Le gouvernement Lula da Silva a choisi de fêter en grande pompe l'autorisation de 38 usines de conditionnement de viande pour les importations chinoises. Alors qu'au cours de la dernière décennie, le monopole brésilien de l'industrie de la viande a triplé ses revenus et consolidé sa position de leader sur le marché mondial.
Le 12 avril 2024, en présence du président Lula da Silva, des ministres de l'agriculture, de la planification et du gouverneur du Mato Grosso do Sul, Eduardo Riedel (PSDB, droite), JBS a annoncé ses investissements de 150 millions de R$ (30 millions US$) dans cette unité frigorifique sise dans la grande ville de Campo Grande.
Les fonds permettront l'ouverture d'une nouvelle équipe de travail, qui doublera la capacité d'abattage de l'usine. L'usine de conditionnement de viande de Campo Grande aura désormais la capacité d'abattre 4.400 têtes de bétail par jour, ce qui créera, selon JBS, 4.600 emplois directs au cours des 12 prochains mois.
L'augmentation de la production est axée sur le marché chinois. L'usine de Campo Grande figure sur la liste des 38 abattoirs - 8 abattoirs de volailles, 24 abattoirs de viande bovine, une usine de termo traitement pour la viande bovine, et cinq entrepôts (1 bovin, 3 de volaille, 1 porc) - répartis dans tout le pays, autorisés à exporter vers la Chine, depuis mars 2024. L'usine de Campo Grande produit actuellement la quantité astronomique de 440 tonnes de viande (bovine, volailles et porc) et 136 tonnes de hamburger par jour.
Avec les nouvelles promesses d'achat de la Chine, le Mato Grosso do Sul compte désormais un total de neuf usines autorisées à exporter vers le géant asiatique. Ces neuf usines peuvent abattre 2,3 millions d'animaux par an. Le potentiel d'exportation des usines passe ainsi de 11,4 % à 57,1 % de la production.
La banque publique brésilienne BNDES détient actuellement 20 % des actions de JBS, qui est la plus grande entreprise agroalimentaire du monde en termes de chiffre d'affaires. L'État brésilien est le deuxième actionnaire de JBS. Mais il existe un paradoxe évident entre ce phénomène de la part de la viande brésilienne au niveau mondial et la faim croissante au Brésil. Sans même rappeler que les dirigeants de JBS ont bénéficié d'une augmentation de salaire de ... 2000 % au cours de la dernière décennie. Tandis que 70 % des bénéfices de l'entreprise sont affectés à des réserves en vue d'acquisitions futures et, sur les dividendes distribués, 11 % vont à des actionnaires étrangers.
Les bénéfices de JBS, en 2023, avant impôts, ont été d'environ 17 milliards de réaux soit 3,3 milliards US$.
La célébration des usines de conditionnement de viande exportant vers la Chine vient du président d'un pays pauvre, voire affamé, surtout dans les 16 Etats du Norte (7) et du Nordeste (9). Par ailleurs, comme l'a rappelé récemment une antropologue dans Le Monde diplomatique Brasil, voir le président Lula da Silva vêtu d'un uniforme de JBS dans une ville qui a connu, depuis 2023, une augmentation de 82 % des demandes de l'aide d'Etat "Bolsa Família" - somme d'environ 20 US$ réservée à ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté - est un "spectacle tragique".
Alors, la question du citoyen, conscient, du Brésil est toujours la même : quand va-t-il se clore, votre foutage de gueule, président Lula da Silva ?
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En 2017, 30.000 têtes de bovins achetées par JBS en Amazonie, dans l’État du Pará, provenaient de fermes illégales, placées sous embargo. Tandis qu'en 2022, une enquête de Forbidden Stories rappelait que JBS disait avoir abattu en moyenne 75.000 bovins par jour, pour des clients situés dans plus de 190 pays.