BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■WhatsApp (55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

1546 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 juillet 2024

BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■WhatsApp (55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

BRÉSIL L'impunité, une règle pour les caféiculteurs coupables de travail esclave (1)

En 2024, pour le coordinateur de la justice rurale de l'ONG Oxfam Brasil, «le problème du secteur café est tant systémique que nous ne faisons confiance à aucune marque de café ni à aucune certification». Seuls 4,18 % des caféiculteurs accusés de travail analogue à de l'esclavage sont effectivement condamnés !

BRAISES DU CHAOS (avatar)

BRAISES DU CHAOS

BALIKPAPAN@PROTONMAIL.COM■WhatsApp (55) 71 88826417■Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste: et je tweete, aussi, sur X (ex-Twitter), des faits.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Article 149 du Code Pénal brésilien © DR

Une étude (PDF 266 p. / livre à télécharger) réalisée par la Clinique de l'esclavage et de la traite des êtres humains* de la faculté de droit de l'Université fédérale du Minas Gerais a analysé les affaires pénales liées à l'article 149 du Code pénal déposées entre 2008 et 2019 contre 2.679 accusés. Sur ce total, 1.752 ont été jugés et seulement 112 ont fait l'objet d'un jugement définitif, c'est-à-dire qu'ils ont été effectivement condamnés. Soit ... 4,18 % de ceux qui ont souffert de procès !
 
La chaîne de production du café est, aussi, peu transparente et peu traçable. Les grains récoltés dans une exploitation sont mélangés au café de milliers d'autres producteurs. La plupart du temps, les acheteurs eux-mêmes ne peuvent pas dire avec certitude de quel propriété provient le café qu'ils utilisent. 

« S'ils ne le savent pas, c'est parce qu'ils ont choisi de ne pas le savoir, car le secteur dispose de la technologie et des capacités de gestion nécessaires », explique Gustavo Ferroni, coordinateur de de la justice rurale et du développement chez Oxfam Brasil, qui rajoute que « ces acteurs économiques n'ont jamais essayé, en fait, de garantir la traçabilité de l'origine du café.
  
Pour Ferroni, les entreprises sont capables d'atteindre la traçabilité si elles choisissent de réduire le nombre d'intermédiaires entre les exploitations de café et leurs opérations industrielles. Dans d'autres secteurs, c'est déjà une réalité. Un exemple est la production et le commerce de soja non transgénique, qui doit montrer la garantie de la traçabilité et sa séparation du soja conventionnel.
Pourtant, pour les caféiculteurs, dès les années 1980, ont été mises en place des certifications socio-environnementales visent à garantir la traçabilité et des normes minimales, tant en termes de conditions de travail que de processus de production. Ces certifications s'attachaient à garantir une production de cafés biologiques, des garanties du commerce équitable et de production durable, sans déforestation.

Illustration 2
© DR


  
Bien que l'adhésion aux programmes de certification soit volontaire, certains marchés, en particulier en Europe, ne sont accessibles qu'aux producteurs de café qui ont obtenu un label de bonnes pratiques. Et Ferroni d'enfoncer le clou : « La certification est un mécanisme de marché qui permet de signaler quelque chose aux clients, aux acheteurs ou au consommateur final. Mais elle n'est pas nécessairement conçue pour bénéficier au travailleur, car elle se concentre sur le processus de gestion de l'exploitation. Ces mesures sont censées contribuer à réduire les risques, mais il n'y a aucune garantie que la propriété soit exempte de travail analogue à l'esclavage ». 

Pour Ferroni, les audits réalisés pour évaluer le respect des critères de certification se heurtent à des limites, telles que l'absence de dialogue avec les organisations locales, comme les syndicats de travailleurs ruraux, et d'entretiens avec les travailleurs dans l'environnement de l'exploitation, ce qui finit par inhiber les plaintes.  « Le problème du secteur café est tellement systémique que je ne fais confiance à aucune marque de café ni à aucune certification (...) Sans un changement majeur dans l'attitude du secteur dans son ensemble, on ne peut pas faire confiance au café.
 

Et Ferroni est pessimiste pour l'avenir, car « l'informalité, l'absence de négociations collectives et l'isolement des travailleurs sur l'exploitation sont des facteurs qui facilitent le travail analogue à l'esclavage. « Je le dis souvent aux entreprises : il ne suffit pas d'avoir une tolérance zéro pour le travail forcé, il faut aussi avoir une tolérance zéro pour l'informalité, pour l'isolement des travailleurs sur l'exploitation."

Marcelo Campos, auditeur fiscal du travail depuis trente ans et coordinateur des équipes d'inspection du travail au ministère du travail et de l'emploi (MTE) entrevoit tout de même une porte de sortie, en estimant qu'une mesure simple consisterait à ce que les acheteurs régionaux, tels que les coopératives de producteurs, demandent les contrats de travail officiels des travailleurs qui récoltent les céréales qu'ils vendent : " c'est déjà un moyen de garantir les droits. Et c'est une chose simple que la  coopérative pourrait faire." 
 
L'on pourrait ajouter que les contrôles seraient bien plus efficaces si les inspections du travail avaient lieu pendant la récolte, si les audits étaient réellement surprises, car la plupart du temps, les visites sont annoncées ... à l'avance.
 


Entre 2010 et septembre 2021, les inspecteurs fédéraux du travail ont sauvé 1.674 travailleurs dans une situation analogue à l'esclavage dans les plantations de café.
En 2023, la culture du café était l'activité économique qui comptait le plus grand nombre de travailleurs sauvés de conditions analogues à l'esclavage. 316 victimes ont été enregistrées, selon les données du MTE. 
 

RB Investiga #5: tem trabalho escravo no seu cafezinho? © Reporter Brasil

(*) Clínica de Trabalho Escravo e Tráfico de Pessoas

----------------------------
Sources : Repórter Brasil et divers.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.