraes, du Tribunal suprême fédéral (STF).
Selon la police fédérale, des messages obtenus sur des appareils saisis indiquent « une relation intime entre Rodrigo Bacellar et le juge Macário Júdice Neto ».
La police fédérale (PF) a indiqué que le juge du TRF-2 (Tribunal régional fédéral de la 2e région) Macário Ramos Júdice Neto était le suspect potentiel à l'origine de la fuite d'informations confidentielles au député régional Rodrigo Bacellar (União Brasil, extrême droite), président suspendu de l'Alerj (Assemblée législative de Rio de Janeiro).
Selon l'enquête en cours, Rodrigo Bacellar aurait transmis des informations sur l'opération policière à Thiego Raimundo dos Santos Silva, dit "TH Joias".
L'épouse du juge Macário Ramos Júdice Neto, Flávia Ferraço Judice travaillait au cabinet de la direction générale de l'Assemblée législative de Rio de Janeiro (Alerj) jusqu'au début du mois de novembre 2025. Elle a été démise de ses fonctions, à sa demande, conformément à un acte du cabinet signé le 6 novembre 2025 et publié au Journal officiel. En octobre 2025, elle a perçu un revenu net de 8.200 R$ (1.500 US$) , selon sa feuille de salaire. L'Alerj indique que sa demande a été faite « spontanément ».
Macário Ramos Júdice Neto a un lourd passé : il a été suspendu de ses fonctions pendant près de 18 ans par décision du tribunal de Rio de Janeiro. En novembre 2005, le Tribunal supérieur de justice (STJ) a ouvert une procédure pénale à son encontre pour déterminer son implication dans une affaire de fraude judiciaire. Il a été alors suspendu de ses fonctions. Un peu plus de 10 ans plus tard, l'assemblée plénière du TRF-2 a décrété la mise à la retraite forcée de Macário, accusé d'implication dans la mafia des machines à sous dans l'Etat de l'Espírito Santo. La décision a toutefois été annulée par le Conseil national de la justice (CNJ). Le juge a été condamné à la retraite obligatoire par l'assemblée plénière du Tribunal régional fédéral de la 2e région en décembre 2015. À cette date, il était déjà suspendu de ses fonctions depuis dix ans. Il exerçait au 3e tribunal fédéral de Vitória. Dans une autre affaire, également jugée hier par le TRF2, mais dans le domaine pénal, il a été acquitté.
Selon le média G1, "les deux affaires concernent les mêmes accusations portées par le ministère public, qui a décrit un système de vente de jugements dans lequel le juge aurait profité du détournement de fonds publics, en plus d'utiliser sa fonction pour accorder des injonctions, autorisant l'importation de machines à sous. Selon les enquêtes, Macário Ramos Júdice Neto était soupçonné d'avoir utilisé sa fonction pour obtenir des faveurs à la Chambre des députés [fédérale], d'avoir accordé des mesures judiciaires permettant la mise en circulation de machines à sous équipées de composants électroniques dont l'importation était interdite, et d'avoir augmenté son patrimoine de manière incompatible avec ses revenus déclarés. Comme le TRF-2 compte 27 juges et que 26 étaient présents à la séance, pour mettre Macário Ramos Júdice Neto à la retraite, il fallait au moins 14 voix. Cependant, seuls 10 ont voté pour la peine maximale et huit contre. Le quorum minimum n'a pas non plus été atteint car neuf juges se sont déclarés suspects et donc incapables de juger l'affaire."
Outre le mandat d'arrêt préventif, la police fédérale (PF) a exécuté le mardi 16 décembre 2025 dix mandats de perquisition et de saisie, délivrés par la Cour suprême fédérale (STF), dans les deux Etats de Rio de Janeiro et d'Espírito Santo.
Cette action s'inscrit dans le cadre de la décision rendue par la Cour suprême fédérale (STF) dans le cadre du jugement de la demande ADPF 635/RJ (ADPF des favelas) qui, entre autres mesures, a ordonné à la police fédérale (PF) de mener des enquêtes sur les activités des principaux groupes criminels violents opérant dans l'État de Rio de Janeiro et leurs liens avec des agents publics.
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Fernando Augusto Fernandes, avocat du juge Macário Judice Neto, a publié un communiqué : « La défense du juge Macario Judice tient à souligner que Son Excellence le ministre Alexandre de Moraes [du Tribunal suprême fédéral, STF] a été induit en erreur en prononçant cette mesure extrême. Elle souligne également qu'aucune copie de la décision ordonnant son arrestation n'a été mise à disposition, ce qui empêche le plein exercice du droit de contradiction et de défense. La défense présentera les éclaircissements nécessaires dans le dossier et demandera sa libération immédiate ».